Cher Monsieur Soral,
J’ai regardé votre tout dernier entretien mensuel avec un immense intérêt. Vos analyses économiques, politiques, sociologiques, philosophiques sont d’une grande pertinence et véracité. Cependant j’ai noté certaines approximations dans votre analyse de la situation géopolitique au Proche et au Moyen-Orient.
Je souhaite contredire la version que vous défendez concernant l’assassinat du martyr Al-Jaabari, une version véhiculée par certains médias proches de l’axe de la résistance (RT, PressTv) mais aussi et surtout par les médias ennemis (Haaretz, Ynetnews etc...).
Grosso modo cette thèse prétend qu’Al-Jaabari était en négociation avec Israël pour obtenir un cessez-le-feu durable, voire qu’il monnayait la fin de la lutte armée du Hamas en échange de la reconnaissance d’un État palestinien. Il aurait ainsi été la victime de ses propres concessions car « trop de concessions face à l’ennemi vous apportent une mort certaine ». Et comme Israël ne veut pas la paix, elle assassine son partenaire pour mieux relancer une grande guerre.
Cette thèse ne correspond pas à la réalité.
L’assassinat d’Al-Jaabari doit être interprété comme une lutte d’influence régionale en rapport avec la situation en Syrie...
Il existe, au sein même du Hamas, une division sur l’attitude à adopter vis-à-vis du conflit au pays de Cham.
Le bureau politique du Hamas incarné par Hanyeh et Meshaal (deux personnes largement corrompus par l’argent du Qatar) est clairement passé dans le camp anti-Bachar al-Assad. En revanche l’aile militaire du Hamas – les brigades Ezzedine al-Qassam – ont su conserver de bonnes relations avec l’ensemble de l’axe de la résistance, y compris avec Damas, pour des raisons assez évidentes de bon sens stratégique et logistique (approvisionnement en armes et munitions transitant via la Syrie, etc.) et sûrement aussi pour des raisons d’affinités personnelles.
La branche militaire du Hamas ne voit aucun intérêt de se brouiller avec le gouvernent syrien.
Ainsi, Al-Jaabari, une semaine avant son assassinat, se trouvait au sud du Liban auprès de ses frères résistants du pays du Cèdre pour réaffirmer que les brigades al-Qassam ne font pas dans la politique, seulement de la lutte armée et donc conservent de bonnes relations avec le président Bachar al-Assad.
L’assassinat du chef des brigades al-Qassam s’inscrit donc dans le cadre de la guerre globale contre la Syrie ; ce meurtre sert les intérêts de ceux qui veulent renverser le gouvernement du président Al-Assad.
La mort d’Al-Jaabari fait maintenant pencher très largement la balance au sein du Hamas vers les anti-Bachar, autrement dit vers la branche politisée et corrompue...
Cet assassinat n’avait donc pas pour but de déclencher une nouvelle grande guerre à Gaza – comme l’atteste la courte durée de la guerre (neuf jours seulement) et l’absence d’incursion terrestre de Tsahal, contrairement à 2009.
Chaque jour un peu plus le bureau politique du Hamas prend l’ascendant sur la faction militaire. Dès le troisième jour de la guerre, celui-ci demanda un cessez-le-feu, ce que les brigades al-Qassam, le Jihad islamique et le FPLP refusèrent catégoriquement. Au final, le cessez-le-feu a été arraché au forceps au bout de neuf jours, alors que les principales factions (Jihad islamique et FPLP en tête) y étaient opposées.
En définitive le Hamas a monnayé avec l’ennemi israélien un cessez-le-feu en échange d’une autorisation à Meshaal de se rendre « triomphant » dans la bande de Gaza. Ce marchandage du Hamas avec l’ennemi israélien se confirme lorsque l’on sait que le leader du Jihad islamique (mouvement qui conserve ses bonnes relations avec Damas) Ramadan Shallah, voulait lui aussi se rendre à Gaza. Mais Israël a catégoriquement refusé sa venue, affirmant qu’il serait assassiné aussitôt qu’il mettra un pied à Gaza.
Le chef du Hamas a pu, lui, se balader tranquillement dans Gaza et pavoiser sans être inquiété le moins du monde, ni par le Mossad, ni par l’aviation israélienne...
J’espère que le présent mail ne dégagera aucune animosité car il n’en est rien. Je souhaite juste apporter quelques précisions dans un domaine que je maîtrise assez bien.
J’ai un très grand respect pour votre combat.
Vous et Dieudonné êtes les leaders de cette résistance française naissante, qui tente de redonner à notre beau pays sa souveraineté confisquée depuis trop longtemps par l’emprise sioniste.
Il est temps que la France rejoigne l’axe de la résistance, avant cela, il faudra que notre pays se libère de ce qu’il convient d’appeler « l’occupation sioniste ». En cela je pense que nous sommes liés au peuple palestinien. Les peuples français comme palestinien ont une même destinée : celle de se libérer de l’occupation sioniste pour s’émanciper.
Je reste à votre disposition pour plus d’informations.
Très sincèrement,