Quelle culpabilité ? Coupable de quoi ? D’avoir établi des Républiques qui ont par deux fois aboli l’esclavage ? D’avoir voté Léon Blum ? D’avoir déclaré la guerre à l’Allemagne hitlérienne pour défendre la Pologne ? D’avoir déposé les cendres de Jean Moulin au Panthéon ? D’y avoir précédemment placé celles de Zola plutôt que celle de Dreyfus ? D’avoir laissé le papa de Finkielkraut se réfugier en France ? Il y est allé papa Finkie faire la guerre d’Espagne du côté des républicains comme certains braves prolos communistes français tombés en Andalousie ou ailleurs ?
À ce propos, notez qu’avec ce père vous tenez encore une fois un survivant de l’implacable machine de mort aux rouages parfaitement entretenus par les diaboliques nazis à Auschwitz. L’ingénieur teuton manque souvent de méticulosité en la matière. Étrange. Entre Finkie père, Primo Lévi, Irene Zisblatt, Simone Veil, Abraham Bomba, Polanski qui à 10 ans parvient à « détourner la vigilance allemande » et à survivre dans un ghetto du produit de son vagabondage, entre l’incroyable Elie Wiesel - dans quelque queue qu’il fût la Leichen... m****, la Gaszimmer ne voulut pas de lui - et tant d’autres témoins, nous avons assez ample provende de miraculés pour remplir le sanctoral de l’Église catholique, apostolique et romaine.
De quoi la France et plus particulièrement les Français d’aujourd’hui ont-ils à s’excuser ? De quoi ont-ils à avoir honte ? D’avoir laissé Jules Isaac écrire une histoire de France pour les classes du « Primaire supérieur », d’ailleurs d’excellente qualité, quoique parfois à la limite de la propagande républicaine. Le lecteur a aussi le droit de ne pas être un imbécile. D’avoir fêté Marcel Proust ? D’avoir fait entrer Sarraute (Nathalie, celle qui a vraiment du talent) et Lévi-Strauss dans La Pléiade ? D’avoir demandé à Chagall de peindre le plafond de l’Opéra ? D’avoir décerné deux fois le Goncourt à Gary/Ajar ? D’avoir aimé Gainsbourg ? D’avoir eu Pierre Mendès France comme Président du Conseil ? De préférer l’esprit et le brio de Vladimir Jankélévitch aux godillots pesants de l’héritier de la BECOB ?
Ou simplement d’oser prétendre qu’on ne peut distinguer de communautés, en particulier par la loi, au sein du peuple de France car nous ne sommes pas une race, nous sommes une nation d’êtres humains désireux de vivre libres et égaux, sans distinction de race, d’origine ou de religion ? Cela, ce n’est pas une flétrissure. C’est un honneur. Insigne.
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