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Crise à Сhypre : Et si le rêve européen touchait à sa fin ?

par Alexandre Latsa

Un peu d’histoire

Les récents événements à Chypre ont donné lieu à un déferlement médiatique excessif et souvent bien éloigné de la réalité. La partie sud de l’île de Chypre (la partie nord étant envahie militairement par la Turquie depuis 1974) est peuplée de 770 000 habitants et ne représente que 0,3% du PIB de la zone euro.

L’île, bien que relativement méconnue du grand public, du moins jusqu’à cette crise, a eu une histoire très tumultueuse la partageant largement entre l’Occident et l’Orient. Les lecteurs souhaitant en savoir plus peuvent consulter cette histoire illustrée de l’île s’arrêtant à 2004.

C’est justement à cette date que Chypre a intégré l’Union Européenne (le pays étant le plus riche des nouveaux entrants à l’époque) puis en 2008 Chypre a intégré la zone euro. À ce moment l’île connaissait déjà des afflux de capitaux russes et la législation fiscale y était déjà sensiblement la même qu’aujourd’hui.

La même année la crise financière a frappé l’île comme tous les pays occidentaux et lors de la restructuration de la dette grecque, les actifs des banques chypriotes (qui contenaient une forte proportion de bons du trésor grecs) ont été brutalement dévalorisés par cette décision de l’Eurogroupe. Le pays en 2011 avait pourtant une dette en pourcentage du PIB inferieure à celle de la France, de l’Italie et de l’Allemagne.

Jacques Sapir rappelle en outre que les banques chypriotes ont aujourd’hui des actifs qui sont égaux à 7,5 fois le PIB de l’île, alors que la moyenne dans l’UE est de 3,5 fois, mais que c’est largement moins par exemple que le Luxembourg dont les actifs bancaires pèsent 22 fois le PIB.

Le racket fiscal : nouvelle solution pour régler la crise ?

La Troïka (une alliance de la BCE, du FMI et de l’UE) a donc choisi une mesure radicale pour récupérer la trésorerie nécessaire au renflouement des banques : le prélèvement de l’argent via une ponction obligatoire pour tous les détenteurs de comptes sur l’île. Une mesure sans précédent et vraisemblablement contraire à toutes les normes juridiques bancaires internationales, que les autorités russes ont qualifié non seulement d’injustes et dangereuses et qui montrent bien selon eux que le modèle économique néolibéral est complètement épuisé. Des officiels russes ont même parlé d’une mesure de type soviétique et la presse russe a elle titré sur la fin de l’Europe civilisée.

Les commentateurs français quant à eux ont ces derniers jours au contraire justifié ce racket fiscal imposé sur les comptes chypriotes par la Troïka en affirmant qu’après tout on y prélevait de l’argent sale et russe, ou russe et donc sale, et que par conséquent la mesure était justifiée.

Mention spéciale à Marc Fiorentino pour qui il ne faut pas "s’emmerder" avec ce pays (…) Dans "lequel les gens ne payent pas leurs impôts (…) Et en frappant l’argent de la mafia russe". Les Chypriotes apprécieront. Pour Christophe Barbier la mesure vise "l’argent pas propre de Chypre" ce que les milliers de petits salariés qui risquent d’être maintenant licenciés auront sans doute du mal à croire. Les politiques ne sont pas en reste. Pour le Ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères Bernard Cazeneuve "il est normal que les oligarques russes payent", pour Alain Lamassoure "il est normal que la lessiveuse à laver l’argent sale qu’est Chypre soit arrêtée et que les oligarques russes payent" et pour Daniel Cohn-Bendit "qu’on taxe un oligarque russe ne va pas lui faire mal digérer ce qu’il a mangé ce soir". Quant à François d’Aubert il affirme lui "qu’il n’y a pas de raison que le contribuable européen finance l’épargne des oligarques russes".

On aimerait bien entendre les mêmes commentateurs sur les investissements russes en Angleterre, ce pays qui accorde le droit de résidence à un grand nombre d’oligarques dont on peut grandement douter qu’ils aient fait fortune légalement, ou même et pour faire plus proche sur nombre d’investissements russes en France notamment sur la cote d’Azur à la fin des années 90.

Romaric Gaudin remet lui relativement les pendules à l’heure en rappelant que "Les Européens, prompts à pleurer sur le sort peu enviable de Mikhaïl Khodorkovski oublient que ce dernier avait construit son empire sur la banque Menatep, basée à… Chypre" ou encore que "Lorsque l’argent russe va vers Chypre, il est forcément sale. En revanche, lorsque l’argent russe construit un gazoduc sous la baltique vers l’Allemagne, investit dans le football britannique, il devient respectable".

