Les glaciers des Alpes en ont certes vu d’autres. Durant l’Holocène, notre actuelle période interglaciaire depuis environ 11 000 ans, ils ont été moins étendus qu’actuellement environ la moitié du temps. Leur actuel recul laisse d’ailleurs entrevoir d’anciens aménagements, notamment du Moyen Âge, effectués à la faveur de l’optimum médiéval. Mais notre représentation moderne de la montagne a pris naissance lors du XIXe siècle, quand l’art et la science ont investi ces territoires jusqu’alors trop ignorés. Autrement dit à la fin du Petit Âge glaciaire, quand les glaciers étaient à leur maximum d’extension.
Le recul constant et s’accélérant de ces glaciers ne peut alors que marquer les esprits, surtout s’il est accompagné d’un discours médiatique cherchant à en faire un élément de preuve visuelle du réchauffement climatique. Évidemment anthropique. Ce n’est en rien une preuve, puisque le sujet n’est pas le réchauffement, mais sa cause. Mais la caste médiatico-politique n’est pas à cela près, de même que ceux qui gobent leurs balivernes.
La destruction, ou plutôt l’aménagement de ce glacier autrichien à grands coups de pelleteuses, afin que des touristes suffisamment fortunés viennent y skier hiver comme été nous montre deux choses :
1/ Que la logique marchande prime le reste. La montagne n’est qu’un système de pentes sur lesquelles viennent se griser des urbains déconnectés de la nature, mais tout de même très « conscientisés ».
2/ Que ces « conscientisés », bobos donneurs de leçons, prenant l’avion pour leurs vacances, mais critiquant le plouc qui va travailler en diesel (c’est lui le responsable des canicules, qui font reculer les glaciers), ne sont pas à quelques aménagements près dans les hauteurs immaculées, du moment que leur bon plaisir en dépend. D’ailleurs, n’ont-ils pas été vertueux ? Ne vont-ils pas manger bio au restaurant de l’hôtel ce soir ?…
Détruire un glacier au nom du tourisme hivernal ? Cela se déroule sous nos yeux, en Autriche. Pour créer de nouvelles pentes et boucher les crevasses, les pelleteuses creusent profondément la glace du Pitztal. Dans quelques mois, la fusion possible des domaines skiables de Pitztal et Ötztal nécessiterait même d’endommager le glacier sur plusieurs dizaines d’hectares. Dérangeant, à l’heure où sont établis le rôle de régulateur thermique et climatique des glaciers.
Les photos suscitent d’abord l’incrédulité. Deux pelleteuses de chantier creusant la surface d’un glacier, et charriant les blocs de glace dans la pente. En plein été 2019, alors que les discours scientifiques, politiques et associatifs alertent sur le changement climatique et la fonte des glaciers, une station de ski d’un pays européen décide de détruire l’un de ces géants de glace.
Cette scène se joue sur le glacier de Pitztal, le plus haut glacier du Tyrol, en Autriche. Fin août 2019, l’association World Wildlife Fund (WWF) prend plusieurs clichés de l’aménagement en cours du glacier, à plus de 3000 mètres d’altitude. Les pelleteuses ont pour mission de creuser, terrasser la glace, pour façonner des pentes et combler les crevasses dans l’optique de la nouvelle saison de ski.
Parallèlement, selon le WWF, un projet global de fusion des glaciers Pitztal-Ötztal et des domaines qui y sont rattachés est en cours. Le 24 juin dernier, le club alpin autrichien et les associations Amis de la Nature et WWF Autriche demandaient l’arrêt de cet immense projet, qui prévoyait qu’une surface d’environ 64 hectares du glacier de Pitztal (environ 90 terrains de football), soit nivelée pour former des pistes de ski. Pour la construction des nouveaux bâtiments, il était aussi envisagé que 1,6 hectare de glace (deux terrains de football) soient retirés.
Si ces grands travaux n’ont pas encore reçu leur approbation finale, les aménagements réalisés cet été à la pelleteuse pourraient être un mauvais signe. « Ce qui se passe est unique selon moi, je n’avais jamais vu cela », se désole Sylvain Coutterand, glaciologue et géomorphologue, et auteur de L’Atlas des glaciers disparus. […]
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