L’avocat français Damien Viguier a mis en évidence « les ambigüités françaises de la lutte contre le terrorisme » à partir de faits avérés et de déclarations publiques impliquant en particulier l’ancien ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius.
Pour Maître Damien Viguier, « la prétendue lutte de la France contre le terrorisme est une imposture car le gouvernement français est complice du terrorisme pratiqué en Irak et en Syrie et n’a aucunement l’intention de changer d’orientation ». Il n’y a aucun espoir que le gouvernement français, même confronté au terrorisme qui a lourdement frappé son pays, depuis l’affaire Charlie Hebdo, modifie son attitude de soutien à l’agression terroriste internationale dont la Syrie est victime. C’est la conviction de l’avocat français exprimée dans une conférence-vidéo. Maître Damien Viguier tire ses arguments du comportement de la justice française face au cas Laurent Fabius qu’elle a absous en rejetant les plaintes de civils syriens.
Pourtant, Fabius « a encouragé au moins verbalement les terroristes ». L’avocat rappelle la fameuse phrase de l’ex-chef de la diplomatie française qui avait déclaré – « trivialement », fait-il remarquer – que les terroristes du Front Al-Nosra faisaient du « bon boulot ». L’argutie juridique soulevée par le tribunal pour rejeter les plaintes des civils syriens a été démontée par Me Damien Viguier. L’apologie des crimes du Front Al-Nosra, à quoi il faut ajouter les promesses de livraison d’armes aux terroristes, ou encore l’appel à une intervention armée directe de la France, relevait de la politique française, donc de l’État, et pas de Laurent Fabius, alors, comme la juridiction administrative est incompétente pour condamner l’État à réparations, « Laurent Fabius n’est pas inquiété pour le moment », conclut l’avocat.
Par contre, la justice française ne fait pas preuve de la même complaisance face aux « opposants authentiques au terrorisme ». Elle a poursuivi des « militants et des intellectuels pour avoir manifesté leur solidarité avec les victimes du colonialisme français ». Maître Damien Viguier montre le côté ridicule de cette justice qui a prononcé des « condamnations pénales comme suite à l’affaire Charlie Hebdo contre des enfants, des ivrognes ou des malades mentaux pour avoir brisé la minute de silence ou pour avoir proclamé "Je suis Kouachi" ».
En quoi la France a-t-elle été complice du terrorisme ? L’avocat l’explique :
« Le terroriste a besoin de la complicité d’un ou plusieurs États non seulement pour trouver ses armes, les cadres de son organisation, des membres, un soutien sanitaire mais d’abord et avant tout un soutien diplomatique, pour établir un lien avec la légitimité, un rapport au plan international indispensable pour se distinguer d’avec le brigand pur. »
Dans une interview accordée dernièrement à trois médias français, le président syrien Bachar el-Assad a réaffirmé cette vérité : « La politique de la France depuis le premier jour est de soutenir les terroristes ». Il a accusé Paris d’être « directement responsable des tueries » en Syrie. Il a rappelé que « le président François Hollande a envoyé de l’armement à des groupes modérés qui sont en fait des terroristes ».
Jean-Marc Ayrault, ministre français actuel des Affaires étrangères, en réaction à cette interview, ne rejette pas l’accusation de complicité avec le terrorisme en Syrie, mais la trouve choquante. En fait, il ne peut opposer aucun argument sérieux à cette accusation. Entretemps, la France a perdu tout rôle dans le règlement du conflit syrien qui suit son cours grâce à l’action de la Russie. Hier, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a déclaré à Genève, que des progrès ont été obtenus à l’issue du cycle de pourparlers de paix sur la Syrie et un nouveau round de négociations a été prévu fin mars. L’ordre du jour des négociations a inclus la lutte contre le terrorisme en Syrie.