Lors d’une réunion à la salle Saint George, au Kremlin, Vladimir Poutine a décoré des militaires et des spécialistes de l’industrie de la Défense qui se sont distingués dans la réussite des missions sur le territoire de la République arabe syrienne. Plus de 700 officiers et des personnels des Forces aérospatiales, de l’Armée de terre et de la Marine assistaient à la cérémonie, ainsi que des représentants du complexe militaro-industriel.
Le Président de la Russie, Vladimir Poutine :
Camarades officiers, mes amis,
Je tiens à vous souhaiter la bienvenue – et à tout le personnel qui a participé aux opérations en Syrie.
Chacun d’entre vous – pilotes, navigants, personnel des organes de contrôle et des unités spéciales, de renseignement, communication et logistique, et conseillers militaires – avez agi avec courage et efficacité.
Je remercie aussi spécialement le personnel féminin. Vous servez aux côtés des hommes, avec constance et dignité. Votre choix de vie nous inspire un respect profond.
Merci pour votre dévouement pour notre Mère Patrie.
La Russie est fière de vous, fière de ses soldats et de ses officiers qui défendent ses intérêts avec un professionnalisme et un courage très élevés.
Camarades officiers,
Rappelez-vous la situation en septembre 2015. A cette époque, une partie importante du territoire syrien était sous la coupe de groupes terroristes, et la situation continuait de se dégrader.
Dans le respect scrupuleux du droit international, à la demande du gouvernement légitime et du Président du pays, nous avons pris la décision de lancer notre intervention militaire. Depuis le tout début, nous avions des objectifs clairs : soutenir l’armée syrienne dans sa lutte légitime contre les groupes terroristes. Nos actions ont été limitées dans le temps à la période de la contre-attaque contre les terroristes. Nous avions clairement déclaré que nous ne nous impliquions pas dans un conflit interne à la Syrie. C’est aux Syriens eux-mêmes, et à eux seuls, de chercher comment sortir de ce conflit et de décider de l’avenir de leur pays.
La principale cible de notre intervention a été le terrorisme. La lutte contre le terrorisme international est une cause droite et juste. C’est une lutte contre les ennemis de la civilisation, contre ceux qui apportent la barbarie et la violence, et qui tentent de faire abandonner au monde les hautes valeurs spirituelles et humanitaires qui sont les siennes.
Je veux répéter que le principal objectif de notre intervention en Syrie était d’arrêter ce démon à l’échelle du monde et d’empêcher que le terrorisme ne s’étende à la Russie. Et notre pays a démontré son influence, sa volonté et son sens de la responsabilité incontestables.
J’en viens aux résultats que nous avons obtenus. Vos actions et votre intense effort de guerre ont renversé la situation. Nous avons empêché la tumeur terroriste de continuer à grandir, nous avons détruit les abris des terroristes et leurs dépôts de munitions, et nous avons coupé les routes de la contrebande de pétrole qui apportaient aux terroristes leur principale source de financement.
Nous avons fourni un énorme effort pour soutenir les autorités légales syriennes – c’est ce dont j’ai parlé lors de mon discours aux Nations Unies à l’occasion du 70e anniversaire de l’organisation. Nous avons renforcé leurs forces armées, qui sont capables maintenant non seulement de tenir bon face aux terroristes, mais aussi de mener des offensives contre eux. L’armée syrienne a repris l’initiative stratégique et continue de nettoyer son pays des terroristes.
L’important est que nous ayons créé les conditions pour démarrer un processus de retour à la paix. Nous avons réussi à mettre en place une coopération positive et constructive avec les États-Unis d’Amérique et avec nombre d’autres pays, aussi bien qu’avec les forces politiques responsables au sein de la Syrie qui veulent sincèrement arrêter la guerre et trouver la seule possible solution politique au conflit. C’est vous, soldats russes, qui avez ouvert la route de la paix.
