Après avoir conquis Bangui, en mars dernier, les rebelles de la coalition Séléka, à dominante musulmane, s’en sont régulièrement pris au quartier chrétien de Boy-Rabe, situé dans le 4e arrondissement de la capitale centrafricaine.
En août dernier, au motif qu’il "regorgeait d’armes distribuées par l’ancien régime", selon le ministre d’Etat à la Sécurité publique, Noureddine Adam, les ex-Séléka y ont commis de nombreuses exactions envers les populations civiles et y ont opéré une véritable razzia, avec des exécutions sommaires en prime. En avril, plus de 25 personnes avaient été tuées par les mêmes, déjà lors d’une opération de désarmement.
Depuis, ce quartier est devenu un bastion des milices chrétiennes "anti-balaka", formées en réponse aux exactions commises par les rebelles de l’ex-Séléka. Ces miliciens ne font pas non plus dans la demi-mesure étant donné qu’eux aussi ont attaqué des civils musulmans, qu’ils assimilent aux combattants de l’ex-Séléka.
Les forces françaises engagées dans l’opération Sangaris, lancée le 5 décembre par le président Hollande, après de violents accrochages à Bangui, ont cherché à désarmer les milices et les groupes armés. Comme les combattants de l’ex-Séléka étaient les seuls à circuler dans les rues de la capitale centrafricaine, c’est tout naturellement eux qui ont été les premiers concernés.
D’où l’accusation lancée par la communauté musulmane que les soldats français faisaient essentiellement le jeu des milices chrétiennes. "On me dit la même chose de l’autre côté. C’est l’impartialité qui doit dominer (…) Ils (les militaires français, ndlr) seront impartiaux jusqu’au bout. Les forces françaises font bien leur boulot", avait répondu Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, lors de son déplacement en Centrafrique, le 13 décembre.
Le fait est. Les troupes françaises ont lancé, ce 17 décembre, une vaste opération dans le quartier de Boy-Rabe, afin de désarmer les milicens "anti-balaka" présentes. Selon un correspondant de l’AFP, plusieurs véhicules blindés ont été déployés à l’entrée du secteur, survolé dans le même temps par un hélicoptère.
Ces derniers jours, les anti-balakas, rejoints par des anciens membres des Forces armées centrafricaines (FACA) tombés en disgrâce, ont indiqué être prêts à agir à Bangui. D’où, sans doute, l’opération dans le quartier de Boy-Rabe.
La difficulté pour la force Sangaris est de maintenir les ex-Séléka dans leurs casernes tout en tenant à distance les milices anti-Balaka afin de pouvoir désarmer les deux partis. Faute de quoi, il est à craindre que le cycle de la violence reparte au moindre incident.
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