Invité de France Inter, Bernard-Henri Lévy a sonné la fin de la récré. La sympathique farce botulienne, du nom de ce faux philosophe "vénéré" au Paraguay, ne le fait plus rire du tout. Mais toujours pas au point de s’interroger sur son rapport aux médias, préférant dénoncer des attaques "pestilentielles".
Dans un premier temps, BHL avait mis les rieurs de son côté. Le penseur en col blanc s’était même plutôt bien dépêtré de son affaire lors du Grand Journal saluant la farce « botulienne » jusqu’à étonner ceux qui le connaissent, unanimes pour pointer l’absence totale d’humour du bonhomme. Mais BHL n’aura pas tenu très longtemps, décrétant ce matin la fin de la récré.
Pas dans ses habitudes, Demorand a démarré sarcastique : « Bonjour Bernard-Henri Botul » « Sérieusement, cette histoire de citations de philosophe qui n’existe pas ça craint vraiment comme disent les jeunes, non ? » demande Demorand.
Tel le Roi en son royaume médiatico- littéraire BHL assènealors une sorte de « fini de rire » : « c’était drôle cinq minutes maintenant je trouve que ça va comme ça, ça me fait moins marrer. C’était marrant, ça tourne glauque ». Autant dire que la blague ne l’a jamais fait rire mais qu’il s’étrangle carrément depuis que la farce potacho-franchouillardo-paraguayenne vire à la poilade internationale. Le philosophe est devenu la risée de la presse Suisse et des quartiers intellos de New-York...
Une façon comme une autre aussi de rappeler la basse-cour journalistique à ses « obligations » promotionnelles. Ça sent l’échec commercial à plein nez. Après le film (NDLR : si, si, BHL a fait un film...) et le dialogue avec Houellebecq, ça commence à faire beaucoup. Beau parleur, BHL tente de noyer le poisson : « c’est ridicule pour ceux qui s’en servent pour éviter de lire. J’ai écrit un livre de 1300 pages, je parle de Levinas, Althusser, Romain Gary, Maurice Blanchot, Rosenzweig et il y a là un certain nombre de gens qui ne trouvent qu’un nom à relever c’est le nom de Botul ».
Petit détail, la référence à l’auteur fictif Botul n’est pas dans le livre de 1300 pages mais dans le second livre que sort BHL, « De la guerre en philosophie », un opuscule de 130 pages né d’une conférence à l’Ecole Normale Supérieure…
Sans aller jusqu’aux extrémités de son plus ardent défenseur — et par ailleurs son biographe — le journaliste Philippe Boggio qui, sur slate.fr, hurle à l’antisémitisme, BHL évoque des attaques « pestilentielles », notamment depuis qu’il a été très sévèrement taclé par Eric Zemmour et Eric Naulleau dans l’émission de Laurent Ruqier samedi dernier . Dure réalité –mais juste retour des choses, en l’occurrence- pour un écrivain que de devoir admettre que la marque BHL attire plus que « l’œuvre ». Critiques et journaux veulent consommer du BHL. De là à lire ses livres…Conséquence quasi-inéluctable d’une gloire construite sur des sables mouvants, un personnage de « dandy richissime qui vit dans des palaces et voyage dans des jets privés » résumera Demorand. BHL vampirise ses sujets. L’époque n’en demande même pas tant pour mettre sur la touche Levinas, Althusser, Gary et autres Blanchot.