Ce matin, Nicolas Sarkozy a rendez-vous avec plus de cent journalistes pour une conférence de presse sur le grand emprunt, la deuxième seulement depuis son élection. L’exercice rappelle les entretiens du général de Gaulle avec les médias dans la salle des fêtes de l’Elysée. Pourtant, loin d’imiter ses prédécesseurs, Sarkozy a révolutionné la communication présidentielle en en faisant « le » pilier de son action politique.
L’époque n’est plus aux « gourous » et « sorciers » venant conseiller les princes, comme le fit Jacques Pilhan avec François Mitterrand puis Jacques Chirac. L’heure est encore moins à la rareté de la parole présidentielle, théorisée par le même Pilhan. Aujourd’hui, le président de la République investit massivement sur la télévision, les sondages et Internet, saturant l’espace médiatique de ses interventions.
Pour quel résultat ?
« Le Parisien » - « Aujourd’hui en France » a enquêté sur la communication politique du chef de l’Etat, recensant le nombre de personnes qui se consacrent à cette tâche et le coût que cela représente. Selon nos calculs, confirmés par l’Elysée, en 2009, plus de 7,5 millions d’euros d’argent public ont été déboursés pour valoriser la seule image de Sarkozy. Des chiffres que la Cour des comptes épluchera début 2010, après avoir épinglé les largesses de l’Elysée sur les sondages dans son rapport 2008. A cela il convient d’ajouter la facture dédiée au SIG (service d’information du gouvernement), rattaché à Matignon, qui assure le service après-vente des réformes. Son patron, Thierry Saussez, a demandé 21,9 millions d’euros pour 2010.
Sept millions et demi d’euros, donc, pour la seule image de Sarkozy. Mais pour quel résultat ? Depuis la rentrée, sa communication semble grippée, débordée par des polémiques à répétition, démunie face à sa chute dans les sondages. Mezzo vocce, certains se demandent même à l’Elysée si, à trop parler, le président n’a pas totalement brouillé son message…