L’Italie prochain "domino" de la crise de la zone euro ? Le plan d’aide aux banques espagnoles à peine annoncé, la péninsule est revenue lundi dans la ligne de mire des investisseurs qui ont envoyé ses banques au tapis en Bourse et ont fait remonter ses taux.
La question qui a taraudé les commentateurs italiens tout le week-end - à savoir si les marchés n’allaient pas reprendre la péninsule pour cible à présent que le problème des banques espagnoles était en passe d’être réglé - n’a pas mis longtemps à trouver une réponse...
Après avoir brutalement creusé ses pertes dans l’après-midi, la Bourse de Milan a clôturé lundi sur une chute de 2,79% alors que les autres bourses européennes ont fini en légère baisse ou en légère hausse.
Comme toujours en première ligne en cas d’aggravation de la crise, les banques, dont les portefeuilles débordent de titres de dette italienne, se sont effondrées, à l’image d’UniCredit et d’Intesa Sanpaolo, les deux plus grandes banques du pays, qui ont chuté de 8,81% et de 5,92%.
Signe de la méfiance des investisseurs à l’égard de la dette colossale de plus de 1.900 milliards d’euros de la troisième économie de la zone euro (120,1% du PIB fin 2011), les taux à dix ans de l’Italie sont de leur côté repassés au-dessus de la barre symbolique des 6% en fin d’après-midi
" Le prochain domino ?"
Après avoir été considérée fin 2011 comme la prochaine victime de la crise, l’Italie avait réussi à regagner la confiance des marchés grâce aux mesures de rigueur et aux premières réformes structurelles adoptées par le gouvernement de Mario Monti.
Sa situation restait toutefois fragile, la récession risquant de compliquer l’assainissement de ses finances publiques.
Mais, désormais "alors que les problèmes des banques espagnoles sont moins criants avec les 100 milliards d’euros qui pourraient leur être accordés, la ligne de mire se déplace" et le marché "attaque autre chose et donc l’Italie", commente un analyste financier milanais sous couvert de l’anonymat.
"La spéculation en a fini avec l’Espagne, c’est maintenant au tour de l’Italie", abonde Tommaso Federici, responsable département gestion de Banca Ifigest.
Après la Grèce, le Portugal et l’Espagne, "il n’y a plus que le I d’Italie de l’acronyme PIGS", utilisé pour désigner les pays fragiles d’Europe du sud, "qui n’a pas reçu d’aide", souligne-t-il.
"L’Italie sera-t-elle le prochain domino à tomber ?", s’interroge Forex.com.
Aide extérieure
Selon son analyste, Kathleen Brooks, "les taux italiens ne sont pas à présent dans la zone de danger mais il y a des signes inquiétants (montrant) que les regards des investisseurs pourraient se tourner vers Rome" et il "n’est pas du domaine de l’impossible que l’Italie ait besoin un jour d’une aide".
Dans un rapport publié vendredi, avant que l’Espagne n’accepte un plan d’aide pour ses banques, Citigroup allait plus loin en estimant que "l’Italie devrait probablement avoir besoin d’une aide extérieure à un certain moment".
Le ministre du Développement économique, Corrado Passera, a pour sa part assuré lundi que le pays a "fait tout ce qui était nécessaire pour se sauver" et que la "forte discipline" budgétaire qu’il observe le place "parmi les pays qui peuvent le mieux affronter le tourbillon financier".
"On ne peut pas dire que le risque de contagion n’existe pas mais je crois que la situation italienne est bien différente des autres", a-t-il insisté.
Rome devra en fournir la preuve mercredi et jeudi lors de deux émissions obligataires qui auront valeur de test et permettront de mesurer le caractère ou non passager de ce retour de la méfiance des investisseurs.