Nous avons décidé de publier cet article en entier, qui émane du service public audiovisuel, que nous finançons avec nos impôts.
Nous avons décidé de le publier in extenso car la décision de justice est importante, dans le contexte actuel.
Cette femme, qui n’a rien fait de mal, est accusée de possiblement inciter d’autres personnes à la haine, comme s’il s’agissait d’un virus, mais d’un vrai, pas d’un quelconque covid.
Ainsi, si l’on a bien compris cette sorte de jurisprudence, les propos profondément islamophobes de Sophia Aram ou d’Élisabeth Badinter, qui sont clairement haineux, devraient valoir à leurs auteurs une condamnation similaire, du moins selon le rapport au sens mathématique entre le racisme et l’antisémitisme.
Ou alors on n’a rien compris à la justice de notre, ou de « leur » pays.
Pour finir, les condamnations pécuniaires risquent, selon nous, de produire un effet Streisand. Mais ça, c’est l’affaire des partie civiles.
Le tribunal correctionnel de Bayonne a condamné ce mardi 2 juillet 2024 une habitante de Sare de 52 ans à 1 000 euros d’amende dont 600 avec sursis. Elle a été reconnue coupable de provocation publique à la haine en raison de la religion.
Pendant six mois, entre les mois de février et septembre 2023, elle a publié sur une chaine internet des articles reprenant notamment les propos de l’essayiste franco-suisse d’extrême droite Alain Soral sur la communauté juive. Elle postait aussi de nombreuses caricatures.
C’est l’Observatoire juif de France qui a saisi la justice en tombant sur ses écrits, parmi lesquels : « les Juifs sont accusés de la mort de 30 millions de Chrétiens, ça, c’est sûr qu’ils ne vont pas te l’apprendre à l’école ».
Cheveux gris frisés, pantalon de jogging, blouson en jean, la femme qui se présente comme militante de Marine Le Pen, écoute la présidente du tribunal lui expliquer ce qui lui est reproché. N’ayant pas d’avocat, elle se défend elle-même et explique :
« Pendant le Covid, je me suis gavée de documentaires parce que je suis allée à l’école que jusqu’à 16 ans. Je voulais apprendre. Il y a des documentaires qui ne sont pas autorisés en France, mais qui sont diffusés sur internet. Petit à petit, je me suis intéressée à ça, mais je ne suis pas raciste. J’écoute Bob Marley par exemple, mais je ne fume pas de marijuana. »
« Relayer ces informations peut inciter d’autres personnes à la haine »
« Avant, je savais même pas la différence entre antisémite et antisioniste », tente-t-elle encore de justifier. Et la présidente de lui demander : « C’est quoi la différence ? » « Je crois que ça veut dire qu’on n’aime pas les Juifs » répond-elle hésitante. « Moi, je transmets juste des informations, je fais de l’histoire, je ne suis pas antisémite. »
« Mais le fait de relayer ces informations, madame, ça peut inciter d’autres personnes à la haine. C’est cela qu’on vous reproche la coupe » Emmanuelle Adoul.
Lors de ses réquisitions, le procureur de République Jean-Claude Belot regarde la prévenue dans les yeux.
« Ce n’est sûrement pas moi qui viendrai critiquer quelqu’un qui essaie de se cultiver, quel que soit le sujet, mais pas un seul moment, vous ne vous interrogez sur la vraie Histoire, celle étayée par de vrais historiens. »
Les derniers mots de la prévenue à la barre seront : « Je ne mettrai plus de Soral sur ma chaine. Maintenant, je mets de la musique. »
Elle écope de 1.000 euros d’amende dont 600 avec sursis, une peine conforme aux réquisitions du parquet. Le tribunal la condamne en outre à verser 1.500 euros à l’Observatoire juif de France.
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