En 1982 je faisais partie de l’équipe Télétel (projet qui allait être connu du grand public sous le nom de son petit terminal le Minitel) chez Didot-Bottin (il avait été décidé de leur vendre d’abord l’Annuaire Électronique pour introduire un terminal informatique chez tout-le-monde). On avait dû se farcir le rapport Nora/Minc sur l’informatisation de la société. C’était tout plein de bon sentiments nous mettant bien en garde contre le recoupement des données. En 1982 tout français de quinze ans figurait déjà dans 500 fichiers. Avec Télétel (Expérience des 3V) l’équivalent de l’adresse IP s’appelait alors le numéro banalisé d’abonné (NBA) et en aucun cas il ne devait être rattaché à une vraie personne. C’était juste pour faire des stats et optimiser la navigation entre les écrans (on dirait pages aujourd’hui).
Aujourd’hui, en 2017, on connaît le rapport de force entre les GAFA (1) et les trois pelés, deux tondus de la CNIL.
Bientôt, un cabinet d’avocats vous appellera pour dire "D’après les informations en notre possession il y a 87% de chances pour que votre épouse demande le divorce d’ici la fin de l’année et obtienne une très grosse pension alimentaire. Voulez-vous passer chez nous qu’on en discute ?"
La seule parade est, en dehors de votre tout petit cercle perso tout riquiqui de personnes de confiance, de mentir, de s’inventer des légendes pour les perdre dans le petit bois.
Au niveau individuel, pour le moment, Big Data se moque de vous. Les gens qui ont les outils ainsi que les prérogatives d’accès à Big Data barbotent encore en pleine serendipity dans le Zeitgeist.
Nous attendons donc, avec Francis Cousin, l’immanence de la radicalité barricadière en mouvement qui mettra fin à la recherche du taux de profit inhérent au fétichisme de la marchandise.
Ou alors Jésus qui revient.
(1) Google, Apple, Facebook et Amazon.
Répondre à ce message