Jean-Marie Le Pen est un dinosaure de l’histoire politique de la France. Il a traversé deux Républiques, la IVe et la Ve – qui est virtuellement morte –, il a connu huit présidents de la République, il a vu passer des dizaines de gouvernements et des centaines de ministres et enfin, toute la caste des journalistes du Système l’a au mieux critiqué, au pire insulté. Mais Le Pen est toujours là, ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme Le Menhir. Et le 28 mars 2019, un basculement s’est opéré.
Sa parole n’a jamais été livrée brute aux Français, sauf lors des clips de campagne électorale télévisés où chacun avait droit à un minutage précis de temps de parole. La présence de JMLP en plateau a toujours fait l’objet d’un dispositif spécial et d’une préparation psychologique du public, afin qu’il ne tombe pas dans le « piège Le Pen ». Et quel était ce piège Le Pen ? Le goût de la France, du patriotisme, la défense de la nation bref, des idées qui seraient le minimum syndical dans tout autre pays du monde qui se respecte.
Sauf chez nous, qui n’avons pas le droit au nationalisme depuis 1968. Les jeunes gauchistes sionistes de Mai 68 ont bien fait leur travail depuis la révolution orange : les Français sont interdits de nationalisme, considéré comme une exhumation du vichysme ou du colonialisme, deux idéologies dénoncées par le CRIJF puis le CRIF depuis des lustres. Mais tout le monde sait cela.
Un retour en grâce calculé
Il faudra attendre qu’il ait 90 ans pour voir JMLP interviewé presque normalement par un animateur télé qui ne l’a pas déjà jugé. Et encore, Hanouna annonce avant toute chose que les idées de Le Pen ne sont pas les siennes. On s’en serait douté, le CRIF et Le Pen n’étant pas compatibles. Certes, pour les puristes, être « accepté » par un Cyril Hanouna peut être vu comme une humiliation, le Gaulois pur et dur obligé de passer sous les fourches caudines d’un animateur socio-culturel très communautaire, mais on peut le voir aussi autrement.
C’est le « lobby juif » dont parle Élisabeth Lévy qui accorde le droit de parler, et particulièrement à ceux qui sont privés de parole publique. C’est ce lobby qui marginalise, qui bordure, qui isole mais aussi qui dé-marginalise, au gré de ses besoins. Et aujourd’hui, national-sionisme oblige, les idées de JMLP rentrent dans le cadre de la réorganisation politique, le fameux paradigme Zemmour. Car quelle différence auujourd’hui entre un Zemmour et JMLP, à part les origines et le communautarisme ? Ils disent la même chose.
.@EmmanuelMacron, @JLMelenchon, @KMbappe... Le Darka / Rassrah de Jean-Marie Le Pen (oui, oui !) #BalanceTonPost #BTP pic.twitter.com/Ea7dIs6acP
— Balance Ton Post (@BalanceTonPost) 28 mars 2019
Réhabilitation de Jean-Marie Le Pen
Il semble que le national-sionisme réhabilite les idées de JMLP via un Cyril Hanouna qui n’est peut-être pas conscient de l’enjeu. Est-ce aussi un message de réhabilitation de la fille, qui a coché toutes les cases que le CRIF lui a demandé de cocher ? Une rencontre peu médiatisée permet d’y voir encore plus clair.
Une semaine plus tôt, le duo Zemmour & Sarkozy était en tournée en Hongrie. L’idéologue du national-sionisme flanqué de l’ancien président de la République ont répondu à l’invitation du populiste Viktor Orbán. Malgré son éviction du PPE, le parti populiste européen, le Premier ministre magyar incarne une ligne qui monte en Europe, voir par exemple l’Italie. On a beaucoup parlé islam, et plus précisément islamophobie. La ligne dure du sionisme islamophobe presque au grand complet, selon le site courrierdeleuropecentrale.fr :
« Parmi les invités, on trouve de nombreuses personnalités connues pour leurs critiques de la place de l’Islam en Occident ou leur positions franchement islamophobes. Tels que l’écrivain britannique Douglas Murray, auteur de “The Strange Death of Europe : Immigration, Identity, Islam”, l’écrivaine néerlando-américaine d’origine somalienne Ayaan Hirsi Ali, signataire aux côtés de Salman Rushdie du Manifeste des douze “Ensemble contre le totalitarisme” initié par Philippe Val de “Charlie Hebdo” et Caroline Fourest, ou encore l’ancien président tchèque Václav Klaus. »
Les propos rapportés ne laissent aucune place au doute : c’est bien un programme national-sioniste européen qui est présenté.
