À l’heure des luttes mondiales pour le contrôle des énergies, le gouvernement français vient d’abandonner sa minorité de blocage sur GDF Suez, le premier distributeur de gaz dans l’ouest européen.
Le fait est à peine croyable. Le 25 juin, le ministre des finances Michel Sapin saluait la vente de 3,1 % des actions de GDF Suez effectuée par l’Agence des participations de l’Etat auprès d’investisseurs institutionnels. « Au terme de ce placement, l’État détiendra 33,6 % du capital de GDF Suez », affirmait le communiqué, qui omettait la vente concomitante de 0,35 % du capital dans le cadre d’un plan d’actionnariat salarié. Une semaine plus tard, les syndicats CFE-CGC et CGT révélaient que l’État français était ainsi passé – à 38 millions d’euros près – sous le seuil du tiers du capital qui lui permettait d’exercer sa minorité de blocage en cas d’OPA, de projets de fusion ou de transfert du siège à l’étranger. « On a tapé dans le mille ; le gouvernement et la direction n’étaient pas très contents… », affirme un responsable de la CFE-CGC contacté par téléphone.
A peine l’opération de cession était-elle terminée que le directeur général de l’Agence des participations de l’État, David Azéma, quittait son poste pour rejoindre Bank of America-Merrill Lynch, l’établissement qui a préparé discrètement cette année la vente de la division « énergie » d’Alstom au géant américain General Electric…