Les mythes sur Chypre ont la peau dure

À Chypre, en y regardant de plus près, la situation n’est pas vraiment celle décrite dans la presse francophone.

D’après l’économiste Natalia Orlova, le montant des dépôts dans les banques chypriotes s’élève à 90 milliards d’euros (particuliers et entreprises) dont seulement 30% est détenu par des personnes (morales ou physiques) pas originaires de la zone Euro. Les dépôts russes à Chypre sont selon elle estimés à environ 20 milliards et 13 milliards correspondent à des dépôts grecs, britanniques mais aussi du Moyen-Orient. L’immatriculation de sociétés a en effet contribué à la fortune de Chypre, qui offre il est vrai un cadre légal et fiscal avantageux et très souple. De nombreuses sociétés se sont ainsi très logiquement et légalement domiciliées à Chypre, au sein de l’Union Européenne.

Parmi elles de nombreuses sociétés russes ayant des activités économiques intenses avec l’UE, bénéficiant à Chypre d’un régime fiscal avantageux (I.S à 10%) et d’un traité de non double imposition leur permettant donc de rapatrier leurs profits en Russie sans être taxées deux fois.

Les arguments basés sur la "volonté de lutter" contre le blanchiment d’argent sale et russe, ou russe et forcément sale, ont tourné à la caricature grotesque puisque si les dépôts russes à Chypre se montent à environ 20 milliards d’euros, à titre de comparaison l’an passé, on a enregistré 120 milliards d’euros de mouvements de fonds russes vers Chypre, mais aussi et surtout 130 milliards d’euros de mouvements de fonds de Chypre vers la Russie.

Depuis 2005 les investissements de Chypre vers la Russie sont supérieurs aux investissements de Russie vers Chypre ! Selon Marios Zachariadis, professeur d’économie à l’université de Chypre : "la proportion des avoirs étrangers illégaux à Chypre n’est pas supérieure à ce qu’elle est en Suisse ou au Luxembourg", pays qui vient par ailleurs il y a peu de signer le traité de non double imposition avec la Russie tout comme Chypre. Une réalité confirmée par le secrétaire d’État allemand aux Finances, Stefan Kampeter qui a explicitement affirmé qu’il "n’y avait aucun signe à Chypre de dépôt illégal et que les allégations de blanchiment d’argent contre Chypre ne pouvaient être prouvées".

Le parlement chypriote a voté contre le pan initial de la Troïka qui envisageait un prélèvement obligatoire sur tous les comptes de l’île et c’est seulement dans la nuit de dimanche à lundi dernier qu’un accord a été trouvé, à savoir le prélèvement de 100% des actifs au-dessus de 100 000 euros sur tous les comptes de la banque la plus malade de l’île, et un pourcentage non encore fixé (30 à 40%) au-dessus de 100 000 euros sur tous les comptes de la seconde grande banque du pays.

En clair, le racket pur et simple de l’argent chypriote et non chypriote (russe, est-européen, anglais et oriental) massivement stocké dans les deux principales banques de l’île. Est-ce normal que des actifs étrangers légaux payent pour la crise grecque ? Peut-on imaginer les sociétés françaises ou américaines de Russie se faire taxer 40% de leurs actifs pour payer la dette d’un pays qui au sein de l’Union Eurasiatique serait mal en point ? On peut tenter d’imaginer la réaction américaine dans une telle situation.

La guerre financière, entre énergie et orthodoxie

Chypre apparaît en réalité de plus en plus comme un maillon (un pion pour Thierry Meyssan) au cœur d’une tension géopolitique opposant de plus en plus directement et frontalement la Russie et l’Occident.

L’Eurogroupe a sans doute rempli ses objectifs réels. Tout d’abord celui de prendre une mesure test sur un pays de petite taille et qui a sans doute servi de laboratoire. Déjà l’Espagne et la Nouvelle Zélande se sont dites prêtes à faire passer une mesure similaire, pour combler le déficit de leurs systèmes bancaires. Nul doute que la liste va s’allonger. Les conséquences vont sans doute être très lourdes et pourraient insécuriser de nombreux titulaires de comptes dans la zone Euro. Bien que l’Eurogroupe répète en boucle que Chypre est un cas bien à part, nombreux sont les Européens tentés de déplacer leurs actifs financiers ailleurs, et sans doute outre-Atlantique, affaiblissant ainsi de plus en plus l’Europe et la zone euro.