« Constatant que “le phénomène de la migration est sans aucun doute l’une des questions les plus cruciales pour le destin de l’Europe du XXIe siècle”, le Sommet de Budapest sur les migrations, est présenté comme “une initiative novatrice qui vise à réunir un cercle de haut niveau de décideurs, diplomates, universitaires et experts, anciens et actuels, ainsi que des influenceurs, des personnalités des médias et des personnalités publiques du monde entier. discuter de la question de la migration d’une manière crédible et hautement professionnelle”. »
On est très loin du Pacte de Marrakech et de l’islamogauchisme de la social-démocratie européenne ! Cette branche du sionisme s’oppose en effet à celle, plus soft, européiste mais immigrationniste, de l’attelage Attali-Macron. D’où les problèmes actuels du Président, et la critique toute fraîche de Sarkozy à son égard, un Sarkozy qui « conseille » Macron dans tous les sens du terme. Le Figaro du 29 mars 2019 rapporte les propos de celui qui a été président de 2007 à 2012 :
« Quelque chose a changé ces derniers mois. Après la crise des Gilets jaunes et les samedis marqués par la violence et la casse, Nicolas Sarkozy, qui avait fait part de sa préoccupation au chef de l’État dès leur déjeuner du 7 décembre, s’est montré très critique sur l’incapacité de l’exécutif à restaurer l’ordre et à répondre à la crise sociale. Pour Sarkozy, Emmanuel Macron s’y est très mal pris ces derniers mois avec le grand débat qui n’en finit pas, lui qui avait l’habitude de “cheffer” et de trancher. Il n’a d’ailleurs pas compris que le dernier remaniement se soit étiré dans le temps… pour si peu de changement. Comme il ne comprend pas aujourd’hui les nombreux départs des conseillers de l’Élysée, deux ans à peine après la présidentielle, lui qui avait gardé son équipe pendant cinq ans.
Surtout, la multiplication des actes antisémites a poussé l’ex-président à participer au rassemblement, mi-février, place de la République. Ses mots se font alors cinglants, le message est clair : Macron doit agir pour restaurer l’autorité. “L’État doit répondre. Je suis sûr qu’il le fera. Mais il faut le faire maintenant et avec une fermeté extrême”, fustige Nicolas Sarkozy. “Il a considérablement durci le ton ces derniers temps à l’encontre d’Emmanuel Macron”, reconnaissent plusieurs élus qui l’ont vu dernièrement. »
L’article finit par une prophétie de Sarkozy : « Ça finira mal... À un moment ça va se retourner, et la droite devra être prête. »
Le Grand Pardon du lobby
On voit bien la corde nationale-sioniste se resserrer autour du cou de Macron. Si l’on prend un peu de recul, on découvre qu’en moins de six semaines ont eu lieu trois événements très congruents :
l’agression verbale contre Finkielkraut montée en mayonnaise nationale (sioniste) par l’ensemble des médias et du monde politique,
le débat ou plutôt le combat Zemmour/Belattar, un Belattar qui est aujourd’hui knock-out (et probablement pas par hasard),
et enfin la rencontre incongrue Cyril Hanouna chez Jean-Marie Le Pen, avec Le Menhir qui reçoit une sorte d’absolution. Le Grand pardon du lobby ?
« Il est d’ailleurs franchement rigolo, ce Jean-Marie. Avant de diffuser la première séquence de l’entretien, entrecoupé de commentaires en plateau des chroniqueurs de BTP, les téléspectateurs ont droit à un florilège des "images les plus drôles de Jean-Marie Le Pen". Le Pen porte un masque de carnaval, Le Pen parodie Dark Vador pour la sortie de ses mémoires, Le Pen fredonne "Aux Champs-Élysées" en esquissant quelques pas de danse, Le Pen appelle "au secours" devant la statue de Jeanne d’Arc"… » (Source : Marianne)
Réhabiliter Le Pen pour relancer Sarkozy ?
Cette triple offensive, à la fois philosophique, politique et médiatique, dont la version hanounesque fait hurler Marianne et Télérama – gauchisme indécrottable oblige – doit se comprendre comme une stratégie d’avancée du national-sionisme, qui s’est tout simplement rapproché, sous certaines conditions que Marine Le Pen a acceptées, du Rassemblement national.
Si Zemmour ne croit pas en Marine Le Pen, c’est que le pouvoir profond a prévu de confier les clés du camion à quelqu’un d’autre, à un « recours ». Mélenchon ? Non, il déplaît trop au pouvoir profond, on l’a vu très récemment. De plus, au moment où la presse le salit avec l’antisémitisme, elle commence à blanchir Marine Le Pen et son père.
Alors, Sarkozy ? Il faudrait pour cela que soit atteint un paroxysme dans l’interminable crise politique actuelle, une crise qui ne tombe pas toujours du ciel. L’impuissance de Macron devant la révolte jaune et la répression policière exacerbée vont dans le sens de cette stratégie.
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