Dans cette époque de cagnottes pour un oui ou pour un non – où d’ailleurs des petits malins start-upers parasites on trouvé la combine pour gagner de l’argent sur la générosité des autres – il n’allait pas manquer quelques initiatives pour aider soit la famille de Nahel, soit le policier mis en cause. Cela rappellera furieusement celle destinée au Gilet jaune Christophe Dettinger dont l’histoire se termina évidemment mal.
Ainsi donc deux cagnottes s’affrontent, comme une espèce de match retour.
L’une, pour la famille de Nahel créée par Maud Genault au profit de Mounia MERZOUK, a collecté ce dimanche 2 juillet à 06h la somme de 75 000 € avec 4 842 participants, soit environ 15 € par donateur.
L’autre, créée par Jean Messiha (qu’on ne présente plus) au profit de Jennifer Marques, a collecté à cette même heure la somme de 460 000 € avec 23 000 donateurs, soit environ 20 € par donateur.
On s’étonnera tout de même du manque de générosité des manifestants réclamant justice pour Nahel, démontrant une faible solidarité communautaire – alors même que les noms des donateurs sont affichés.
On s’étonnera moins de l’élan pour le policier et du montant obtenu eu égard à la sociologie des donateurs – ici aussi les noms nous éclairent sur leurs origines.
Ce qui étonne encore davantage c’est que la cagnotte pour le policier soit encore en ligne. Les réseaux sociaux regorgent d’appels à la faire fermer et GoFundMe est saturé de messages l’y incitant. D’ailleurs la première cagnotte, créée sur Leetchi, n’a tenu que quelques heures !
Il est fort probable que le gouvernement s’en mêle, si ce ne sont les médias. L’effet Streisand marchera à plein jusqu’à la fermeture de la cagnotte.
C’est ce qu’il se passa en 2019 avec le Gilet jaune Christophe Dettinger rendu célèbre lors de l’Acte 8. Les 145 0000 euros de la cagnotte Leetchi atteint en 48 heures avaient été bloqués par la société Leetchi sous la pression de syndicats de policiers et de responsables politiques.
Soutenu par l’avocat Juan Branco, le boxeur avait demandé la restitution de la somme ainsi que deux millions d’euros de dommages et intérêts. Le tribunal s’était exprimé : l’argent ne sera pas versé à Christophe Dettinger.
La justice a ordonné la restitution des fonds à ses contributeurs, jugeant l’objet de cette collecte contraire à l’ordre public. Les deux millions de dommages et intérêts pour compenser la suspension de la cagnotte qui aurait dû restée ouverte 45 jours a également été retoquée.
Le tribunal a donc prononcé la nullité du contrat conclu entre la société Leetchi et le créateur de la cagnotte en vertu de l’article 1162 du Code civil sur la nullité des contrats pour violation à l’ordre public :
« Au moment de l’ouverture de la cagnotte, la seule notoriété du « boxeur gilet jaune » reposait sur le fait d’avoir commis des violences sur les forces de l’ordre et, plus précisément d’avoir assené des coups de poing à un gendarme mobile et des coups de pied à un autre gendarme à terre. Ainsi, la cagnotte a eu, initialement, pour but de soutenir un combat consistant en l’usage de la violence physique contre les forces de l’ordre » et, « par son large objet, comprenait également un appel à compenser les condamnations susceptibles d’intervenir à l’avenir, ce qui est contraire à l’ordre public ».
Dès lors, puisque Christophe Dettinger a purgé sa peine, n’est-il pas pensable de créer désormais une cagnotte pour l’aider financièrement dans sa réinsertion sociale et professionnelle, et ce sans contrevenir à la loi ? La question mérite d’être posée.