Les frères Navalny ont été condamnés par la justice russe aujourd’hui dans « l’affaire Yves Rocher ».
L’agitateur Alexeï Navalny (photo ci-contre) et son frère Oleg, reconnus coupables d’escroquerie aux dépens de la société française de cosmétiques Yves Rocher en gonflant les factures de leur société de livraison, ont été condamnés à 3 ans et demi de prison avec sursis pour le premier et 3 ans et demi de prison ferme pour le second. Le parquet a fait preuve de clémence car il avait requis au départ 10 ans de prison ferme pour Alexeï et 8 ans ferme pour Oleg.
Alexeï Navalny, également avocat, s’était rendu populaire en tenant le rôle d’homme intègre, dénonçant la corruption des élites russes sur son blog. En 2013, il avait déjà été condamné à 5 années de prison avec sursis dans « l’affaire Kirovles » (un détournement de 16 millions de roubles , soit 400 000 euros, au détriment d’une entreprise de production de bois située à Kirov, à 900 km à l’est de Moscou, à l’époque où il était conseiller du gouverneur de cette province).
Candidat à la mairie de Moscou en 2013, il a recueilli 27 % des voix, battu par le candidat de Russie unie, le parti au pouvoir, avec plus de 51 % des votes. M. Navalny crie au trucage des élections, soutenus par des ONG occidentales, et prétend avoir attiré plus de 36 % des voix.
L’agitateur, financé par des dons anonymes venus de l’étranger, qualifié d’« opposant » par les médias occidentaux, a appelé ses partisans à manifester devant le Kremlin et à s’en prendre aux institutions en lançant : « Ce régime ne mérite pas d’exister, il doit être détruit. »
Bien qu’assigné à résidence depuis février, il a souhaité prendre part au rassemblement qu’il a initié, se targuant du soutien de 18 000 personnes désirant le rejoindre devant le Kremlin. Une masse réduite à une poignée de trublions, qui n’auront pas pu empêcher les force de l’ordre d’embarquer le provocateur. Celui-ci a pu quand même tweeter du fourgon :
« Je n’ai pas pu arriver à la place du Manège. Mais cela ne veut pas dire que vous ne pourrez pas le faire. Je vous appelle tous à ne pas partir. Ils ne pourront pas arrêter tout le monde. »
Les médias français, qui qualifient ce personnage de « charismatique blogueur au verbe nationaliste et pourfendeur de la corruption », habitués à vouer aux gémonies les adversaires de l’immigration, préfèrent passer sous silence le programme politique de M. Navalny, qui a plusieurs fois défilé avec des ultra-nationalistes russes et qui est un partisan d’un contrôle strict de l’immigration. Certains de ses propos tomberaient en France sous le coup de la loi, comme cette déclaration de 2013 :
« Il existe un problème avec le Caucase, avec l’immigration, avec la criminalité ethnique. »
Habitués à s’ingérer dans les affaires de la Russie, les chancelleries occidentales ont exprimé leur inquiétude sur le sort de Navalny, comme l’a déclaré Jeffrey Rathke, porte-parole du département d’État :
« La condamnation mardi de l’opposant numéro un au Kremlin Alexeï Navalny par la justice russe est un développement inquiétant. Les États-Unis sont troublés par le verdict de culpabilité contre M. Navalny et son frère Oleg. L’objectif semble être de punir davantage et de dissuader tout activisme politique en Russie. Cela semble être un nouvel exemple de la répression croissante menée par le gouvernement russe à l’encontre de voix indépendantes. »
Même son de cloche en provenance du protectorat étasunien sur le Vieux Continent, via un communiqué de Federica Mogherini, un des porte-parole de la diplomatie de l’Union européenne, qui, ignorant tout de l’affaire, semble également ne pas connaître le principe du huis-clos :
« La condamnation d’Alexeï Navalny et de son frère semble avoir une motivation politique. Les accusations portées à leur encontre n’ont pas été étayées pendant le procès. À l’exception de quelques représentants des médias qui avaient été sélectionnés, ni le public ni les observateurs internationaux n’ont été autorisés à entrer dans le tribunal pour la lecture du jugement. »