Astérix et Obélix sont des nazis. C’est la théorie soutenue par Michel Serres, le philosophe et historien français, sur les ondes de France Inter dans sa chronique dominicale. Selon lui, les héros d’Uderzo et Goscinny incarnent la doctrine nazie et devraient éviter de passer entre toutes les mains.
Dans le "Sens de l’Info", chronique du dimanche sur France Info, Michel Serres a effectué un sévère décryptage des albums d’Astérix et Obélix. Il soutient que les aventures du petit gaulois font l’éloge du fascisme et du nazisme, qu’il décèle dans trois éléments distinctifs.
Barbarie
Dans les albums de Goscinny et Uderzo, qui ne sont que "de revanches et de ressentiments ; le ressentiment, je le tiens comme la peste de l’âme et la cause de mille maladies psychiques", les "conflits ne se règlent qu’à coups de poing" analyse-t-il. "Comme si la force physique était une solution à tous les problèmes et à tous les maux. Or le recours à la force physique, et à elle seulement, est un vrai signe de barbarie et de sauvagerie. Et l’homme (Homo) n’est devenu savant (sapiens) qu’en remplaçant la force pure par le droit.
Pédagogie floue
En outre, selon lui, le recours à la potion magique encouragerait tout un chacun à se doper pour arriver à ses fins. "Cette potion magique, c’est de la drogue, une forme de dopage dont les toxicomanes sportifs abusent et dont ils peuvent parfois mourir. Les albums d’Astérix disent : "prenez de la potion magique, de la drogue, avant toute épreuve et vous serez assurés de l’emporter à coups de poings". Je ne suis pas sûr que cet éloge soit pédagogique et juridiquement correcte".
Silence sur la culture
Enfin, troisième élément qui appuie les théories de Serre est le sort réservé au barde Assurancetourix à la fin de chaque album, où il y est bâillonné et pendu à un arbre. "L’image du poète pendu pendant les banquets de fête évoque irrésistiblement à mes yeux et oreilles la parole d’Hermann Göring, le dirigeant nazi, qui disait "quand j’entends parler de culture, je sors mon revolver". En mettant ces albums entre toutes les mains, vous ferez des adeptes de la force pure, de la drogue et des ennemis de la culture. C’est l’éloge du fascisme et du nazisme", conclut-il.
Tintin met Astérix K.O.
Une analyse contredite par Michel Polacco avec qui il partage l’émission dominicale. D’ailleurs, le Post révèle que la citation serait non pas de Göring mais de Von Schirach. Par ailleurs, si littéralement, les aventures d’Astérix le Gaulois peuvent prêter à une certaine interprétation, les rattacher au mal du siècle dernier est une attaque déguisée envers leurs auteurs. Des propos qui étonnent à plus d’un titre, Serres étant un grand fan de Tintin, dont la double lecture des oeuvres a, elle aussi, fait allusion aux heures sombres de l’Histoire. (LS)