Les Chypriotes l’ont bien compris en brandissant dans la rue des pancartes "Nous ne serons pas vos cobayes" et alors que les rues de Nicosie sont pleines de messages adressés aux frères orthodoxes russes et que les manifestations de ces derniers jours voient fleurir les drapeaux russes.

Après la faillite de la Grèce, la Russie s’était engagée il y a près d’un an sur la voie du rachat du consortium gazier grec DEPA/DESFA par Gazprom. Ces négociations intervenaient quelques mois après la chute du régime libyen (et la perte financière importante liée pour Moscou) mais elles se sont visiblement arrêtées lorsqu’il y a un mois le département d’État américain a tout simplement mis en garde Athènes contre une coopération énergétique avec Moscou et déconseillé une cession de DEPA à Gazprom qui "permettrait à Moscou de renforcer sa domination sur le marché énergétique de la région".

Empêcher une plus grande intégration économique Russie-UE est-il vraiment dans l’intérêt de l’Europe aujourd’hui alors que le président chinois vient de faire sa première visite internationale à Moscou avec à la clef une très forte intensification de la coopération politique, militaire mais aussi et surtout énergétique entre les deux pays ?

En sanctionnant ainsi directement les actifs russes dans les banques de Chypre, c’est la Russie qui est directement visée et touchée. Bien sûr les Russes ont logiquement des visées et elles sont bien plus importantes que la simple exploitation du gaz offshore dont le consortium russe Novatek a été exclu de façon assez inexpliquée.

D’après l’expert en relations internationales Nouriel Roubini, la Russie vise simplement l’installation d’une base navale sur l’île (ce que les lecteurs de RIA-Novosti savent depuis septembre dernier) et que les Russes pourraient tenter de monnayer en échange d’une aide financière à Nicosie.

À ce titre, les négociations russo-chypriotes n’ont pas échoué contrairement à ce que beaucoup d’analystes ont sans doute hâtivement conclu. Mais Chypre ne se trouve sans doute pas suffisamment dans la sphère d’influence russe au vu de la dimension de tels enjeux. Il faudrait pour cela qu’elle quitte l’UE et rejoigne la Communauté économique eurasiatique, comme l’a clairement indiqué Sergueï Glaziev, le conseiller du président Poutine.

Il faut rappeler que Sergueï Glaziev avait au début de cette année dénoncé la "guerre financière totale que mènent les pays occidentaux contre la Russie aujourd’hui". Une guerre financière qui semble confirmée par les dernières menaces de la BCE envers la Lettonie pour que celle-ci n’accueille pas d’éventuels capitaux russes qui pourraient vouloir sortir de Chypre.

Sur le plan extérieur, Chypre reste un maillon crucial pour la Russie dans le cadre de son retour au Moyen-Orient et en Méditerranée, mais aussi dans le cadre de ses relations avec l’Occident. Sur le plan intérieur, le pouvoir russe peut enfin montrer qu’il est décidé à maintenir ses objectifs de lutte contre l’offshorisation de l’économie russe, dont Vladimir Poutine avait fait un point essentiel, dans son discours de fin d’année 2012.

C’est dans cette optique que le groupe public russe Rosneft vient d’indiquer qu’il allait rapatrier de plusieurs zones du monde réputées offshore les actifs hérités lors de l’acquisition de son concurrent anglais : TNK-BP, notamment de Chypre et des Caraïbes.

Au cœur du monde orthodoxe, la fin du rêve européen ?

Mais pendant qu’Occident et Russie s’affrontent par territoires interposés au cœur de la Méditerranée (Grèce, Syrie, Chypre…) le peuple chypriote et les dizaines de milliers de travailleurs anglais et est-européens immigrés à Chypre vont payer la facture et sans doute traverser des années difficiles, Jean-Luc Mélenchon a par exemple déjà promis l’enfer aux Chypriotes.

Alors que la Bulgarie a récemment interrompu ses négociations d’intégration à l’euro, la Grèce continue à s’enfoncer dans l’austérité. À Chypre aujourd’hui, selon les derniers sondages, 67% des habitants souhaitent désormais que leur pays quitte la zone euro, l’UE, et se rapproche de la Russie, une position soutenue activement par l’Église orthodoxe chypriote.

Au cœur de la Méditerranée et du monde orthodoxe, le rêve européen semble toucher à sa fin.

 






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24 Commentaires

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  • #371014

    Et dire qu’aujourd’hui c’est la Russie et la Chine qui défendent le droit international face à l’Occident démocratique va-t’en-guerre.

