Pour éliminer les tags néonazis en pleine expansion à Berlin, un groupe de graffeurs a décidé de recouvrir les nombreuses croix-gammées qui jalonnent les murs de la capitale allemande, qui sont en pleine expansion depuis l’arrivée des migrants, suite à l’appel à leur accueil par la chancelière Angela Merkel.
Urgence
Après l’intrusion d’un habitant de Berlin dans son magasin, en quête d’une bombe de peinture, lui lançant que « c’est pour une urgence », suite à sa découverte d’une croix-gammée sur le mur d’une aire de jeux, le propriétaire de la boutique a eu le déclic de convoquer des amis et des jeunes de son quartier pour lancer une contre-offensive anti-néonazie, en créant le mouvement #Paintback.
« On était vraiment choqués que quelqu’un ait pu faire ça (peindre une croix gammée, ndlr), surtout ici à Schöneberg », quartier bourgeois, familial et mixte de l’ouest de Berlin, se souvient-il. « On a pas mal réfléchi à ce qu’on pouvait faire face à ce genre d’acte haineux et puis on s’est dit : on va répondre avec humour et amour. »
La campagne pour détourner avec malice ces graffitis néo-nazis, dont la présence est d’autant plus choquante dans l’ancien centre du pouvoir hitlérien, était née. C’était en 2016.
« On a choisi des dessins mignons et un peu provoc’, la plupart réalisés par des ados, comme ça n’importe qui, même s’il n’est pas un professionnel, peut le reproduire », raconte Ibo Omari, 37 ans.
+7% de swastikas en 2016
Et il y a de quoi faire. Les tags de croix-gammées, pourtant interdits, sont en recrudescence sur les façades des immeubles berlinois. La haine envers les migrants monte dans la ville et dans tout le pays depuis 2015, après l’arrivée en Allemagne de plus d’un million de demandeurs d’asile.
Selon les services de renseignement allemands, les agressions répondant à des motivations politiques – dont un tiers relevant de la « haine raciale » – ont augmenté de 7% l’an dernier. « En tant que street-artistes nous voulions envoyer un message : vous usurpez le tag ». « Le graffiti n’a rien à voir avec le racisme, c’est une histoire de diversité, multicolore, c’est une formation morale qui permet aux jeunes de s’exprimer, d’être créatifs et de sortir de la rue ».
Dans le QG de #Paintback, une pièce tapissée de couvertures d’albums de rap, les adolescents peaufinent leurs dessins, cherchent quels détournements ils vont bien pouvoir utiliser, ce servant de la croix gammée comme trame de départ. Une chouette, un moustique, un lapin qui tire la langue, un Rubik’s cube, un chat au bord d’une fenêtre... leur inspiration est sans limite.
« C’est pas dur de trouver des idées », confirme Klemens Reichelt, 17 ans, qui participe à l’atelier. « Ça me plaît bien car je pense que ces swastikas n’ont rien à faire à Berlin, c’est une ville ouverte sur le monde et c’est ça que je veux défendre », ajoute l’adolescent.
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C’est Irmela Mensah-Schramm, 71 ans, qui est à l’originie de cette résistance à coups de bombes de peinture.