Pour l’économiste américain qui a obtenu le Prix Nobel d’économie en 2008, Paul Krugman, c’est l’heure de la débâcle pour la zone euro.
Il s’en explique dans les colonnes du Financial Times (accès payant) : lorsqu’il y a une union monétaire, énonce-t-il, il doit y avoir équivalence entre les avoirs d’un certain montant dans la banque d’un pays, et les avoirs de même montant dans la banque d’un des autres pays de l’union. Mais que se passe-t-il lorsque l’un de ces pays est sur le point de faire faillite ?
A ce moment, cette présomption d’égalité ne vaut plus. De ce fait, un euro dans une banque grecque aujourd’hui n’a plus la même valeur que le même euro dans une banque allemande. Dans cette situation, on risque non seulement le retrait brutal des avoirs des clients de la banque, mais plus globalement, ce risque de désengagement s’étend au système bancaire national.
Dans cette situation, une restructuration de la dette semble inévitable, même si c’est un cauchemar, en particulier si la BCE refuse de prêter pour couvrir les défauts de ces pays en faillite. Car en l’absence du soutien de la BCE, les banques s’effondreront. Les gouvernements devront alors geler les comptes bancaires et convertir les dettes dans une nouvelle devise.
Cela génèrerait une panique du public qui l’obligerait à retirer ses avoirs des banques, ainsi que les débiteurs privés des autres pays en difficultés. A ce stade, ces pays succomberaient à la catastrophe à leur tour. La zone euro se disloquerait. L’alternative serait une opération musclée pour recycler ces sorties de capitaux par des injections du secteur public.
Martin Wolf, du Financial Times (accès payant), conclut que la solution se trouve entre la faillite de l’un des Etats de la périphérie, et son retrait de la zone, ou un soutien de long terme des positions débitrices de ces pays.
Pour l’heure, le but des dirigeants de la zone est d’atteindre 2013, et de décider alors d’utiliser le nouveau Mécanisme de Stabilité Monétaire pour commencer à organiser un soutien de long-terme d’une manière organisée. Le risque, c’est qu’entretemps, ils ne parviennent plus à obtenir le soutien du public pour défendre la survie de la monnaie unique.