Depuis des dizaines d’années, les analystes amateurs qui tentent de percer les mystères entourant l’assassinat de l’ancien président américain John F. Kennedy tentent de découvrir l’identité du responsable chargé d’intercepter le courrier du futur assassin, qui était suivi par la CIA avant son assassinat.
Selon les conspirationnistes, cette personne aurait compris les relations de Lee Harvey Oswald [photo] avec l’Union soviétique, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles pistes sur un éventuel complot communiste contre Kennedy, ou sur le plan mis en place par le gouvernement américain pour dissimuler l’identité du véritable meurtrier.
Le mois dernier, un nouveau document déclassifié, parmi des milliers de documents liés à Kennedy, a révélé l’identité de la personne chargée de surveiller le courrier pour la CIA : Reuben Efron, lieutenant-colonel de l’armée américaine et immigrant juif de Lituanie.
Le New York Times a été le premier à révéler l’identité d’Efron et s’est interrogé dans son article sur les implications que cela pouvait avoir : « Une piste prometteuse pour démêler un complot complexe que le gouvernement tente d’étouffer depuis des dizaines d’années ? Une preuve supplémentaire que la CIA en savait plus sur Oswald que ce qui avait été initialement reconnu ? Ou un détail sans importance dissimulé pendant tout ce temps en raison d’impératifs bureaucratiques sans aucun rapport avec la question de savoir si Oswald était bien le tireur solitaire le jour fatidique ? »
Si une recherche approfondie sur l’identité juive d’Efron ne répond à aucune de ces questions, elle révèle qu’Efron a non seulement travaillé comme espion, mais qu’il possédait également un savoir détaillé des espions juifs anciens.
La Jewish Telegraphic Agency a confirmé qu’Efron a vécu en Israël avant sa mort le 22 novembre 1993 – 30 ans jour pour jour après l’assassinat de Kennedy. Durant son séjour, il a contribué à cinq articles dans les années 1970 au Jewish Bible Quarterly, une publication affiliée à l’Organisation sioniste mondiale basée à Jérusalem (WZO), qui a fait appel à son expertise dans le domaine de l’espionnage.
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Efron est né Ruvelis Effronas à Simnas, en Lituanie, le 12 avril 1911. Il y a fréquenté un lycée juif (un « gymnase hébraïque », comme il l’a lui-même appelé), puis l’université Vytautas Magnus, dans ce qui est aujourd’hui la ville de Kaunas. Pendant cinq ans il a exercé le droit dans cette ville, un centre florissant de la vie juive lituanienne qui allait devenir le site du plus grand ghetto du pays sous le régime nazi, avant de rejoindre son frère parti pour les États-Unis avant lui.
Efron a immigré aux États-Unis en décembre 1939, arrivant à Miami via Cuba. Les documents d’immigration américains indiquent qu’il a travaillé comme vendeur. Selon un récit familial compilé par un parent, il s’est inscrit à l’automne suivant à l’école de droit d’Atlanta, un cours du soir qui a fermé ses portes dans les années 1990. Il a travaillé dans un magasin de vêtements du centre-ville d’Atlanta jusqu’à l’obtention de son diplôme en 1943.
Il parlait le russe, le lituanien, l’hébreu, le yiddish et l’allemand, et s’est engagé dans l’armée de l’air pendant la Seconde Guerre mondiale en tant qu’interprète, peut-on lire dans un avis de décès publié dans le Miami Herald. Après la guerre, précise l’avis de décès, il a joué un rôle dans les négociations de paix et dans les pourparlers relatifs à la réinstallation des réfugiés de guerre – parmi lesquels se trouvaient peut-être des membres de sa propre famille, à l’exception de sa mère, qui, selon la généalogie publiée, a été assassinée pendant la Shoah.
Efron a travaillé pendant des décennies pour le gouvernement américain, tenant des fonctions qui ne sont révélées qu’au fur et à mesure que des documents secrets du gouvernement sont rendus publics. Dans le récit familial, on lit seulement : « Reuben a travaillé pour le Pentagone ».
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À la retraite, Efron semble avoir apprécié de pouvoir donner son avis en toute liberté. Vivant à Washington en 1971, il a écrit au New York Times pour exhorter l’administration Nixon à rejeter les propositions d’une force conjointe américano-soviétique pour contrôler la paix entre l’Égypte et Israël, affirmant que cela « communiserait toute la région ».
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Comme il sied à quelqu’un qui écrit pour une publication de l’Organisation sioniste mondiale, Efron a établi des parallèles entre l’Israël ancien et moderne, et trouve beaucoup à louer dans les deux expressions nationales.
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Efron a utilisé les récits de l’espionnage moderne d’Israël pour établir un continuum entre les temps bibliques et le XXe siècle.
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Les détails de l’identité et des antécédents d’Efron intéressent beaucoup moins la communauté des amateurs de théorie du complot sur l’assassinat de JFK que le fait qu’un haut responsable de la CIA surveillait Oswald, ainsi que la perspective alléchante qu’il y avait encore des choses à découvrir.
« Ce document prouve que des officiers de haut niveau au sein de la CIA s’intéressaient aux moindres détails de la vie d’Oswald 17 mois avant l’assassinat de Kennedy », a déclaré Jefferson Morley, auteur de nombreux ouvrages sur la CIA et sur Kennedy, sur son blog JFK Facts, après la nouvelle révélation. « Si Oswald était réellement un "tireur isolé", comme le croit une minorité substantielle d’Américains, les services secrets avaient accès à bien plus d’informations personnelles sur lui que la plupart des gens ne le savent. »
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