Comprendre les intentions du gouvernement au sujet de nouvelles restrictions budgétaires pour les forces armées est compliqué…
Prenez par exemple le cas de Michel Sapin, le ministre des Finances. Invité de la matinale d’Europe1, ce 15 mai, il a nié avoir parlé de « coupes budgétaires » (ce qui est vrai puisque c’est l’opposition qui a mis le sujet sur le tapis) car « les crédits de la Défense ne sont pas comme les autres ».
De quoi rassurer les militaires et les industriels de l’armement ? Pas vraiment. Car M. Sapin a poursuivi en disant : « Mais lorsque tout un pays fait des efforts, recherche 50 milliards d’économies – moi, je suis le comptable de ces 50 milliards d’économies – (…) tous les ministères auront à faire un effort et c’est légitime ». Plus loin, le même assure que les crédits de la Défense seront « protégés » et qu’ils le « seront jusqu’au bout ».
Comment alors concilier cette contradiction qui consiste à dire que les armées devront faire un effort au même titre que les autres sans toucher à leurs crédits ? De l’intervention, la veille, du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, à la tribune de l’Assemblée lors des questions au gouvernement, M. Sapin n’a retenu qu’une chose : « La souveraineté de la France, ça passe par une défense efficace. La souveraineté de la France, ça passe par une rééquilibrage des finances publiques ».
Mieux encore, en fin d’entretion, le ministre des Finances a dit que pour « les militaires au Mali » et « en Centratrique » ainsi que pour « ceux qui prennent des risques » et qui « sont sur le terrain », ce n’est « pas une diminution de crédits mais une augmentation de crédits ». À en perdre son latin…
En attendant une déclaration du président Hollande, qui promis, à plusieurs reprises, de « sanctuariser » le budget de la Défense, Michel Sapin pourrait avoir à éclaircir sa position devant les députés de la commission de la Défense et des Forces armées, les élus de l’opposition ayant demandé son audition pour qu’il « s’explique clairement sur cette question et fasse en sorte que les engagements plusieurs fois réitérés (…) soient pleinement respectés ».
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