C’est devenu une tradition dans le petit monde du culturel : chaque année, les compagnons du Théâtre, comme ceux du Cinéma, se distribuent récompenses et tralalas devant quelques téléspectateurs hébétés. Ce n’est pas très grave, ça ne mange pas de pain et n’empêche pas les Français de dormir. Et puis ça resserre les liens de milieux assez consanguins mais à haut degré de détestation et de jalousie, concurrence oblige. Mais bon, on trouve ça dans tous les milieux, regardez la réinfosphère...
On a donc regardé la 31e Nuit des Molières retransmise le 13 mai 2019 par France 2, la chaîne antiblancs et antimâles de Delphine Ernotte, qui devrait logiquement ne plus contenir que des femmes et des homos dans 10 ans.
On va être sincères, on s’attendait à un torrent de bien-pensance – histoire de se venger sur la dominance culturelle – eh bien on n’a pas été déçus. Chaque Nuit enterre la précédente dans la surenchère progressiste. On imagine déjà la 62e Nuit en 2050 avec que des trans qui s’enfilent sur scène pendant que le fils de Gad Elmaleh raconte des blagues piquées au fils de Pierre-Emmanuel Barré pour ambiancer la pénible cérémonie... En passant, Cyril Hanouna vient de décréter (le décret officiel va bientôt tomber) que Barré était persona non grata dans Touche pas à mon poste. La chance ! On vous refait le match : en décembre 2015, le FN arrive en tête des régionales. Réaction d’Hanouna sur twitter :
« Les journalistes, continuez à en faire des tartines, continuez à instaurer un climat anxiogène ! Vous avez gagné les gars ! Les politiques, arrêtez de penser à votre gueule, bougez vous le cul ! Les Français en ont marre ! Les jeunes sont au chômage ! »
Réaction de Barré sur Twitter :
« C’est quand Hanouna commence à donner des leçons de journalisme que tu sens que la fin du monde est proche. Hanouna, ça fait 5 ans qu’il fait une émission où il se met un doigt dans le cul en cassant un œuf et il se plaint que les gens soient cons. »
Réaction de l’animateur culturel dans son émission :
« Insulter les téléspectateurs et les gens qui votent, je ne l’accepte pas. Il n’y a pas de fautes d’orthographe [dans ses tweets], mais si je le croise un jour, il y en aura dans sa gueule. Faut pas me faire chier. »
Maintenant que c’est fait, revenons à la Nuit des Meulières.
Molière du déshonneur à Emmanuel Macron
On se projetait en 2050, mais n’anticipons pas et restons dans le présent, avec un léger différé, celui que France 2 avait prévu pour éviter tout désagrément social, qui est quand même survenu avec cette intrusion de Gilets jaunes. Mais de Gilets jaunes très socialo-compatibles, puisque leur banderole était en écriture inclusive : « droits au chômage pour tout.es ».
À ce propos, les organisateurs de France 2 se sont insurgés d’avoir « été pris en otages », alors que ces voleurs ont détourné la télé pour en faire un instrument de dominance du pouvoir profond ! Elle est là la vraie prise d’otages, pas dans les rares et stériles intrusions d’intermittents ou de Gilets sur les plateaux captés par les bourgeois du métier ! Mais on s’énerve déjà, c’est mauvais pour notre cœur.
L’ambiance de la soirée avait été confiée au propagandiste le plus soumis au diktat socialo-sioniste de France Inter, Alex Vizorek. Traduction : pas la peine d’attendre des vannes sur Auschwitz et compagnie, plutôt contre la droite, l’Église et la bourgeoisie localisée dans les gradins. L’insignifiant ministre de la Culture, Franck Riester, en prendra pour son grade, mais c’est la norme de faire de l’humour contre le pouvoir visible et d’éviter soigneusement le pouvoir profond. La preuve, Benjamin Lavernhe et François de Breuer, déguisés en curés, feront la sempiternelle blague christianophobe. Le courage des fiottes !
On ne sait pas par quel bout attaquer cette cérémonie tant il y a de prises faciles, énormes, qui feraient rire un Alex Honnold. Tenez, Fary, l’humoriste découvert par le multimillionnaire du service public Laurent Ruquier, qui entre en scène avec un « salut les Blancs ! » et qui déroule son sketch antiraciste sur la culpabilité blanche. Fary est effectivement le seul Noir dans la salle et, et, et rien, ça ne veut rien dire, sauf que la bourgeoisie blanche antiraciste se garde le gâteau culturel pour elle toute seule, pas question de partager, sauf avec un Jamel de temps en temps (il était nommé dans la catégorie de l’Humour dans les Molières 2018, gagnés par la femme blanche Blanche Gardin), histoire de lâcher du lest. Il y a les mots, n’est-ce pas, les grands principes, et la réalité.
