Voici le texte de Rudy Reichstadt, à la tête du site ultrasioniste Conspiracy Watch :
« Krapo » : c’est sous ce pseudonyme que Clément, un jeune dessinateur, a évolué plusieurs années durant dans l’une des mouvances conspirationnistes les plus influentes et les plus radicales, celle de Dieudonné et d’Alain Soral. Comment Clément s’est-il rapproché de la « Dissidence » ? Qu’y a-t-il fait ? Comment et pourquoi s’en est-il éloigné ? C’est à ces questions – et à bien d’autres – que Clément a accepté de répondre, en toute transparence, lors de l’entretien qu’il nous a accordé.
Toute ressemblance avec les séances d’autoculpabilisation ou d’auto-accusation stalinienne ou maccarthyste est évidemment fortuite. Aujourd’hui, la repentance est sioniste et a pour nom techouva.
Les dessins compromettants du vilain Krapo à l’origine de son retournement
Pour soutenir Dieudonné face à ce que je pense être de la censure, je fais quelques dessins que je poste sur Facebook sous le pseudo Révolution de la Quenelle. Je suis à fond dans l’aventure de la “dissidence”. Ma position anti-système se renforce. pic.twitter.com/YLDCZDHhO5
— Krapo (@bavedukrapo) July 1, 2020
Pour s’expliquer, Krapo (qui est désormais en pointe de la lutte anti-Casasnovas) a publié le 1er juillet 2020 ce qu’on appelle un thread sur Twitter, c’est-à-dire une suite de tweets pour raconter une histoire. Le thread est ici, et pour ceux qui ne sont pas sur ce réseau social de plus en plus mainstream, voici la substantifique moelle de l’autoconfession de Krapo :
« Comment je me suis retrouvé à faire des dessins pour l’extrême-droite ?
Par ce témoignage, je souhaiterai informer sur le fait qu’il n’y a pas de profil type des personnes qui défendent ces idées là. Peut-être aussi comprendre comment on peut en arriver là. Je vous raconte tout ça sans filtre donc TW : racisme, antisémitisme, négationnisme.
En 2013 je découvre les spectacles de Dieudonné. Je suis happé par son jeu, son écriture. Puis arrive la séquence d’opposition avec Manuel Valls, cet antagonisme renforce mon écœurement envers la classe politique et mon adhésion au discours anti-système.
Sans m’en rendre compte, je m’adonnais à une sorte de culte de la personnalité, je commencais à tout écouter : ses interviews, ses prises de parole, ses films etc. Je découvrais aussi ceux qui gravitent autour de lui, avec en première place Alain Soral.
A ce moment là je travaille seul en faisant des tâches répétitives, j’ai besoin d’écouter des émissions. Après une première réaction de rejet, peu à peu le discours infuse dans mon esprit. Mes barrières mentales tombent, et je commence à le croire.
Pour soutenir Dieudonné face à ce que je pense être de la censure, je fais quelques dessins que je poste sur Facebook sous le pseudo Révolution de la Quenelle. Je suis à fond dans l’aventure de la “dissidence”. Ma position anti-système se renforce.
Je fus séduis par leurs positions sur la Palestine, le Venezuela, la Lybie etc. J’adhérais à beaucoup de leurs discours complotistes, ayant cru au complot du 911 etc. Puis je passe du soutien au peuple palestinien, à l’antisionisme, puis au lobby juif, et enfin au révisionnisme.
Je n’avais aucune arme intellectuelle pour me défendre. J’étais totalement ignorant en histoire/politique. C’était tellement percutant. Ils parlaient avec tant de certitude. A mesure que le pouvoir leur tapait dessus, j’y voyais bêtement une preuve qu’ils devaient avoir raison.
Je fais une peinture pour Dieudonné (un portrait avec le drapeau palestinien) que je lui ai remis à la Main d’Or après un spectacle. C’est la seule fois où j’ai échangé deux mots avec lui. Je publie aussi un article pour prendre sa défense.
Je continue de publier des dessins sur ma page. Sans le savoir je ne fais que mettre sur papier leurs mensonges, ne connaissant rien aux sujets que je traite. Mais je me sens utile. À ce moment là je n’ai pas vraiment d’amis, je passe de longues heures seul sur mon ordinateur.
Je clôture ma page Facebook et j’en crée une autre sous le pseudonyme de Krapo. J’ouvre aussi un blog pour partager mes dessins. Ils sont sont souvent relayés sur le site Égalité & Réconciliation. J’y trouve même une certaine fierté à cette époque.
J’entre dans un groupe privé de dessinateurs. Je me sens accepté et je suis heureux d’appartenir à cette petite communauté. Le "chef" m’introduit auprès de proches de Soral. Ils ont besoin d’un graphiste pour faire les encarts titres pour les vidéos sur son canapé rouge. »