Prix Nobel de la Paix en 2007, pour son film catastrophiste « Une vérité qui dérange », Al Gore s’est rapidement imposé comme un pionnier du green-business. Des fonds d’investissements dans le monde entier, 150.000 dollars la conférence, une véritable course à l’or vert que dénoncent ses détracteurs qui l’accusent de spéculer sur le CO2.
D’aucuns se demandent encore ce que serait devenu le monde si Al Gore avait obtenu 538 voix de plus en Floride que son opposant George W. Bush, le 7 novembre 2000. Un havre de paix ? Une terre toute verte ? Copenhague ? Comme une lettre à la poste. Le réchauffement climatique ? Ni vu, ni connu. Et bien plus encore.
Pourtant à ses débuts, Al Gore ne s’est pas toujours présenté comme le messie écolo que la terre attendait. A son poste de sénateur, il se fait surtout remarquer par sa connaissance des dossiers militaires. C’est sur le tard, après sa défaite aux présidentielles qu’il se découvre une passion pour l’environnement.
Passion désintéressée ? Pas sûr. Al Gore a le sens des affaires. L’environnement fera sa fortune au point que ses détracteurs le surnomment aujourd’hui « le milliardaire du carbone ».
Dans un article récent, intitulé « le business des ex », le magazine Challenges rapporte que « pour 150 000 dollars, Al Gore ne parle que d’écologie. Lorsque Fabien Baussart, fondateur du think tank Centre of Political and Foreign Affairs (CPFA), l’a fait venir à Paris, il espérait élargir à la géopolitique. Gore a rechigné, répondant aux questions de mauvaise grâce. Il a insisté pour servir sa sempiternelle série de diapositives et ses habituelles blagues préenregistrées ». Un show millimétré resservi à l’envie, avec projection de docus ou ventes de livres en prime.
Claude Allègre, qui fait, de son côté, lui aussi, la promo de son livre, a choisi son adversaire et taille également un costard au prix Nobel de la Paix qu’il qualifie d’affairiste : « Monsieur Al Gore a gagné plus de 600 millions de dollars en spéculant sur les droits à polluer, la taxe carbone. Il était conseiller de Lehman Brothers pour une affaire qui s’appelait « Business of climate change ».
Aux Etats-Unis, le sens du business de l’ancien vice-président est connu. Après avoir quitté la Maison Blanche, Al Gore affichait 2 millions de dollars de fortune personnelle.
De la spéculation sur le CO2 Il a depuis amassé 35 millions de dollars à investir à travers le fonds Capricorne Investment Group, dont le fondateur Jeffrey Skoll, ancien président d’eBay, est également producteur exécutif du documentaire « Une vérité qui dérange ». Un fonds qui investit bien sûr dans des fabricants de produits étiquetés « respectueux de l’environnement ».
Difficile de savoir comment Allègre peut évaluer la fortune d’Al Gore à 600 millions d’euros, d’autant que ce dernier investit partout, et sur le long terme. Il est ainsi le cofondateur du fonds d’investissement londonien « Generation Investment Management ». Son rôle officiel : « acheter des sociétés de grande qualité à un prix attrayant permettant d’obtenir un retour sur investissement à long terme supérieur à la moyenne. La recherche en durabilité menée par ses équipes joue un rôle important dans l’évaluation d’une entreprise et de son équipe dirigeante ainsi que de ses niveaux de valorisation ». Derrière ce verbiage financier, se cacherait une pure officine de spéculation sur le business CO2. On parle d’investissements de 5 milliards de dollars.
Dans un article récent plutôt bienveillant, le New-York Times détaillait la double casquette de l’ancien vice président « avocat de la cause écolo et investisseur ». L’article explique comment la Silver Spring Networks, une société détenue par un fonds d’investissements d’Al Gore a décroché un contrat de près de 600 millions d’euros auprès du ministère de l’Energie afin d’équiper les foyers américains en « compteurs énergétiques intelligents ». Si la mesure venait à être généralisée, Al Gore pourrait faire plusieurs fois la culbute.
Lobbyiste patenté, Gore milite pour une législation qui limiterait les émissions de CO2. Dans le camp conservateur, les critiques se font d’ailleurs de plus en plus pressantes sur le double jeu d’Al Gore, qui compte également des millions de dollars investis dans des entreprises qui pourraient bénéficier de mesures de ce type.
« Je crois que la transition vers une économie verte est bonne pour notre économie et est bonne pour nous tous, et j’ai investi dedans ». Tout est dit.