Au-delà de l’antiracisme de pacotille qui sied à chaque raout d’enfiffrés mondains, c’est la souffrance LGBT qui a été à l’honneur cette année, comme en 2018 à Cannes, quand les réalisateurs et les thèmes homosexualistes ont raflé les palmes, les oreilles et la queue du canard cannois. L’actrice de confession, enfin d’origine, disons de, bref Marina Foïs a soutenu à sa façon la communauté homosexuelle souffrante à travers son rôle d’Hervé Guibert dans Les Idoles, une pièce du dramaturge homosexuel Christophe Honoré. Oui, Marina joue un mec :
La paresse nous gagnant, voici un bon résumé de – on allait dire de la pièce – de la soirée par Le Figaro :
« Malgré une jolie reprise du maître de cérémonie, la présidente Emmanuelle Devos a beaucoup de mal à redonner sa légèreté à l’ambiance. D’autant plus qu’Ariane Mourier, saluée révélation féminine pour son rôle dans Le Banquet, rend hommage aux “révoltés” en regardant Franck Riester dans les yeux. _ Les petites piques en tout genre ne manquent pas. “Salut les blancs !”, salue Fary, venu récompenser La Dégustation du Molière de la meilleure comédie. “Autant en équipe de France de foot, ça va. Mais là...” L’humoriste semble en effet la seule personne noire dans la salle.
Benjamin Lavernhe et François de Breuer, déguisés en séminaristes, profitent du Molière du théâtre jeune public (décerné à M comme Méliès) pour faire des blagues sur les prêtres pédophiles. On les a connus plus inspirés.
Alex Vizorek, lui, menace de passer en boucle des extraits d’une conférence de Francis Huster pour interrompre les discours trop longs. Malheureusement, l’acteur du Dîner de cons fera souvent son apparition.
En plagiant Gad Elmaleh (un comble), le “MC” se charge même de remettre le Molière du spectacle humoristique à Blanche Gardin, qui se l’était remis elle-même l’an passé. “Grâce à mon discours de l’année dernière, j’ai pécho Louis CK !, explique la comédienne. Du coup, je remercie aujourd’hui Bradley Cooper qui est une grande source d’inspiration !” Elle enchaîne, désabusée : “dans cette époque sinistre, notre métier s’apparente plus à de la médecine d’urgence”. »
La mort dans l’âme, on doit reconnaître que l’intro de Vizorek est assez drôle, avec un parallèle osé : « Qu’est-ce que c’est les cours Florent ? Eh bien c’est comme le Pôle emploi, on y entre très facilement mais c’est très rare qu’on ressorte avec un travail »... Et la vanne anbi-Elmaleh ne manque pas de piquant antisémite.
La place venant à manquer, on ne va pas vous donner la liste des gagnants de la soirée, uniquement celle des quatre nominés pour le Molière de l’Humour :
Michèle Bernier, dans Vive demain !, de Marie Pascale Osterrieth et Michèle Bernier, mise en scène Marie Pascale Osterrieth.
Florence Foresti, dans Épilogue, de Florence Foresti, Xavier Maingon et Pascal Series, mise en scène Florence Foresti.
Blanche Gardin, dans Bonne nuit blanche, de Blanche Gardin, mise en scène Maïa Sandoz.
Caroline Vigneaux, dans Caroline Vigneaux croque la pomme, de Caroline Vigneaux, mise en scène Caroline Vigneaux.
Ça alors, que des femmes ! Les hommes n’ont plus d’humour, c’est bien connu, surtout sur France Télévisions.
Souhaitons bonne chance au théâtre français, qui a globalement du mal à s’en sortir, sauf quand il est subventionné. Quoique... même la pièce de BHL s’est gauffrée. On remarquera l’absence du Belge d’origine albanaise Alil Vardar, qui fait salle comble partout, qui joue jusqu’à trois fois par jour son spectacle et qui explose tous les records en matière de théâtre populaire. Mais ça, ça n’intéresse pas les organisateurs des Molières.
Vardar, force de la nature, fête cette année ses 15 ans de scène et de succès, au nez et à la barbe de tout un milieu qui ne lui a pas fait de cadeaux. Aujourd’hui, à la tête de plusieurs théâtres, il revitalise le boulevard et brasse des sommes et des admiratrices indécentes. On rappelle que le théâtre, à l’instar du cinéma, est d’abord un art populaire. Ne l’oublions pas.