"BP est responsable, BP paiera". La phrase de Barak Obama fait sans doute plaisir à entendre. BP est responsable de la marée noire. Il paiera. Avant d’être jugé, BP est jugé coupable et doit payer. Certes, il est difficile de nier que l’opérateur de la plateforme pétrolière soit responsable de la catastrophe. Mais BP a-t-il fait moins bien que les autres opérateurs du golfe du Mexique ? Les résultats d’une enquête sur la question ne sont pas encore connus. Mais a priori il est probable que les majors du pétrole utilisent les mêmes techniques, avec des règles de sécurité qui sont peu ou prou équivalentes et des exigences de rentabilité identiques.
Il y a plus de 3.000 plateformes dans le golfe du Mexique. C’est la première fois qu’une catastrophe de cette ampleur se produit. Jusque là, les règles de sécurité avaient donc été suffisantes. S’il y a eu faute de la part de BP, autrement dit si les règles de sécurité ont été affaiblies, gageons que le coupable ne soit pas à chercher chez le responsable "sécurité" de BP mais plutôt du côté du directeur financier. Et ce dernier n’a fait que suivre les indications des marchés. En clair, la course à l’argent, la flatterie permanente des marchés financiers au détriment du principe de réalité (ici la réalité environnementale, ailleurs la réalité sociale) ont des conséquences.
Alors BP est-il responsable ? Oui, sans aucun doute. Mais les marchés financiers le sont tout autant. Et qu’y a-t-il derrière ces marchés ? Des fonds de pensions, autrement dit le retraité du Nebraska qui roule en 4x4 et des retraités français via leur caisse complémentaire.
Paul Loubière, grand reporter à Challenges