Il y avait longtemps qu’on n’avait plus de nouvelles de lui et en général, quand on n’entend plus parler d’une personnalité, ça ne sent pas très bon. Hugh était devenu célèbre en créant le magazine pour hommes Playboy, qui fit un carton phénoménal dans les pays occidentaux dans les années 50, 60 et 70. Précurseur, il avait senti la révolution des mœurs, ou leur destruction, selon qu’on soit progressiste ou conservateur. 60 ans plus tard, le cul sur papier glacé est mort, plus personne n’achetant de magazine avec des femmes nues. L’Internet a buté Hugh.
- À gauche on dirait Loana
Mais Hugh a bien vécu : il a gagné beaucoup d’argent en masturbant l’Amérique puis le monde (pour leur faire les poches), il s’est construit un palais, avec ce bon vieux goût de chiottes US – quelque chose qui rappelle les châteaux rose bonbon des rois roms enrichis dans la chourave de métaux en France –, un palais rempli de créatures de rêve, plus exactement de pauvrettes du Middle-west venues tenter leur chance en Californication.
Le fils de Hugh a repris le business à papa et nous présente le manoir familial (c’est en américain mais on s’en branle) :
Une version française, plus courte, et plus immobilière que sexuelle, dans laquelle on peut apercevoir le violeur en série Bill Cosby :
Le plus beau job du monde, pensaient les jeunes Américains, foudroyés dans leur paddock par les formes de la salope pardon, de la pin-up du mois. La playmate c’est la reine d’un jour (ou plutôt d’un soir), celle qui fait pleurer les étudiants puceaux et les gros camionneurs de la route 66. Dur pour les épouses et les jeunes Américaines, qui devront se mettre à la page, raccourcir les robes, aller plus loin que le « petting ». La compétition sexuelle était née, elle ne s’arrêtera plus. Plus nue, plus loin, plus hard.
- La playmate se la pète avec son faux air de Marlène Schiappa
Depuis, Hugh en a fabriqué, célébré, usé et jeté des milliers, mais les candidates à la poufferie du pays profond continuent à affluer à Los Angeles, la cité du Sexe et du Cinéma, car ces deux vices sont inextricablement mêlés. Un film raconte l’envers de ce décor, Star 80, dans lequel la petite-fille d’Hemingway incarne Dorothy Stratten, mannequin qui finira assassinée par son propre époux et manager, jaloux du succès de sa pouliche. Le pire, c’est que c’est ce crétin qui aura envoyé les photos de Dorothy au magazine Playboy… Il lancera la carrière de sa femme, et l’achèvera lui-même. Avant de se suicider. Comme quoi le sexe ça cimente un couple, même dans la mort.
Une espèce de Soros du fion
Le succès planétaire de Hugh Hefner lui permettra de louer ou de vendre la licence « Playboy » à tous les pays intéressés, dont la France. Le mensuel hexagonal fera dans le coquin, dans l’érotique, puis rapidement dans le à-poil, parce que les mœurs galopaient très vite après 1968. Et comme tous les titres de cul, il finira dans la déchéance aux mains d’éditeurs foireux. Certains essayeront de relever le niveau du créneau en faisant du popo chic, en injectant de l’interview politique et du CSP+, on pense à Beigbeder ou Taddeï avec le magazine Lui, mais on peut tortiller dans tous les sens, le cul ça reste du cul.
- La bunny est là pour faire gicler les biffetons
D’Hefner il restera les bunnies, ces femmes transformées en gentils petits lapins sauteurs mais pas touche, elles sont là pour faire consommer. Ou comment susciter le désir et le guider vers l’enclos du commerce (humain). Une manipulation grossière mais efficace, qui se poursuit aujourd’hui, et dans laquelle se dessine un objectif politique assez anticivilisationnel. Hefner en avait-il conscience ? Pas sûr. Pourtant, à l’instar d’un George Soros, il prône la tolérance tous azimuts, l’abolition des frontières morales ou physiques, pour que la pulsion sexuelle devienne reine. Bienvenue dans la tyrannie du sexe et du profit, dont le prix est la mise à terre des valeurs chrétiennes : fidélité, amour (à ne pas confondre avec la pénétration), douceur, entraide, respect de la femme...
Dans ce sujet, une sexologue (qui ressemble étrangement à une Évelyne Thomas prisonnière de chirurgiens esthétiques) montre la destruction de l’intimité d’un couple – consentant – selon les « valeurs » de Hugh :
On voit le résultat : une pornographisation de la société, des enfants de plus en plus confrontés au sexe, au viol, au crime. Parce que là, pour le coup, ce ne sont pas des amalgames hasardeux à la Kepel. Hefner voulait que ses employés baisent comme ils voulaient, où ils voulaient, quand il voulaient, à combien ils voulaient. Et s’ils n’y arrivaient pas – ces salopes de femmes naissent coincées – il leur refourguait de la came sous forme d’amphète. Un neurostimulant qui pulvérise la timidité et qui permet la partouze généralisée. Le bonheur, quoi.
Finalement, ne sommes-nous pas devenus à la fois les enfants et les employés de Hugh Hefner ?