Bahrein : les protestataires occupe une place au milieu de la ville de Manama, la capitale.
Les manifestations anti-gouvernementales continuent dans le tout petit royaume, en dépit des excuses présentées par le roi après la mort de deux manifestants.
Les manifestants s’opposant au gouvernement continuent à occuper une place dans la capitale de Bahreïn, Manama, après deux jours de violents affrontements qui ont entraîné la mort d’au moins deux manifestants.
Les manifestants, qui souhaitent des réformes politiques et plus de droits civiques dans le royaume, refusent de se disperser, en dépit des exceptionnelles excuses faites par le roi après les décès dus aux tirs de la police.
Un correspondant d’Al Jazeera à Bahreïn, qui ne peut être nommé pour sa propre sécurité, a déclaré que des milliers de manifestants occupaient un espace encore plus grand ce mercredi matin.
« Ils sont bien organisés et disent qu’ils vont faire du centre de Manama la version pour le Bahreïn de la place Tahrir en Egypte. »
Notre correspondant a affirmé que certains des manifestants voulaient organiser une marche à partir du rond-point, tandis que d’autres avaient l’intention de rester su place et de le tenir occupé.
Ce mardi, le souverain de Bahreïn, cheikh Hamad bin Isa Al-Khalifa a fait une rare apparition à la télévision dans laquelle il a exprimé ses condoléances pour « la mort de deux de nos chers fils » et a indiqué qu’un comité enquêtera sur les meurtres.
« Nous demandons aux députés de se pencher sur cette question et de proposer des lois nécessaires pour la résoudre », a-t-il dit, ajoutant que les manifestations pacifiques étaient légales.
Soucis des Etats-Unis
Les États-Unis ont dit être "très préoccupés" par la récente violence lors des manifestations à Bahreïn, un proche allié de Washington, et ils ont exhorté toutes les parties à faire preuve de retenue.
« Les Etats-Unis sont très préoccupés par la récente violence lors des protestations à Bahreïn, » a déclaré PJ Crowley, le porte-parole du Département d’Etat américain. « Nous appelons également toutes les parties à faire preuve de retenue et s’abstenir de toute violence. »
Des milliers de manifestants ont envahi les rues du minuscule royaume depuis ce lundi, inspirés par les récents soulèvements en Tunisie et en Egypte.
Une personne a été tué mardi lorsque la police a ouvert le feu sur un groupe de manifestants rassemblés en un cortège funèbre pour un homme tué lors des manifestations un jour plus tôt.
La victime, Ali Fadhel Almatrook, a été abattue par une arme de chasse, a déclaré à Al Jazeera Maryam Alkhawaja, responsable des relations extérieures au Centre du Bahreïn pour les droits de l’homme.
« Des milliers de personnes ont défilé dans les rues, demandant la fin du régime, mais la police a tiré des gaz lacrymogène et utilisé des armes de chasse - c’est pourquoi les gens ont été blessés », a déclaré Alkhawaja.
« Brutalité policière »
Au moins 25 personnes auraient été soignées à l’hôpital pour des blessures.
La foule chantait « Le peuple demande la chute du régime ! » alors qu’elle se déversait dans Manama Pearl (le rond-point central) après la marche pour les funérailles à la périphérie de la ville.
Selon le correspondant d’Al Jazeera, la police a adopté une approche très dure envers les manifestants.
« La police a tiré sur les manifestants, ce matin, mais ils ont montré une résistance très forte », a déclaré notre correspondant.
« Il semble que le cortège funèbre avait été autorisé à poursuivre sa route, mais la police a joué au jeu du chat et la souris avec les manifestants. »
Opposition en colère
Irrité par les deux meurtres, al-Wefaq, le groupe principal d’opposition musulman chiite au Bahreïn, a annoncé qu’il suspendait sa participation au parlement.
« C’est la première étape. Nous voulons voir un dialogue », a dit Ibrahim Mattar, un parlementaire d’al-Wefaq. « Dans les prochains jours, nous allons décider de soit démissionner du conseil soit d’y rester. »
Al-Wefaq a une forte présence à l’intérieur du parlement et au sein de la communauté chiite.
Les manifestants disent que leur principale revendication est la démission de Cheikh Khalifa bin Salman al-Khalifa, le Premier ministre qui a gouverné Bahreïn depuis son indépendance en 1971.
Oncle du roi, il est considéré comme un symbole de la richesse de la famille régnante.
Les manifestants disent qu’ils exigent aussi la libération des prisonniers politiques, ce qui avait été promis par le gouvernement, et la mise en place d’une nouvelle constitution.
