Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a annoncé vendredi 29 juillet avoir eu une discussion « franche » avec son homologue russe Sergueï Lavrov, lors de laquelle l’Américain a prévenu que le monde ne reconnaîtrait « jamais » l’annexion de territoires ukrainiens par la Russie. (Le Figaro)
Pour Blinken, on est encore en 1991, lorsque l’URSS s’est effondrée, que la Russie ne s’est pas encore relevée sous l’effet Poutine, que la fin de l’Histoire à la Fukuyama a été atteinte, et que les néoconservateurs ont jugé qu’ils avaient 15 ans pour remodeler le monde à leur image, en écrasant l’axe du mal. Pour le fils Bush, cette marionnette du pouvoir profond, ça représentait ces pays qui étaient à la fois porteurs d’ADM (armes de destruction massive) et soutiens du terrorisme. Tout étant évidemment question de définition, la grande Amérique s’excluant de fait de tout acte de terrorisme (voir le CV de la CIA) ou de ses 100 et quelques guerres d’invasion ou de destruction depuis le XIXe.
Malheureusement, en 2022, les choses ont bien changé, et ce sont les Russes, avec l’assentiment ou la neutralité des Chinois, qui réagissent au dangereux encerclement de leur pays par l’OTAN, c’est-à-dire le Pentagone. Poutine redessine les frontières, à son profit, ce que les Américains font depuis longtemps, depuis même leur création, en se torchant avec les cris d’indignation de l’ONU. Indiens, Mexicains, Sud-Américains, Latino-Américains, Asiatiques, tout y passe.
Aujourd’hui, l’Histoire renaît, le front anti-américain devient presque dominant, et les vassaux de l’Empire souffrent de plus en plus, ce qui est très mauvais signe pour l’oncle Sam. L’Europe, pilotée par des dirigeants corrompus acquis à la cause américaine, entre dans un cycle infernal d’autodestruction entre immigration massive, paupérisation, inflation et sous-production. Le Vieux Monde perd ses alliés dans le Nouveau Monde, qui n’est plus l’Amérique. L’exemple de la France est le plus frappant, et le plus tragique.
Blinken, fin 2021, avait déjà prévenu, ou menacé, les Russes. Mais le travail du renseignement extérieur avait tout fait pour provoquer la réaction russe, comme le font les Israéliens avec leur concept de représailles préventives, l’euphémisme pour agression directe à partir d’un prétexte minimal, soit une invasion blindée et un bombardement aérien massifs pour des jets de cailloux sur des tanks.
Aujourd’hui, une Amérique à la peine, magnifiquement incarnée par un pédophile gâteux, une sorte de Lady Gaga qui aurait raté les bonnes années de l’île aux enfants d’Epstein, tente de faire croire au monde entier qu’elle représente le monde entier. Las, les BRICS sont passés par là, la domination du dollar s’effiloche, les échanges et alliances multilatéraux augmentent dans le dos du gendarme du monde, qui n’a plus que ses armes et menaces pour se faire respecter. Autrement dit, moralement, l’Amérique, qui avait sauvé le monde libre selon la légende en 1945, est morte.
Les mots de Blinken après sa conversation avec Lavrov sont la représentation de la faiblesse même, car, pour une fois, le fait accompli n’est pas américanophile :
Antony Blinken a précisé avoir prévenu Sergueï Lavrov que le monde ne reconnaîtrait « jamais » l’annexion de territoires ukrainiens par la Russie. « Il était très important que les Russes entendent directement de notre part que cela ne sera pas accepté, et non seulement cela ne sera pas accepté, mais cela entraînera des coûts supplémentaires importants imposés à la Russie », a-t-il déclaré. Le responsable américain a aussi dit que la Russie préparait des « référendums truqués » pour tenter de « démontrer faussement » que les personnes vivant dans ces territoires ukrainiens « cherchent à faire partie de la Russie ».
La réponse de Lavrov est claire : il a dénoncé la poursuite de livraisons « d’armes américaines et par l’OTAN aux forces armées ukrainiennes et aux bataillons nationalistes, qui sont utilisées largement contre la population civile, en prolongeant l’agonie du régime de Kiev, en faisant durer le conflit et en multipliant les victimes », selon Le Figaro.
L’Amérique du combo Blinken-Biden, qui ne tient plus debout, croit encore qu’elle domine le monde, que le monde l’admire, mais l’attitude de l’Arabie saoudite en dit long sur le changement de paradigme en cours. Les Arabes en général ne croient plus au parapluie américain, qui n’est là aussi que racket, et commencent à lorgner du côté des Russes, des Chinois, et aussi des Français. Du côté de l’Inde, ce quatrième grand, on joue un jeu complexe en profitant de la tension entre Chine et Amérique.
On sait tous que les enfants punis jouent entre eux. Mother America a puni tellement d’enfants qu’aujourd’hui, non seulement elle n’en a plus beaucoup, mais la cour des punis est remplie, et ces derniers ne lui obéiront plus. Il reste à espérer que l’effondrement inéluctable de l’Empire se fasse de manière relativement contrôlée, et pas à coups des bombes atomiques. Enfin, on se comprend.
Les rencontres Blinken-Lavrov
Un mois avant l’invasion russe, Blinken exhortait déjà Lavrov à renoncer.
Les optimistes verront dans cette première rencontre depuis février l’ouverture d’une fenêtre diplomatique dans le conflit...