Du fiasco politico-médiatique de janvier dernier, qui a permis à Dieudonné de tripler sa popularité, les journalistes semblent n’avoir retenu aucune leçon. Pour rendre compte de son dernier spectacle, La Bête immonde, dont la première avait lieu hier soir au théâtre de la Main d’Or à Paris, ils ont donc usé des mêmes ficelles, faites de raccourcis, mises hors contexte, déformations, partialité et, au final, de malhonnêteté, afin de faire passer l’humoriste pour l’incarnation de la « haine »...
Lu sur europe1.fr :
Dieudonné : avec « La Bête immonde », rien n’a changé
L’humoriste était au théâtre de la Main d’or jeudi soir pour la première de son nouveau spectacle, toujours aussi provocateur.
C’était un retour sur scène sous haute surveillance. Dieudonné était au théâtre de la Main d’or, dans le 11e arrondissement de Paris, jeudi soir pour la première de son nouveau spectacle : « La Bête immonde ». Six mois après la polémique autour de son dernier spectacle, Le mur, finalement interdit par le Conseil d’État, l’humoriste, condamné à plusieurs reprises, reste dans le viseur. Un journaliste d’Europe 1 était dans la salle pour assister à la représentation.
Un nouveau spectacle, mais Dieudonné continue de provoquer. Juifs, homosexuels, ses thèmes obsessionnels sont toujours là. Et l’humoriste, en combinaison orange, référence aux détenus de Guantanamo, assume : "on va encore me traiter d’antisémite", lance-t-il en riant aux éclats au début du spectacle, "mais je vais vous dire, je commence même à y prendre du plaisir." Sur scène, devant une salle bondée et un public hilare, il établit un parallèle douteux entre le génocide des Juifs et l’esclavage, il imagine aussi l’année 2050, après le mariage gay, alors que les hommes, dit-il, se mettront à coucher avec des animaux.
Lu sur liberation.fr :
Au nouveau spectacle de Dieudonné, « système, juifs et homos »
L’humoriste se produisait à la Main d’or jeudi soir, pour la première représentation de « La Bête immonde ».
« Mesdames et messieurs, la haine ! » Le rideau de la scène du théâtre de la Main d’or s’ouvre. Dieudonné apparaît, hilare. Il porte un pyjama orange de détenu de Guantanamo, traîne des fers aux pieds. Un détail, le mot « quenelle » brodé au niveau de la poitrine. Le décor est minimaliste. Seule la réplique d’un Famas, fusil mitrailleur de l’armée française, attire l’attention sur son pupitre. « L’humoriste » présente ce jeudi soir son nouveau spectacle, « La bête immonde », dans son fief du XIe arrondissement parisien.
Il y a six mois, son précédent show, truffé de saillies antisémites, avait été interdit par le Conseil d’État. Dieudonné s’en souvient bien, et ne se prive pas d’en jouer. Il est « l’antéchrist », « le mal ». Comme à son habitude, il se met rapidement la salle dans la poche. Il y a « eux » – comprendre le « système » –, et il y a « nous ». Les éventuels ennemis, « journalistes et huissiers » qui seraient venus assister à sa première, sont immédiatement raillés. Le public, « venu rigoler avec la bête immonde », est aux anges.
Dieudonné ne traîne pas. D’emblée, il en vient à son fond de commerce, « les juifs ». Le mot est prononcé des dizaines de fois en début de spectacle. Le polémiste flirte avec la ligne jaune, mais il reste sur ses gardes, sûrement échaudé par ses précédents dérapages, notamment contre Patrick Cohen. Le journaliste de France Inter n’aura le droit qu’aux chuintements de la salle quand son nom est prononcé, ainsi que celui de l’acteur Pascal Elbé. Cette mimique imagée, doigt pointé vers le ciel et yeux plissés, en prononçant « Au-dessus, c’est le soleil », est un classique de la galaxie « Dieudonné ». Elle signifie que lorsqu’on parle de certains sujets, la Shoah surtout, on s’attaque à ce qu’il y a de plus sacré.
Mais la palme de la stratégie contre-productive revient – sans surprise, c’est une spécialité maison – à l’Union des étudiants juifs de France qui, par la voix de son président Sacha Reingewirtz et sous prétexte de lutter contre « l’antisémitisme », s’est une fois de plus positionnée comme adversaire de la liberté d’expression en affirmant vouloir envoyer un huissier au spectacle de Dieudonné :