Des images satellites publiées par Amnesty International révèlent l’ampleur des exactions commises par le groupe Boko Haram au Nigéria.
Une quinzaine de villages du nord de la région de Borno ont été pris pour cible par le groupe terroriste il y a quelques jours. Après avoir pris d’assaut la base militaire de Baga, près du lac Tchad, les membre de Boko Haram se sont déployés dans ses alentours et ont commis un carnage durant la période du 3 au 7 janvier.
Les photos que l’ONG s’est procurées auprès d’un opérateur privé montrent les localités de Baga et Doron Baga avant et après l’invasion jihadiste. La première est détruite à moitié, la seconde, d’une surface de 4 km², presque entièrement. Près de 3 700 habitations et bâtiments ont été détruits par le feu, les hommes assassinés et les femmes et enfants pris comme butin.
Amnesty International, dans son bilan provisoire, fait état de centaines de victimes ; ce chiffre pourrait monter à 2 000 personnes. Les autorités ne parlent que de 150 morts. 20 000 personnes ont fui, certaines d’entre elles pour Maiduguri, la capitale régionale, qui reste impuissante à stopper les raids du « groupe sunnite pour la prédication et le djihad » qui s’est rendu coupable, toujours d’après Amnesty International, de la mort de 4 000 civils en 2014, 13 000 depuis 2009, date à laquelle la secte s’est transformée en rébellion.
Face à la montée de la colère de son peuple et dans un contexte de campagne électorale, le président nigérian Goodluck Jonathan s’est rendu jeudi à Maiduguri, escorté par son chef d’état-major des armées et une garde de 200 militaires.
Parmi les voisins du Nigéria, c’est le Cameroun qui se trouve dans la ligne de mire de Boko Haram, qui s’en est pris au nord du pays et a investi une base de l’armée, avant d’être chassé par l’armée de l’air du pays. Son président, Paul Biya, a demandé l’assistance de son homologue tchadien Idriss Deby, qui a ordonné l’envoi d’un contingent de soldats tchadiens en renfort à l’armée camerounaise. Le Tchad accueille plus de 11 000 réfugiés nigérians.
Mohamed Ibn Chambas, représentant spécial de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest, a fixé comme préalable à une mobilisation de la communauté internationale, une action conjointe Nigeria-Niger-Tchad-Cameroun. Les ministres de la Défense et des Affaires étrangères de ces 4 pays doivent se réunir mardi au Niger afin de convenir des modalités de mise place d’une force régionale militaire pour lutter contre Boko Haram.