Bernard Pivot – Nanard pour les intimes, comme les films du même nom – incarnait la littérature à la télé. Il les a tous pécho, des plus grands – Soljenitsyne, Bukowski – aux plus petits – BHL, Glucksmann (père). Les géants et les nains se mélangeaient chez lui, et malgré l’heure tardive le vendredi, des millions de Français, et aussi quelques étrangers admiratifs de notre pays (il en restait), ne loupaient pas un Apostrophes.
Si Nanard était quelque peu rude avec ses employés, pendant la préparation, en plateau, il redevenait sympa, presque parfait, avec quand même des questions perfides. Apostrophes, c’était la culture, l’intelligence et l’intelligentsia frenchy. À la place, aujourd’hui, on n’a plus grand-chose, le truc fayoteur La Grande Librairie sur France 5, présentée par Busnel puis un LGBT, et les Vol de nuit (on évitera les jeux de mots faciles) de feu PPDA.
Cependant, et ça va en frapper plus d’un, la plus importante, la plus longue, la plus puissante des émissions littéraires est sur C8, elle s’appelle Voyage au bout de la nuit, et consiste en la lecture d’une œuvre par un comédien. Elle dure de 3 à 7 heures du matin et vous savez quoi ? La plus forte audience enregistrée l’a été pour l’invitation de Nabilla, une dame de petite vertu. Malheureusement, la grande brune aux faux seins a buté sur un mot un peu trop grand pour elle.
Que nos lecteurs ne se laissent pas abuser, Voyage au bout de la night est le plagiat absolu du titre d’un ouvrage paru dans les années 30, d’un type aujourd’hui oublié, et heureusement, parce qu’il écrivait des bêtises et en plus n’importe comment, genre des esclamations et des pointillés partout, pire que l’écriture inclusive !
Pourtant, le Voyage se vendra à mort, preuve que le public est complètement idiot. Faites pas gaffe à l’écran noir, c’est normal : on est dans la nuit. Aujourd’hui, il y a des gens qui veulent faire lire cet écrivain aux jeunes générations, mais ça peut leur mettre des idées dans la tête, donc les hommes politiques ils veulent pas. À la place, on a les grands philousophes BHL, Finky, Glux et compagnie, qui ont trusté l’émission de Nanard. À croire qu’ils étaient les chroniqueurs de l’émission !
C’est un peu comme Tout le monde en parle, tu finis par avoir BHL toutes les 3 semaines pour un livre qui se vend pas. Car quand tu forces un auteur dans les médias, le public se méfie, il regarde ailleurs, il grogne, parfois même il mord.
On pourra reprocher une chose à Nanard, au-delà d’avoir refilé un rond de soviet aux sionosophes, c’est de jamais avoir invité des grands comme La Fontaine, Molière, Shakespeare, (Jim) Thompson, Fante, Céline, et plus près de nous Soral. C’est à croire que la télé française de 1975 à 1990 – la durée de vie d’Apostrophes – était infiltrée par la CIA et le Mossad !
La spécialité de Nanard : les faux grands écrivains
(mais y a Simenon et Solje quand même)
Nanard, nanti de sa notoriété et amoureux de la belle langue, finira par organiser des concours de dictées super difficiles dans toute la France. Faire zéro faute était quasi impossible, même quand on touchait sa bille en ortho. C’est là où apparaissait tout le vice du bonhomme. En même temps, dans ces dictées, y a heureusement jamais eu du BHL, mais jamais de Céline non plus.
Imaginez, aujourd’hui, en prime time, sur toutes les chaînes comme les allocs d’un président que plus personne n’écoute (67 % des Français n’ont pas suivi son dernier monologue), un gros pâté de Bagatelles dicté pour toute la nation, les petits et les grands. Eh ben le jour où ça sera possible, la France sera redevenue la France, pas avant. Et toc.
Les tweets qui ont tué Pivot
Moi j'aurais mis un c comme con de collabo.
— Alexis Poulin (@Poulin2012) April 28, 2017
Sur l’injection, Nanard a fait une grosse faute...
"Il n'existe malheureusement pas encore de vaccin contre la connerie."
Bernard Pivot était dans #Boomerang d'@atrapenard et a écrit un texte. https://t.co/1YCMOB9n24 pic.twitter.com/QItD4CkDK8— France Inter (@franceinter) January 9, 2021