    Je pense que la pire arnaque de l’Occident depuis les Lumières, c’est la démocratie. Et le meilleur endroit sur Terre pour en voir se déployer le visage mensonger, c’est en Françafrique, dans ses Républiques bananières créées de toutes pièces par la France, et où la démocratie de façade cache les pires des dictatures. C’est l’école d’Omar Bongo, à laquelle est inscrite toute la classe politique française depuis Pompidou.

     

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    • #371613
      Le Mars 2013 à 23:05 par Thémistoclès
      Crise à Сhypre : Et si le rêve européen touchait à sa fin ?

      Ne nous voilons pas la face avec la FrançAfrique. A l’époque, il était très difficile de se priver en même temps de nos colonies et de nos "intérets" commerciaux. Nous étions en concurrence avec les anglo-saxons et aux prises avec la Guerre Froide. Les Etats-Unis nous poussaient à brader notre empire colonial, tout comme celui des Britanniques.

      Aujourd’hui, avec la REFONDATION de l’OCCIDENT en cours, il n’est plus possible de continuer longtemps ces pratiques.

       
  • #371078
    Le 28 mars 2013 à 14:10 par matrix le gaulois
    Crise à Сhypre : Et si le rêve européen touchait à sa fin ?

    Pourvu que cela se fasse.

     

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  • #371113

    Un article passionnant du grand philosophe Agamben sur l’Europe qui va dans le sens des analyses de ER :

    http://www.liberation.fr/monde/2013...

     

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  • #371172

    J’ai lu qu’il ya avait des gardes du corps avec des armes dans les Banques Chypriotes aujourdhui. Ils ont pris toutes mesures pour bloquer les comptes. La Bourse de Chypre est restee fermee et demain les Bourses du monde entier seront fermees a cause des Fetes de Paques. Ma question est : Est ce que on deja vu dans l’histoire des banques une pareille chose ? Des comptes que l’on bloque, des hommes avec des armes, des clients qui se font voler leurs biens...

     

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  • #371201

    A E&R vous ne voulez pas admettre que les Chypriotes ne payant pas d’impot, il est normal que le gouvernement taxe l’épargne . Ca vous amuse de payer les fonctionnaires Chypriotes ? Pas moi .

     

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  • #371245

    Seul le général de Gaulle a peut-être caressé le rêve d’une Europe indépendante, non alignée. Mais il a vite vu que ce rêve n’était même pas partagé par l’Allemagne. Résultat nous nous retrouvons en grande partie par la faute de la gauche mitterrandienne qui a eu une approche idéologico-sentimentale de ce dossier dans une construction bâtarde dont le flou artistique de façade (le gêne français) dissimule de moins en moins son gêne allemand, à savoir la volonté de puissance de l’Allemagne que celle-ci ne peut réaliser que dans le rôle de tête de pont de l’Amérique. La situation apparaît très délicate. La réorientation du projet européen ne paraît pas possible tant l’Europe est divisée sur le plan politique. Il ne semble pas y avoir d’autre solution que d’en revenir à la situation prévalant avant la mise en place de l’UE et sortir au plus vite de l’Otan. Il faut se méfier plus que jamais des décisions qui nous rapprocheraient encore davantage du point de non retour, notamment dans le domaine de la défense nationale.

     

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  • #371367

    Il est suicidaire pour nos élites d’affirmer superbement qu’il y de l’argent sale à Chypre tout en ayant fait rentrer ce pays dans la zone euro
    Soutenir qu’il faut punir ce pays au nom de la morale et de la justice est une position disqualifiante

     

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  • #371478

    Jean gabin nous a parfaitement déjà joué le couplet de cette europe de merde atlantosioniste ou EMPIRE...

    .....a voir sans moderation et faire suivre : http://www.youtube.com/watch?v=Dq8C...

    bonne lecture.....

     

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  • #371783

    Chypre est rentrée dans l’union européenne non pas pour des raisons économiques (son économie se portait mieux avant l’entrée dans l’union européenne) mais pour des raisons politiques : pour essayer de se renforcer politiquement vu la présence de la Turquie au nord.

     

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  • #372537

    Attali est en train de dire n’importe quoi dans « Ce soir ou jamais » chez Taddei.

    Il dit que les Chypriotes ne paient pas d’impôt c’est faux

    http://www.planet-expert.com/fr/pays/chypre/fiscalite-taux-d-imposition
    Impôt sur le Revenu Taux progressif de 0% à 35%.
    19.501 – 28.000 EUR 20%
    28.001 – 36.300 EUR 25%
    36.300 – 60.000 EUR 30%
    Plus de 60.000 EUR 35%

     

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