Nul doute que l’entité sioniste tire un grand profit de l’état de dislocation et des conflits qui se déroulent dans le monde arabe, surtout à l’ombre de ce qu’on appelle le « Printemps arabe ». Pourtant, cela ne cache pas la réalité selon laquelle « depuis 1948, le monde arabe n’en était pas moins favorable aux exigences du projet sioniste ».
Il est vrai que l’attitude arabe vis-à-vis de la question palestinienne a bénéficié des avancées réalisées, dès le début des années cinquante, par la tendance nationaliste et du grand attachement à l’idée de la libération de la Palestine par ce qu’on appelait les « États progressistes », au niveau de la mobilisation massive des masses arabes et avec l’éclatement de la révolution palestinienne à la fin des années soixante.
Néanmoins, la défaite du juin 1967 suivie par la Guerre d’octobre 1973 a préparé le terrain, que l’on considère cette dernière comme étant une victoire ou une défaite, à l’état de capitulation arabe quasiment totale devant l’entité sioniste, et ce à travers la signature de traités de paix par l’Egypte, la Jordanie et l’OLP et l’établissement par la plupart des Etats arabes de relations directes ou indirectes avec l’entité sioniste.
On est même arrivé à s’allier avec elle d’une manière plus ou moins affichée contre les forces de libération dans la région et, plus précisément, contre l’axe de la résistance comprenant l’Iran, la Syrie et les deux Résistances au Liban et en Palestine.
Toutefois, et en dépit de tout le progrès réalisé -grâce à l’aide et à la compromission arabes- par le projet sioniste sur les plans de l’expansion, de la colonisation et de la judaïsation, et en dépit de la gigantesque force de frappe dont dispose l’alliance israélo-arabe soutenue par l’Occident, aussi bien que les situations catastrophiques qui prévalent dans les pays des « révolutions arabes », la même conjoncture actuelle permet de dire que les rapports de forces commencent à être nettement favorables à l’axe de la résistance dans la région.
Il va de soi que l’émergence de cette situation est due à la fermeté de la Syrie, seul pays arabe qui n’a pas été souillé par les traités de paix unilatéraux et la normalisation avec l’entité sioniste, et qui est, pour cette seule raison, soumis à cette « correction » qu’est la guerre mondiale destructrice qui s’y déroule depuis trente mois.
Il va de soi également que la fermeté de la Syrie a tiré profit du soutien actif fourni par la République Islamique d’Iran, l’Union russe, la Chine populaire ainsi que de la contribution limitée de la part de la Résistance libanaise et certaines factions de la Résistance palestinienne.
C’est grâce à cette fermeté, qu’il est devenu possible de dire avec assurance que la version israélo-étasunienne du plan dit du Grand ou du Nouveau Moyen-Orient, commence à céder la place à l’émergence d’un Grand et nouveau Moyen-Orient susceptible d’avoir des répercussions sur le plan international et ce en parfaite concordance avec les aspirations et les intérêts des peuples de la région et du monde entier.
Trente mois après le début de la guerre mondiale multiforme et multinationale soutenue par ce qu’on appelle les « Amis de la Syrie » sur tous les plans de l’entraînement, de l’équipement, des renseignements, de la propagande et de la diplomatie, sans oublier l’envoi de 180 mille combattants, mercenaires et takfiris, pour se battre sur le sol syrien, les États-Unis ont tenté une ultime intervention visant à anticiper la défaite dont les prémisses commencent à s’apercevoir au niveau de toutes les parties locales régionales et internationales impliquées dans cette guerre. C’est dans ce contexte qu’ils ont déployé leurs flottes et annoncé leur intention d’adresser à la Syrie des « frappes limitées ».
Abstraction faite des causes qui sont à l’origine du recul étasunien en ce qui concerne l’agression contre la Syrie, cet événement a constitué une défaite majeure subie par les ennemis de la Syrie. Cette défaite a eu pour conséquences des bouleversements, des subversions et des confrontations au niveau de tous les alliés dans la guerre contre la Syrie, et ce à partir des bouchers qui sèment l’horreur, avec une barbarie sans pareille dans l’histoire, dans les villes et villages syriens, des arrivistes qui végètent dans les hôtels d’Istanbul, de la chute -assumée- de Morsi et de Hamad et -attendue- d’Erdogan, et à finir par les régimes au pouvoir qui perdent la boussole dans les pays du Golfe et en Occident.
La défaite subie par les États-Unis, leurs alliés et suppôts rien qu’en renonçant à l’idée de frapper la Syrie donne une idée de l’ampleur de la défaite qu’ils auraient subie au cas où ils avaient osé de mettre leurs menaces en application. Et il est normal que les conséquences de cette défaite continuent d’entraîner davantage d’affaissement au niveau de toutes les parties de l’alliance anti-syrienne.
Pour s’en rendre compte, il suffit de se rappeler les enquêtes et les rapports de la commission Winograd suite à la défaite israélienne lors de la guerre contre le Liban en 2006 qui a enfoncé profondément un gros clou dans le cercueil de l’entité sioniste, et de le confronter aux polémiques, accusations et contre-accusations qui secouent toutes les parties impliquées dans la guerre contre la Syrie, à commencer par « Tel-Aviv » et à finir par Washington, en passant par les autres capitales arabes, régionales et européennes. Sans bien sûr oublier les gangs de « révolutionnaires syriens » et leurs guerres ouvertes les uns contre les autres.