En quelques mois, trois informations majeures sont venues jeter le discrédit sur toute la filière pharmaceutique - et cancérologique en particulier.
1/ La plupart des études scientifiques portant sur le cancer... sont bidons !
C’est C. Glenn Begley qui a dégoupillé la grenade, le mois dernier. Dans un article publié dans la revue Nature, cet ancien Boss d’un labo pharmaceutique a lâché le morceau : sur 53 études de haut niveau (publiées dans les revues les plus sérieuses) qu’il avait jugées intéressantes dans le cadre du développement de nouveaux médicaments anti-cancer, 47 n’ont pas pu être reproduites par ses équipes ! Soit 88%, une broutille...
Sidéré, Begley a essayé d’aller plus loin. Il a rencontré plusieurs responsables de ces fausses études. Et voici ce qu’il raconte sur l’un de ces rendez-vous : "Je lui ai expliqué que nous avions refait leur expérience 50 fois sans jamais parvenir au même résultat qu’eux. Il m’a répondu qu’ils avaient fait six tentatives, obtenant le résultat une seule fois, mais c’est bien celui-là qu’ils ont choisi de publier car il sonnait mieux. C’est très décevant". C’est le moins qu’on puisse dire...
Ces conclusions ne sont malheureusement pas isolées. En 2009, une équipe de l’Université du Michigan était arrivée à un résultat similaire. De même que des scientifiques de Bayer AG, plus récemment. La cause ? C’est le système de financement des labos de recherche qui est à revoir...
2/ L’Université de Harvard impliquée dans une fraude scientifique
Plusieurs responsables de recherche de la très réputée Harvard Medical School ont tout bonnement falsifié les résultats d’études scientifiques... pour arriver à des conclusions qui leur permettaient de pouvoir prétendre à une subvention fédérale de 15 millions de dollars. Le procès se tiendra prochainement. Les affaires de ce genre ont une fâcheuse tendance à se multiplier (voir ici, ici ou là).
3/ Des médicaments contre le cancer... qui favorisent le cancer !
Malheureusement, toutes ces études (bidons) ne servent pas (que) à faire joli. Elles constituent aussi une base de développement de nouveaux médocs. Par exemple, le Glivec (imatinib) et le Sutent (sunitinib), qui sont censés bloquer l’irrigation sanguine des tumeurs. Et donc les tuer. Manque de bol, une équipe scientifique vient de montrer que ces médicaments tuent aussi des petites cellules répondant au doux nom de péricytes. Lesquelles cellules ont pour principale fonction de combattre... la tumeur. Résultat : la tumeur diminue bel et bien en volume, mais elle devient aussi plus virulente et diffuse beaucoup plus vite au reste de l’organisme !
"Si vous regardez juste la taille de la tumeur, les résultats [des études scientifiques] étaient justes", a déclaré le professeur Raghu Kalluri, responsable de l’étude. "Mais quand vous regardez l’ensemble du process, le fait d’inhiber les vaisseaux irriguant la tumeur ne contrôle en rien la progression du cancer. En fait, le cancer s’étend". Un détail : le Glivec est autorisé en Europe depuis 2001 et le Sutent depuis 2006.
La science médicale, une industrie comme une autre, avide et aveugle...