A l’école Lighthouse Grace de Kawangware, un bidonville de Nairobi, les écoliers portent des T-shirts avec la mention « Craindre Dieu est signe de sagesse », mais ils tiennent dans leurs mains un outil de connaissance bien moins abstrait : des tablettes informatiques.
Dans sa salle de classe bondée, au sol en ciment et aux murs de tôle sur lesquels est accrochée une vieille horloge en panne, Blessing, âgé de 7 ans, pianote sur sa tablette et apprend à épeler les mots. « C’est amusant, je n’ai plus besoin d’écrire, je regarde une vidéo, j’écoute l’histoire », dit-elle avec un large sourire.
Reigner, sept ans également, est tout aussi enthousiaste. « C’est génial, je peux lire des histoires, répondre aux questions et faire des jeux de calculs », explique-t-il.
La tablette est un élément du « Kio Kit », un ensemble d’outils numériques utilisés depuis peu pour l’enseignement et qui tiennent dans une valise. Un système qui a vocation à toucher bien plus que les quelques écoles privées ou soutenues par des donateurs dans lesquelles il est utilisé depuis peu au Kenya.
Destiné aux milieux scolaires, ce kit est développé par la société kényane BRCK qui a lancé il y a deux ans un modem mobile et robuste adapté aux environnements poussiéreux et humides et servant de borne wifi, sur laquelle 20 appareils peuvent se connecter à Internet via le réseau 3G.
« Le Kio Kit est le moyen de transformer chaque salle de cours en classe numérique », assure Nivi Mukherjee, de BRCK Education, la filiale qui a lancé le produit en septembre.
« Vous ouvrez la valise et il y a 40 tablettes à l’intérieur, il y aussi un modem BRCK et un serveur Linux, ce qui nous permet de stocker du contenu éducatif et de le renvoyer vers les tablettes », vante-t-elle.
Ce modem et ces tablettes sont conçus au Kenya pour répondre à des problèmes kényans : « Les coupures de courant, les problèmes de connexions à Internet, voilà la réalité de nos infrastructures... Alors nous devons trouver des solutions pour faire face à ces réalités-là, plutôt qu’importer des solutions venues d’ailleurs », estime Mme Mukherjee.
De nombreuses écoles au Kenya manquent en effet d’électricité et a fortiori d’installations pour enseigner l’informatique.
Mais le pays ne manque pas d’idées en matière de high-tech et de télécommunications : le Kenya a une scène florissante de start-up, dont est issu notamment le système de transfert d’argent mobile M-Pesa – un succès – qui permet aux clients d’envoyer de l’argent avec leurs téléphones.