Dans les deux catégories olympiques de la bien-pensance et de la non-pensée, le médiocre écrivain heureusement inconnu Aurélien Bellanger s’inscrit dans le top 10 mondial, et sa chronique du 12 janvier 2021 sur France Culture lui vaut une place assurée sur le podium.
De sa voix d’étudiant (de 40 ans) arriéré indigné par le spectacle du monde non gauchiste, il tonne contre les « sordides » sociaux-traîtres qui ne considèrent pas la visite gratuite du Capitole par les forces vives du peuple américain comme l’équivalent de l’incendie du Reichstag. On a les résistances antinazies qu’on peut...
Ce Houellebecq raté a été heureusement repêché par la radio de service public France Culture, qui lui offre la conclusion de ses Matins qui durent de 6h30 à 9 heures, une vraie purge. Personne n’écoute jusque à la fin ce « véritable espace d’analyse, d’approfondissement et de décryptage du monde contemporain », comme l’écrit Wikipédia qui a copié sur la brochure promotionnelle de Radio France, du coup Aurélien n’est jamais sorti des poubelles de l’histoire de la radio.
Il manque à Aurélien (prénom romantique) un petit scandale, quelque chose de houellebecquien, mais pour ça, il faut de la verve, du talent, et surtout, de l’audace ! Or, quand on est dans le camp des bien-pensants, l’audace se borne à recopier la doxa gauchiste au milieu de mille voix identiques, donc on n’existe pas. Les gauchistes célèbres ont tous un petit truc en plus qui les distingue de la masse des gauchistes.
Par exemple, l’antiraciste Caroline de Haas a réglé le problème des mains au cul dans le quartier des migrants par l’élargissement des trottoirs. Dans le même genre, la féministe Marlène Schiappa a créé une prune de 90 euros pour les dragueurs de rue un peu trop tactiles, le sioniste Patrick Cohen est mondialement célèbre pour sa liste noire de dissidents (il en est à deux, Soral et Dieudonné), le journaliste carpette Jean-Michel Aphatie veut raser Versailles, le pédophile Daniel Cohn-Bendit rêve de détruire les nations européennes, la racialiste Camélia Jordana veut punir les hommes blancs, la socialiste Anne Hidalgo allume la Tour Eiffel à chaque attentat du Mossad...
Quand on est gauchiste et qu’on veut être célèbre, appliquer le règlement interne ne suffit pas, puisque n’importe quel lycéen de 51 de QI le connaît par cœur et le débite mécaniquement. C’est ça le grand avantage de l’idéologie gauchiste : elle est accessible aux simples. Pas besoin de culture, de vocabulaire, de réflexion, de pensée, de doute, le gauchisme est à peine entamé qu’il est déjà fini. C’est le macdo de la pensée. On peut l’apprendre en trois minutes chrono.
Jake Angeli, 32, sporting horns and body paint, yells his thanks to President @realDonaldTrump and Q.
The latter is presumably a reference to QAnon, a controversial far-right group. @azcentral pic.twitter.com/RJ990L0xA2
— BrieAnna J. Frank (@brieannafrank) May 5, 2020
Comme on est sympas, on propose à Aurélien, qui manque singulièrement d’imagination et de surface médiatique (dans la gauchosphère de prestige personne ne l’invite, et la fachosphère ignore ses élucubrations), de créer sa propre branche du gauchisme : le bellangéro-gauchisme, cousin du caliméro-gauchisme. Une idée serait par exemple d’aller aux États-unis, dans les États du Sud, là d’où jaillissent des Jake Angeli, le « Q shaman » de l’Arizona, pour essayer d’évangéliser les colosses trumpiens surarmés du pays profond. Là, Aurélien servirait à quelque chose, il pourrait en plus tester ses concepts en direct et son initiative ferait le tour des réseaux sociaux.
Aurélien évoque justement la figure de Jake dans sa chronique du 12 janvier 2021 :
« L’opinion éclairée, la même que n’a vu venir ni Trump, ni le 6 janvier 2021, et qui n’a pour elle que la fragile victoire de Biden, continue à vouloir descendre dans l’arène, et à défier les fascistes à la loyale — comme si on pouvait encore se permettre d’autres défaites.
Est-ce que ce n’était pas, déjà, le projet de certains, en 1933 : faire que le parti nazi, en perte de vitesse, se ridiculise définitivement dans l’exercice du pouvoir — ce qui s’est produit, bien sûr, mais cela aura quand même pris 12 ans et 50 millions de morts.
La liberté d’expression, c’est un fait malheureux, les fascistes l’utilisent souvent mieux que les démocrates. Les cornes de bison de l’insurgé du Capitole ont mieux imprimé nos imaginaires que les plates Converse de Kamala Harris… »
On jurerait que c’est écrit par une collégienne fille de profs (gauchistes) mais on a vérifié, c’est bien la prose d’Aurélien.