C’est le titre qu’on aurait pu donner à l’émission du samedi soir de Christine Angot, avec ses chroniqueurs Laurent Ruquier (le gauchiste homo) et Yann Moix (le droitiste partouzard).
Le Figaro consacre un grand article, signé Anne Fulda (que Nicolas Sarkozy avait voulu marier, comme Carole Bouquet ou bien d’autres), à Christine Angot. On a tout dit sur la folle du samedi soir, ce mélange de sottise et de méchanceté. L’une potentialisant l’autre, comme le piment la chaleur et la chaleur le piment.
Courageuse, Anne a donné rendez-vous à Christine au Corso, avenue Trudaine, à Paris, où la police avait ramassé plusieurs cadavres, il y a 35 ans.
Plus récemment, [elle] a torpillé des bénévoles en soins palliatifs, plus particulièrement ceux de la fédération Jusqu’à la mort accompagner la vie (Jalmalv). Selon elle, “des catholiques intégristes” constitués en “lobby”, faisant “intrusion” dans la vie des malades avec la complicité des médecins. Des propos d’une rare agressivité qui ont entraîné la publication d’un communiqué indigné de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) dénonçant “l’attitude, la violence des propos et des affirmations de Christine Angot”...
Pas très fine, la pute à clics de Ruquier. Qu’on ne se méprenne pas : putaclic est une expression consacrée sur l’Internet qui indique un article ou un thème très démago qui est là pour faire du clic, du flux, de la vue. Rien à voir avec la prostitution. Mais il faut être aveugle comme Christine pour voir dans les cathos intégristes un lobby et ne pas voir le lobby surpuissant au-dessus de sa propre tête. Et oublier qu’on a été soutenue financièrement par Pierre Bergé, homme d’une moralité inattaquable...
Le terrorisme (rentable) de la connerie pure
Si Catherine Barma et Laurent Ruquier – et Fulda ne donne que la moitié de l’explication – ont casté l’Insupportable pour le rendez-vous du samedi soir, c’est pour générer du clic, évidemment, mais aussi parce que politiquement, la Sotte est encore plus sioniste que Moix. De l’autre côté, le bénéfice de la connerie en télé n’est plus un mystère pour les producteurs depuis longtemps : en diffusant des programmes cons ou en médiatisant des cons, on fournit au téléspectateur la possibilité de se sentir intelligent à bon compte, et cette fascination rend accro. Difficile de zapper quand on peut exercer sa domination intellectuelle sur un animateur, un chroniqueur ou un candidat !
« Cette manière tranchée lui vaut souvent d’être largement incomprise. Elle le sait : “Ce qui m’ennuie, c’est que je me rends compte que quelquefois je ne suis pas comprise ; quelquefois, il y a aussi une mauvaise foi à ne pas vouloir me comprendre.” Et d’ajouter : “C’est compliqué pour moi l’expression. C’est difficile pour moi, ’le dire’. Je connais bien les codes sociaux du langage, mais je ne suis jamais parvenue à les utiliser au fond”, déclare-t-elle dans un style décidément très durassien.
“Il faut essayer pourtant de la comprendre, avance la journaliste Nathalie Saint-Cricq qui s’est récemment liée d’amitié avec elle. Elle a une pensée labyrinthique, elle est dans son monde, observe un processus presque talmudique, circulaire, dans sa façon de parler. Elle est la quintessence du non politiquement correct et elle a été prise pour ça.” Quintessence du non-politiquement correct ? Ce jugement fait bondir. Longtemps, Angot a en effet été l’idole des politiquement correct. Encensée par Télérama, Le Monde,Libération et Les Inrocks. Portée au pinacle par les cercles germanopratins frissonnant d’aise en retrouvant dans ses romans certaines figures du tout-Paris dévoilées sans aucun complexe. Ce qui lui a valu d’être poursuivie en justice. »
Nathalie Saint-Cricq, une référence !
C’est pourquoi, en moins de cinq ans, la paire des intelligences de droite et de gauche Zemmour-Naulleau a-t-elle été remplacée par des paires de plus en plus indigestes. Les jeunes, enfin les derniers qui regardent encore la télé, ingèrent du Ch’Tis à Miami et du Marseillais à Damas depuis longtemps. Ils sont habitués à se sentir soit en phase – pour les plus cons – soit au-dessus des candidats. Qui sont choisis entre autres critères sur leur arriération mentale. La télé est devenue une sorte d’anti-bac. Il y a une lecture naïve, et une lecture au second degré.
Cependant, dans le cas d’Angot-ONPC, la bécasse a été castée uniquement parce que le Laurent Ruquier Show perdait de l’audience. L’émission a donc dû adopter des principes de télé-réalité pour se survivre. Tant mieux pour Angot, qui empoche 6 000 euros par mois pour quatre crises de nerfs. Et tant pis pour le téléspectateur, qui se fait secouer de 136 euros par an pour financer ça. C’est pourquoi il ne faut pas abandonner la télé à ceux qui l’occupent, mais la leur reprendre. Cependant, l’oligarchie ne renoncera pas à ce pouvoir sur les masses si facilement.