Jeudi noir, qui sont-ils en réalité ?
C’est bien malgré nous que parfois on se retrouve à la rue, l’avenir étant ce qu’il est, on est quelques fois confronté à des choix difficiles. C’est ainsi qu’un ami et moi, en situation personnelle précaire, nous nous sommes rendus à Paris pour trouver du travail. Diplômé en art et culture pour l’un, biologie pour l’autre. Lorsqu’on a peu d’expérience, c’est souvent là bas que se trouve les solutions, malheureusement... Malheureusement, car Paris sait être un monstre, le gros problème reste le logement... Se loger à Paris est tout simplement impossible pour les moins chanceux, ceux qui ne sont pas nés avec une poire en argent dans le cul...postérieur .
Nous nous sommes retrouvés à Paris et évidemment à la rue... Nous avions entendu parler de l’association/collectif, Jeudi Noir. En effet, pour ne pas connaître ce collectif, ne pas avoir vu un de leurs reportages sur toutes les chaînes de TV confondues, ne pas être tombé sur un article dans les nombreux médias, il fallait bien vivre dans une grotte.
Nous avions pourtant voulu mettre toutes les chances de notre côté, avant de partir nous avions remplis le « formulaire » d’aide au logement, trouvable sur le site de Jeudi noir, entre le reportage sur la venue de Besancenot et celui de TF1. Ce formulaire est une sorte de lettre de motivation : qualités, défauts, réelles motivations, et tout le tralalala. On y indiquait même nos coordonnés, Hop envoyé !
Nous ne recevrons aucune réponse à cette prise de contact. Pour nous assurer encore plus de chances, nous avions récupéré le numéro du président, Europe écologien, Julien Bayou. Il était trouvable sur les nombreux sites et blogs, ouverts par ces « galériens du logement » et enfin nous avions récupéré des adresses des squats vantées par le collectif, dont celle de la fameuse Marquise dans le 4eme, face à la Place des Vosges.
Première prise de contact téléphonique, on va appeler plusieurs fois Julien Bayou, finalement après plusieurs répondeurs, c’est par SMS que nous allons réussir à obtenir une réponse. On lui demandera dans un premier temps de le rencontrer pour qu’il puisse nous venir en aide grâce à son association, malheureusement sa réponse sera expéditive : J’ai des tas de réunions, pas le temps !
On insistera, par ce froid de fin novembre, en demandant alors à être mis en contact avec d’autres personnes, moins occupées ou ayant au moins une adresse : Plus aucune réponse !
Déçus, nous nous motivons pour aller au devant des squats, si il est vrai qu’ils sont ouverts, alors on pourra au moins s’y réchauffer et y dormir, nous ne demandions pas plus, au moins la nuit au chaud.
Arrivé au Squat, celui dont on parlait avec fierté dans le journal Le Monde, la veille encore. Stupeur, devant l’entrée, fermée, un SDF dort. On trouve ça presque paradoxal, une personne dormant dehors, dans le froid, devant l’entrée d’un squat. Puis on va rencontrer d’autres petits gars, bien remontés contre Jeudi Noir. Ils nous apprennent que depuis que les Jeudi noirs sont installés, ils leur ont interdit l’entrée et leur ont toujours refusé une petite place pour dormir, donc ils devaient dormir dans le froid... Je remarque aussi sur les murs plusieurs insultes et reproches envers Jeudi. On accusait notamment Jeudi noir d’avoir laissé des travailleurs sans papier dormir à la rue.
Dans un article paru dans Le Monde le 25 novembre 2009, le collectif Jeudi Noir se vantait de ne pas être des « punks à chiens », il fallait ajouter qu’ils n’en voulaient pas non plus. Pendant plusieurs heures, on va essayer de rentrer, mais la porte est bien bloquée. On finira pas rencontrer un des « locataires » de la Marquise, par hasard, dehors. Il va alors nous avouer que s’il est là, c’est par nécessité. Qu’il est loin d’être en accord avec la doctrine des squatters de Jeudi Noir, laisser les gens à la rue, ça ne lui plaît pas. Il nous avouera ensuite que beaucoup de jeunes Jeudi Noir, auraient en réalité la possibilité de vivre chez leurs parents ou grâce à l’aide de ceux-ci, mais veulent rester ...indépendants ! Il va nous dire aussi qu’il n’a pas le droit de faire monter des amis et que le squat est plein, puis ajoutera que c’est faux Jeudi Noir n’a pas ouvert des tas de squats dans Paris, il n’y a que celui-ci actuellement, 30 personnes sont dedans, il est plein, rien d’autre. Ces personnes sont des étudiants (diplômés mais surtout souvent encartés ) qui ont l’impression d’être chez eux et qui ne veulent même pas discuter avec les gens à la rue, c’est pas leur affaire. Ils sont bien installés, ne veulent pas être dérangés. Malheureusement la suite lui donnera raison, lorsque deux autres personnes de son squat passeront à côté de nous, sans même prendre le temps de répondre à nos sollicitations. A notre seul interlocuteur, décidé à nous parler, on argumentera bien qu’ils ont ouvert pour Jack Lang la veille, qu’ils pourraient bien faire un petit geste, on commence à avoir froid. Qu’on est même plus à gauche que Lang. Que finalement le squat est autant à eux qu’a nous, car à personne. Mais la réponse sera toujours : Non.
Finalement, on finira la nuit à dormir dans un parking souterrain... Heureusement, nos soutiens de la soirée, ces jeunes petits SDF, nous donneront les lieux à éviter.
Conclusion, le très médiatique Jeudi Noir n’est qu’un écran de fumée, les fondateurs ne sont que des politiques, leur soi-disant engagement pour les mal logés n’est qu’une illusion, c’est pour eux la carte de visite de leur carrière politique. En lisant Le Monde mercredi 25 ; on pouvait voir :
"Au fil des années, les convictions politiques des cofondateurs se sont, elles, affirmées. Militant Vert, depuis 2004, Manuel Domergue, aujourd’hui journaliste au mensuel Alternatives économiques, a été assistant parlementaire du sénateur Jean Desessard du même parti. Julien Bayou et Lionel Primault, après avoir fondé une coopérative de communication pour des ONG et des syndicats, se sont présentés sur la liste d’Europe Ecologie aux élections européennes.
Non élus, ils vont bientôt travailler avec une de leurs amies de Jeudi noir, Karima Delli, élue euro-députée au côté de Daniel Cohn-Bendit. Cette "branche verte" a créé, en avril 2008, le collectif Sauvons les riches contre les inégalités de revenus. Leïla Chaibi, diplômée de l’Institut d’études politiques de Toulouse, a fondé de son côté, le collectif l’Appel et la pioche contre la baisse du pouvoir d’achat, au sein du NPA."
On leur souhaite de rater totalement dans cette voie politique, le monde n’a pas besoin de machiavels aussi cyniques et manipulateurs.