« Tout problème en Syrie embrasera la région tout entière ! » avertit le président syrien Bachar el-Assad dans un très rare entretien publié hier dans les colonnes de l’hebdomadaire britannique Sunday Telegraph.
« La Syrie est désormais le pôle de la région. C’est la ligne de faille et si vous jouez avec ce terrain, vous provoquerez un tremblement de terre : voulez-vous voir un nouvel Afghanistan, ou des dizaines d’Afghanistan ? »
La menace est on ne peut plus claire : si les puissances occidentales tentent en Syrie ce qu’elles ont entrepris en Libye, c’est tout le Moyen-Orient qui sera à feu et à sang. Pourquoi lancer un tel avertissement maintenant ?
Là encore, cela paraît limpide. La Ligue arabe avait donné deux semaines à Bachar el-Assad pour annoncer un calendrier précis de réformes, accepter une réunion avec l’opposition à l’étranger et mettre un terme à la violence. Or, ce délai s’achevait hier, à l’occasion d’une réunion au Qatar qui se tenait dans un climat particulièrement tendu…
En effet, si l’on en croit l’influent quotidien koweïtien Al-Qabas, le comité ministériel de la Ligue arabe qui s’était réuni mercredi à Damas avec le président Assad l’aurait averti que l’échec de la médiation arabe aboutirait à une internationalisation de la crise, notamment à un embargo économique.
D’habitude, évidemment, une telle menace n’aurait pas de quoi ébranler le régime de Bachar el-Assad, qui peut compter sur l’appui de deux alliés de poids. Le 4 octobre au Conseil de sécurité de l’ONU, la Russie et la Chine ont opposé leur veto à un projet de résolution des pays occidentaux menaçant Damas de « mesures ciblées ».
Pourtant, aujourd’hui le jeu de Pékin semble un peu moins clair. Ainsi, l’émissaire de la Chine au Moyen-Orient, Wu Sike, a appelé hier au Caire le régime syrien à « respecter et répondre aux aspirations et aux revendications légitimes du peuple ». Un appel lancé pour la seconde fois en une semaine.
Troublant. Ce n’est donc certainement pas par hasard que Bachar el-Assad a choisi de donner une autre interview, diffusée hier également. Cette fois-ci, c’est un entretien octroyé à la chaîne d’Etat russe Channel One. « Nous comptons sur la Russie en tant que pays avec lequel nous avons des liens historiques forts », rappelle le leader syrien.
Enfin, c’est sans doute pour ménager ses alliés que le président Assad a reconnu, dans les colonnes du Sunday Times, « beaucoup d’erreurs » commises au début par ses forces de sécurité. Tout en affirmant que celles-ci ne visent plus que « les terroristes ».