Jean-Luc Mélenchon a enregistré, hier, son « Vivement dimanche ». Au délà des petites phrases assassines, la présence comme invité du chef du PCF, Pierre Laurent, symbolise la percée du leader du Parti de gauche.
Il a osé. Il l’a fait. Le pourfendeur de « l’oligarchie médiatique », Jean-Luc Mélenchon, a enregistré hier son… Vivement dimanche ! Et s’il a accepté de venir poser sa carcasse sur le velours rouge du Studio Gabriel pour un tête-à-tête avec Michel Drucker, ce n’est pas, dit-il, parce qu’il aurait cédé aux sirènes hurlantes de « la « peopolisation », ce « substitut à la politique ». Non, le patron du Parti de gauche s’en est défendu au cours de l’émission expliquant avoir accepté l’invitation de son hôte car il voyait là l’occasion d’offrir une image différente de celle de « la brute pour laquelle on veut [le] faire passer ».
Mais on ne se refait pas. Méluche a la gâchette facile et n’a pu s’empêcher de défourailler à tout-va. À commencer par la télévision, estimant que les progammes qui y sont diffusés ressemblent furieusement à « un dressage à la violence ». Gonflé de tenir pareil discours sur le plateau même de Vivement dimanche, une émission jugée par certains de ses proches comme étant « le vaisseau-amiral » d’un système plus vaste de « dépolitisation » de la société. Une expression que le patron du Parti de gauche a visiblement pris un malin plaisir à répéter une fois assis sur le célèbre canapé rouge où tant de responsables politiques sont venus s’offrir une image « plus-humaine-et-plus-proche-des-petites-gens ». David Pujadas, sur sa propre chaîne, en aura aussi repris pour son grade. L’intéressé appréciera... Quant à DSK, il s’est vu, lui, gratifié d’une nouvelle volée de bois rouge : « J’espère qu’il reste là-bas (au FMI, ndlr). Ma foi, il nuira à tout le monde et pas seulement à nous ». Suivront, en fin d’émission, deux passes d’armes, courtoises, mais néanmoins extrêmement tendues entre l’eurodéputé et les chroniqueurs de Michel Drucker, Claude Sérillon et Jean-Pierre Coffe.
Des petites phrases assassines qui feront le bonheur des « chasseurs de buzz ». Ceux-là même qui passeront à côté d’une image autrement plus assassine. Et plus politique aussi. Parmi les nombreux invités de l’émission (Francis Cabrel, Souad Massi, Yvan Le Bolloc’h, Nicolas Bedos et Laurent Ruquier, pour les plus connus), trois personnalités politiques sont venues, en groupe, gratifier Mélenchon de leur présence : la jeune Clémentine Autain que Mélenchon a connu alors qu’elle était assistante parlementaire, la députée de Paris Martine Billard, démissionnaire des Verts et porte-parole désormais du Parti de gauche, et… Pierre Laurent, le successeur de Marie-George Buffet à la tête du PCF ! Un Pierre Laurent à qui Michel Drucker s’est senti obligé de rappeler à plusieurs reprises son statut de « fils de » Paul Laurent, dirigeant historique du Parti communiste.
Ça n’a l’air de rien, mais la charge symbolique est forte. D’un côté : Mélenchon l’invité-vedette d’une émission marathon capable de réunir aux environs de 3 millions de spectateurs devant leur écran. Mélenchon, profitant de cette tribune, pour se dire flatté d’être comparé à Georges Marchais. Face à lui : Pierre Laurent, flanqué de deux autres personnes, n’ayant droit de passer à l’image qu’une poignée de minutes seulement. Comme s’il ne faisait plus aucun doute que l’incarnation du Front de gauche, aujourd’hui comme demain en 2012, c’était lui, Mélenchon et personne d’autre. Oublié l’autre candidat déclaré, le député communiste du Puy-de-Dôme André Chassaigne. Comme si Pierre Laurent acceptait, par sa présence sur le plateau comme simple invité, ce verdict. Comme si, finalement, tout était déjà plié...