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BP ou le bal des prédateurs

Bien qu’elle se dise capable de rembourser tous les dégâts de la marée noire, la compagnie pétrolière accuse le coup. Les rumeurs d’OPA hostiles enflent.

BP est en danger ! Les rumeurs d’OPA hostiles, voire de faillite, planent, désormais, au-dessus de la compagnie pétrolière. L’été risque d’être délicat à négocier pour le groupe britannique, fragilisé par la gigantesque marée noire qui a suivi l’explosion de sa plate-forme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique.

BP a perdu la moitié de sa capitalisation boursière, passant du deuxième au cinquième rang mondial des valeurs pétrolières. Début juillet, BP valait moins que le français Total. De quoi susciter les appétits de ses concurrents.

« Une estimation précise de BP repose moins sur une évaluation de ses actifs, que sur une valeur précise de ses responsabilités potentielles », prévient Fred Lucas, analyste chez JP Morgan. Autrement dit, l’acheteur devra prendre en compte le coût total de la marée noire pour s’assurer du vrai coût de son acquisition ! Le groupe britannique a déjà dépensé plus de 3 milliards de dollars pour tenter de stopper la fuite. Il lui faudra encore régler le nettoyage des côtes souillées.

Le Crédit Suisse estime la facture à quelque 37 milliards de dollars. Pour la financer, BP a annoncé qu’il comptait vendre 10 milliards d’actifs, notamment aux Etats-Unis.

Le groupe britannique a également appelé en renfort les banques Goldman Sachs et Crédit Suisse et le fonds d’investissement américain Blackstone. Actuellement, les dix principaux actionnaires du groupe, essentiellement britanniques et américains, ne détiennent que 23,95 % de son capital.

Pour résister à une éventuelle tentative d’OPA, BP s’est mis en quête d’un chevalier blanc capable de prendre de 5 à 10 % de son capital, soit un investissement d’environ 7 milliards de dollars. Les fonds d’investissement du Qatar et d’Abou Dhabi ont été pressentis.

Le nouveau gouvernement britannique est au premier rang pour soutenir le groupe. Londres s’inquiète des conséquences pour les fonds de pension d’outre-Manche, actionnaires du groupe. Mi-juin, le Premier ministre britannique, David Cameron, s’en est entretenu, à Washington, avec le président Barack Obama.

Le « Telegraph » n’hésitait pas à titrer en une : « Barack Obama a sa botte appuyée sur la gorge des retraités britanniques. » Pour Tom Watson, ex-ministre du gouvernement Brown, « BP est peut-être la société la plus importante stratégiquement pour la Grande-Bretagne »...

Les malheurs de BP ne font pas, pour autant, le bonheur des autres majors du secteur. Si le groupe britannique a vu sa capitalisation boursière fondre de moitié, les autres pétroliers souffrent également : la capitalisation d’ExxonMobil a baissé de 15 %, celle de Chevron de 15 % également, celle de Total de 14 %.. La suspension des forages pendant six mois aux Etats-Unis et le renforcement à venir de la législation sur les opérations offshore font craindre une « explosion » des coûts d’exploitation des nouveaux champs, aux Etats-Unis, mais aussi dans le reste du monde.

A défaut d’une OPA hostile, BP sera peut-être contraint d’accepter une réduction drastique de ses activités, en quittant, par exemple, les Etats-Unis où le numéro 1 mondial, ExxonMobil, est à l’affût pour renforcer son leadership.