Camarades officiers,
Après les accords de cessez-le-feu entre l’opposition et les forces gouvernementales, l’envergure du travail de nos forces aériennes s’est considérablement réduite. Le nombre des sorties a été divisé par trois, passant de 60-80 à 20-30 par jour.
Cela a rendu notre corps expéditionnaire trop important, en termes militaires. La décision de retirer une part significative de notre personnel et de nos équipements a été prise en coordination avec le Président de la Syrie Bachar al-Assad, qui a été tenu au courant de nos plans à l’avance et les a approuvés.
Je souhaite ajouter que dans notre déclaration commune, la Russie et les États-Unis ont souligné que la lutte contre les organisations terroristes, identifiées comme telles par les Nations Unies, va continuer. D’un autre côté, les forces gouvernementales en Syrie ne conduiront aucune action contre les groupes armés de l’opposition syrienne qui se sont engagés pour le cessez-le-feu.
En même temps, je veux insister sur le fait que tout groupe qui violerait le cessez-le-feu sera retiré de la liste fournie par les États-Unis, avec toutes les conséquences qui en découleront.
A ce sujet, je veux repréciser les missions que le personnel restant dans la République syrienne va devoir remplir.
Je répète que leur première tâche est de surveiller le cessez-le-feu et d’assurer les conditions pour un dialogue politique interne en Syrie.
Nos bases en Syrie sont situées à Tartous et à Khmeimim, et notre personnel là-bas est protégé depuis la terre, la mer et l’espace aérien. Toutes les composantes du système de défense aérienne déployé, y compris les Pantsir-F à courte portée et les S-400 Trionf à longue portée, seront toujours opérationnels.
Je voudrais noter que nous avons aussi restauré significativement le potentiel des forces de défense aérienne syriennes. Toutes les parties concernées en ont été averties. Nous agissons selon les normes internationales – personne n’a le droit de violer l’espace aérien d’un État souverain, la Syrie en l’occurrence.
Nous avons établi avec le partenaire américain un mécanisme efficace pour éviter tout incident aérien, mais tous nos partenaires ont été avertis que nos systèmes de défense aérienne seront utilisés contre toute cible que nous estimerons menacer les personnels russes. Je le redis – toute cible.
Nous allons bien sûr continuer d’aider le gouvernement légal syrien. Cette assistance est complète, et comprend une aide financière, des approvisionnements en équipements et en armes, de l’entraînement et de l’aide à la reconstruction des forces armées, de l’aide en termes de reconnaissance et une assistance pour la planifications des opérations par les états-majors. Et finalement une aide directe, j’entends par là, la mise à disposition de nos forces aérospatiales et de notre aviation de chasse et de bombardement. Les forces russes qui restent en Syrie sont de taille suffisante pour assurer tout cela.
Nous allons continuer à aider l’armée et les autorités syriennes dans leur combat contre le soit-disant État islamique, Jabhat al-Nusra et les autres terroristes qui ont été déclarés ainsi, comme je l’ai dit, par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Notre attitude sans compromission contre le terrorisme demeure inchangée.
Quel sera l’équilibre des forces après la réduction du corps expéditionnaire russe ? Cet équilibre sera maintenu.
Mieux encore, je suis certain qu’avec notre soutien et le renforcement de l’armée syrienne, nous verrons rapidement les forces patriotiques atteindre la victoire définitive dans leur lutte contre le terrorisme.
Comme vous le savez, de violents combats ont lieu autour de Palmyre et sur les accès à la ville. J’espère que ce joyau de la civilisation mondiale, ou ce qu’il en reste depuis que les bandits s’en sont emparés, reviendra au peuple de Syrie et à l’humanité tout entière.
Si cela s’avérait nécessaire, bien sûr, la Russie sera capable de redéployer son corps expéditionnaire dans la région en quelques heures, avec tous les moyens nécessaires pour traiter une situation précise et avoir toutes les options à sa disposition.
Nous ne le souhaitons pas. Nous n’avons pas choisi l’escalade militaire.