Amira n’est plus étudiante à Sciences-Po. En octobre 2015, cette jeune fille, Koweïtienne de 20 ans, avait été expulsée de l’ambassade de France à New York (services culturels) pour avoir tenu des propos violemment antisémites sur une page Facebook. Elle avait fait l’objet d’une attention médiatique très forte .
Mercredi 16 décembre, la section disciplinaire de Sciences-Po a prononcé la sanction d’exclusion définitive à son encontre.
« Vous, les rats dispersés »
Pour rappel, c’est le vendredi 23 octobre que tout a basculé pour Amira : le site TheInglouriousBasterds.com [1], dont la mission (soutenue par la Ligue de Défense juive) est de repérer « les nazis d’aujourd’hui », l’avait épinglée sur son mur .
Le site, hébergé aux États-Unis, avait publié des captures d’écran issues de Facebook. Amira y tenait des propos antisémites extrêmement violents (qui dataient de quelques jours plus tôt).
Sur la page du groupe All With Us (organisation pro-israélienne), elle parlait ainsi à un jeune étudiant israélien :
« Vous n’êtes de nulle part dans ce monde. C’est la raison pour laquelle vous êtes des déchets et des rats et mal traités partout dans le monde. Ne remettez pas ça sur le dos des pauvres Palestiniens [...]. D’abord, vous, les rats dispersés, je ne suis pas une immigrée de France. Je viens du Koweït et mon pays peut vous acheter, vous et vos parents, et vous mettre dans des fours. »
L’article d’Inglorious Basterds avait été partagé sur les réseaux sociaux et repris par d’autres sites, et le comportement d’Amira avait été signalé à l’ambassade. Le jour-même, l’étudiante avait été virée de son stage.
Le caractère délibéré établi
Dans les médias et sur Rue89, au cours des jours qui ont suivi, Amira avait dit avoir réagi « avec passion et frustration », elle avait admis avoir commis une « faute ». L’étudiant insulté m’expliquait, de son côté, avoir vu l’étudiante se calmer et devenir plus rationnelle, dans les échanges privés qui avaient suivi. Dans ces messages, que nous avions pu lire, Amira s’excusait de la violence de ces propos et elle expliquait que le sujet était sensible pour elle, parce que sa mère est palestinienne.
Fin octobre, Sciences-Po avait suspendu son étudiante.
Le 16 décembre, la section disciplinaire de l’école, composée de cinq professeurs et cinq étudiants, a prononcé l’exclusion après avoir instruit le dossier et auditionné l’élève par visioconférence. L’administration de l’école nous a transmis la décision.
[...]
L’école n’a peut-être pas cédé aux pressions extérieures, mais le sujet étant extrêmement sensible et politique, il a (bien évidemment) inspiré des courriers. Comme cette lettre du député de la 8e circonscription des Français de l’étranger, Meyer Habib, à laquelle le directeur de Sciences-Po, Frédéric Mion, a répondu.
Lire l’article complet avec la « sentence » de l’école sur rue89.nouvelobs.com