Mercredi 21 août, le monastère catholique de Beit Jamal, en Israël, a été la cible de jets de cocktails Molotov, et a été recouvert de graffitis particulièrement vindicatifs, au nombre desquels se trouvaient les injonctions « Vengeance » et « Mort aux goys ».
L’année précédente, c’est le monastère – toujours catholique – de Latroun, près de Jérusalem, qui avait subi un sort similaire. Les protestations qu’avaient alors émises les évêques catholiques de Terre Sainte semblent n’avoir pas atteint les oreilles des autorités israéliennes, certainement trop occupées à défendre les quartiers entiers de certaines villes où les Palestiniens se voient purement et simplement refuser le passage.
Ce scandale restera bien sûr inconnu du grand public, tout comme l’est un autre, remontant à 2005, mais encore présent dans les esprits : Irénée Ier, patriarche orthodoxe de Jérusalem, était alors accusé d’avoir effectué des tractations immobilières avec l’État israélien (le Patriarcat orthodoxe de Jérusalem possédant, suite à sa présence millénaire en Palestine, l’immense majorité du patrimoine foncier de ces territoires). Un tel acte, hautement incompatible avec la représentation que se fait l’Église orthodoxe du ministère d’un prêtre, a alors conduit son Synode d’évêques à lui retirer la charge de patriarche, appuyé par les patriarches des autres églises orthodoxes autocéphales, et à le remplacer par un nouveau patriarche, Théophile III.
L’Autorité palestinienne et la Jordanie ont pris acte de ce changement et reconnu le nouveau patriarche comme tel. L’État d’Israël, quant à lui, refuse depuis huit ans d’effectuer cette reconnaissance et continue de considérer le précédent patriarche comme le chef de l’Église orthodoxe locale.
Ces diverses affaires montrent le peu de cas que fait Israël du respect et de la protection des autres cultes. Dans un cas, l’État hébreu soutient une crapule qui sert ses intérêts contre l’une des plus anciennes institutions religieuses du pays. Dans l’autre, elle ne lève pas le petit doigt pour empêcher les groupes religieux fondamentalistes, qui pullulent dans les colonies illégales établies sur les collines de Cisjordanie, de s’en prendre aux lieux de culte d’une des églises restées neutres et pacifiques dans le conflit actuel.
Ceci alors que jour après jour, le parti atlantiste nous présente Israël comme un havre de paix et de tolérance religieuse mis en péril par les terroristes islamistes du Hamas et, depuis la récente décision bruxelloise, du Hezbollah. Les règles qu’ont édictées les tenants de la pax americana pour installer Israël ne sont même plus respectées par le protégé de Washington. Il serait temps que la France et l’Union européenne cessent de suivre leur maître américain dans ses manigances, et soient fidèles aux principes qu’elles ne manquaient pas de défendre lorsque, il y a peu, un projet d’attentat contre une mosquée soulevait tout ce qu’il y avait de bonnes âmes à Paris.