Voici le verbatim de l’acte d’accusation du député Aymeric Caron à l’encontre de Bernard-Henri Lévy. Il résume en trois minutes ce qu’on serine depuis dix ans. Enfin !
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Aymeric Caron : Le troisième exemple de dysfonctionnement de l’audiovisuel public est particulièrement symptomatique des dérives de cet audiovisuel. Il concerne la situation de monsieur Bernard-Henri Lévy, président du conseil de surveillance d’Arte France depuis 1993 : trente-et-une années de présidence ininterrompue, huit mandats, alors ça interroge, surtout qu’on ne sait déjà rien des critères de l’obtention du premier mandat.
Ce qu’il faut surtout relever, c’est qu’à deux reprises, en 2019 et 2024, les statuts du conseil de surveillance d’Arte ont été modifiés pour permettre à Bernard-Henri Lévy de rester en fonction alors qu’il était atteint par la limite d’âge. Statuts modifiés, donc, spécialement pour Bernard-Henri Lévy.
Par ailleurs, à côté de ça, et c’est plus grave, il apparaît qu’entre 2011 et 2022, quatre productions audiovisuelles et cinématographiques de Bernard-Henri Lévy, donc président du conseil de surveillance d’Arte France, on l’a bien compris, ont bénéficié d’un appui financier d’Arte France. En tout il y en a eu pour 750 000 euros.
Lors de mes auditions, j’ai évidemment interrogé la direction d’Arte France sur ce conflit d’intérêts manifeste. Dans un État de droit, il est inadmissible qu’une personne présidant le conseil de surveillance d’une entreprise puisse bénéficier du soutien financier répété de cette même entreprise pour produire ses œuvres et pour les diffuser.
Le journal Le Monde diplomatique résumait ainsi la situation il y a quelques jours, je cite le mensuel : « Ce privilège d’Ancien Régime ne perpétue pas simplement le conflit d’intérêts entre une chaîne, qui subventionne et diffuse en troisième partie de soirée les documentaires nombrilistes de son inamovible mandarin, il sonne en ce moment comme une déclaration politique », fin de citation.
Bernard-Henri Lévy et Arte France nagent donc depuis plusieurs années en plein conflit d’intérêts, et pour ce motif j’invite Bernard-Henri Lévy à démissionner de ses fonctions et j’invite Arte France à modifier sans délai ses statuts pour prévenir ce type de situation.
Rachida Dati : Alors, sur l’autre aspect sur Bernard-Henri Lévy, vous le savez très bien, qu’au ministère de la Culture, n’est pas au conseil d’administration, j’ai fait vérifier. Euh, moi je n’ai pas été saisi de sa candidature. Elle a été proposée, elle a été… Et moi je vous invite monsieur Caron, parce que effectivement vous pouvez avoir des interrogations, je vous invite à écrire au président du conseil de surveillance qui va vous indiquer effectivement le changement des statuts dans quel cadre ça s’est fait, vous êtes en droit de le faire, dans quel cas, et y compris de savoir ce qu’ils font, même dans la production de documentaires ou de films, vous avez cette liberté de le faire.
Aymeric Caron : Est-ce que ce conflit d’intérêts vous choque madame la ministre ? Est-ce qu’il vous semble normal, dans l’audiovisuel public français ?
Rachida Dati : Monsieur Caron, par définition un conflit d’intérêts me choque, vous avez raison. Donc, je vous dis simplement je ne suis pas juge d’instruction, je ne suis pas procureur, vous avez la liberté, et vous avez raison, de pouvoir comme vous avez posé la question au déontologue vous concernant, vous pouvez saisir le président du conseil de surveillance pour lui demander dans quel cadre la nomination s’est faite, dans quel cadre la modification d’un statut a pu se faire, vous avez cette liberté de le faire. Voilà, donc, c’est pour ça que là, au contraire, je vais dans votre sens, donc.
Aymeric Caron demande la démission de BHL de la présidence du conseil de surveillance d’Arte France.
Soutien total à cette initiative.pic.twitter.com/Eujtaqo3if— Marcel (@realmarcel1) October 22, 2024