Les chiites, qui sont estimés être la majorité à Bahreïn, sont sous l’autorité d’une famille royale sunnite.
La pauvreté, le niveau élevé de chômage et les tentatives présumées de la part de l’Etat d’accorder la citoyenneté aux étrangers sunnites pour modifier l’équilibre démographique, ont aggravé le mécontentement chez les chiites.
Environ la moitié des 1,3 million d’habitants du royaume sont originaires du Bahreïn, le reste étant des travailleurs étrangers.
Manifestations violentes en Lybie
Des affrontements ont été signalés dans la ville orientale de Benghazi, mettant aux prises la police et des partisans du gouvernement face à des manifestants.
Les manifestants se sont rassemblés dans les premières heures de mercredi matin devant le siège de la police et scandaient des slogans contre les « dirigeants corrompus du pays », selon les témoignages recueillis par Al Jazeera.
La police a tiré des gaz lacrymogènes et a violemment dispersé les manifestants, selon la même source mais qui n’a pas donné plus de détails.
L’édition en ligne du journal privé lybien Quryna, qui est basé à Benghazi, a déclaré que les manifestants étaient armés de cocktails Molotov et avaient jeté des pierres.
Selon le journal, 14 personnes ont été blessées dans les affrontements, dont trois manifestants et 10 policiers.
Dans un entretien téléphonique avec Al Jazeera, Idris Al-Mesmari, un romancier et écrivain libyen, a déclaré que des agents de sécurité en civil sont arrivés sur les lieux et ont dispersé les manifestants en utilisant des gaz lacrymogènes, des matraques et de l’eau brûlante.
Al-Mesmari a été arrêté quelques heures après l’interview, selon des nouvelles non encore confirmées.
Appel à un « Jour de colère »
Les manifestants anti-gouvernementaux ont également appelé les citoyens à transformer la journée de jeudi en « Jour de colère ». Ils ont l’espoir d’égaler les récents soulèvements populaires en Égypte et en Tunisie pour mettre fin au règne vieux de 41 ans du colonel Mouammar Kadhafi.
Ces manifestations, exceptionnelles, auraient commencé après que des proches des personnes tuées dans un massacre dans une prison il y a 15 ans soient descendus dans la rue. Ils ont été rejoints par des dizaines de sympathisants.
Tous ces parents auraient été mis en colère par la détention de Fathi Terbil - avocat des droits de l’Homme et porte-parole officiel des familles des victimes - après qu’il ait été arrêté par les forces de sécurité libyennes, sans raison apparente.
Toutefois, Terbil aurait été depuis libéré, selon certaines informations.
Douze cents prisonniers ont été tués dans le massacre de la prison d’Abou Slim le 29 Juin 1996, après qu’ils se soient opposés à leurs conditions inhumaines dans la prison.
Certaines des personnes tuées ont été enterrées dans la cour de la prison et dans des fosses communes à Tripoli. Les familles des victimes ont exigé que les coupables soient punis.
Mohammed Maree, un blogueur égyptien, dit que le « régime de Kadhafi n’a pas écouté ces réclamations et continue de traiter le peuple libyen avec le plomb et le feu. »
« C’est pourquoi nous annonçons notre solidarité avec le peuple libyen et les familles des martyrs jusqu’à ce que les criminels soient punis, en commençant par Muammer (Khadafi) et sa famille. »
La télévision d’Etat libyenne a indiqué que des rassemblements avaient lieu dans tout le pays tôt ce matin « en appui au gouvernement du peuple par le peuple ».
Déclaration signée
Un groupe de Libyens en vue et les membres des organisations des droits de l’homme ont également exigé la démission de Kadhafi.
Ils ont déclaré que les Libyens ont le droit de s’exprimer à travers des manifestations pacifiques, sans devoir être menacés de harcèlement de la part du régime.
Les revendications ont été formulées dans une déclaration signée par 213 personnalités de différents secteurs de la société libyenne, dont des militants politiques, des avocats, des étudiants et des représentants du gouvernement.
Pendant ce temps, un militant local des droits de l’homme à déclaré à l’agence Reuters que les autorités ont décidé de libérer 110 prisonniers incarcérés pour appartenance à une organisation interdite, le Groupe islamique combattant libyen.
Les prisonniers devant être libérés ce mercredi sont les derniers membres du groupe encore détenus et sortiront de la prison d’Abou Salim à Tripoli, a déclaré Mohamed Ternish, président de l’Association lybienne des droits de l’homme.
Des centaines de membres présumés du groupe ont été libérés de prison après avoir renoncé à la violence l’an dernier.