La montée apparemment inexorable du chômage de masse vient de franchir une nouvelle étape avec les chiffres révélés hier. Comme on pouvait l’ancitiper en décembre, le record historique va bientôt être battu, sans que cela semble émouvoir particulièrement un PS, plus occupé par les déficits…
L’urgence de l’emploi ignorée et minorée
Il y a quelques jours, l’immolation d’un chômeur nous a rappelé la désespérance que produit le chômage de masse. Car contrairement au discours des néolibéraux, la grande majorité des chômeurs sont bien des victimes d’une société qui maintient un niveau de chômage trop élevé. Comme l’avait noté Krugman dans son dernier livre, quand Mac Donald’s offre cinquante mille postes aux Etats-Unis, il reçoit un million de candidatures, signe d’un déséquilibre sur le marché de l’emploi.
Pire le niveau réel du chômage est considérablement sous-évalué par les statistiques. En effet, il ne faut pas oublier que le taux de chômage officiel de 10% environ ne comprend qu’une partie des demandeurs d’emplois. En réalité, si on prend l’ensemble des catégories, le nombre de chômeurs est d’environ 5 millions, soit plus de 15% de la population active. Et encore, il ne faut pas oublier qu’une partie non négligeable de la population active (20%) est fonctionnaire, et est donc protégée.
Cela signifie par conséquent que le taux de chômage chez les salariés du privé tourne sans doute autour de 20% ! Et si on y ajoute tous les salariés qui sont en contrats précaires ou dont l’entreprise est dans une situation difficile, on se rend compte qu’en réalité, il y a deux marchés du travail : celui des fonctionnaires et des salariés du privé protégés et ceux qui sont au chômage ou dans une situation précaire. Aujourd’hui, une grande part de la population n’est pas dans une position stable.
Le laisser-faire effarant des « socialistes »
Il est proprement stupéfiant de constater que le PS, au pouvoir après 10 ans d’opposition, choisisse finalement de donner la priorité à la réduction des déficits, quelles qu’en soient les conséquences sur l’emploi. Il est bien évident que les près de 40 milliards d’euros de réductions de déficits faites en 2012 et 2013 expliquent en partie l’envolée du chômage depuis la rentrée. Les dispositifs pour l’emploi sont un détail cosmétique par rapport à l’ensemble de la politique suivie.
En outre, le PS ne fait rien pour défendre l’emploi : ils laissent rentrer les pneus chinois, Continental et Goodyear ferment chacun une usine. On laisse rentrer les voitures coréennes ou importées des pays à bas coût, PSA et Renault produisent 50% de moins qu’en 2005 et suppriment plus de 15 000 postes. En outre, nous laissons faire une politique monétaire mortifère qui produit un euro cher quand la Fed étasunienne se fixe comme objectif la baisse du chômage sous 6.5%.
C’est triste à dire, mais les déclarations de Philippe Séguin sur le « Munich social », qui fêteront leurs 20 ans cette année, n’ont pas pris une ride et ont gardé toute leur actualité. Du fait de positions dogmatiques sur la question du libre-échange, de la monnaie ou de la finance, les dirigeants issus du PS ou de l’UMP ne se donnent pas les moyens de véritablement agir pour réduire le chômage. Ils préfèrent des dogmes mille fois invérifiés au sort de millions de leurs compatriotes au chômage.
Non, nous n’avons pas tout essayé contre le chômage, loin de là. Roosevelt, ayant compris l’importance de l’enjeu, avait su prendre des mesures exceptionnelles. Et comme nos politiciens du PS et de l’UMP ne semblent pas comprendre cela, il n’y pas 36 solutions : se débarrasser d’eux.