Le Royaume-Uni craint de plus en plus que les rémunérations excessives versées à certains dirigeants de sociétés ne réactivent les tensions au sein de la société britannique.
Et le gouvernement de David Cameron réfléchit à des mesures pour essayer de convaincre les entreprises de limiter les bonus qu’elles s’apprêtent à verser à leurs cadres de direction au titre de l’année 2011.
David Cameron a même affirmé qu’offrir des rémunérations conséquentes à un moment « où les ménages devaient se serrer la ceinture », c’était risquer de faire « bouillir le sang du peuple ».
C’est la publication des bonus de plusieurs millions de livres payés aux cadres les plus importants de la banque Barclays, alors que la capitalisation de la banque a chuté de 30% l’année dernière, qui a mis le feu aux poudres.
Une autre banque, la Royal Bank of Scotland, s’apprête aussi à verser des primes astronomiques au responsable de sa banque d’investissement alors qu’elle a annoncé simultanément des réductions d’effectifs.
Une société d’exploitation pétrolière, Cairn Energy, a également suscité la colère des investisseurs lorsqu’ils ont appris que son CEO allait recevoir 4,9 millions de livres.
Selon un rapport du Public Policy Research, les salaires moyens des CEOs ont augmenté de 33% en 2010, alors que les valeurs de marché des entreprises ont augmenté de 24%.
Ce décalage alimente aussi la colère des actionnaires, qui voient le rendement de leurs actions s’écrouler, tandis que les salaires des dirigeants continuent à grimper.
Les rémunérations des dirigeants des 100 sociétés britanniques les plus importantes ont augmenté de 49% en 2010, alors que ceux des autres salariés n’ont progressé que de 2,7%.
Chez BP, le précédent CEO, Tony Hayward, gagnait 63 fois plus que le salarié moyen en 2010 au moment de son départ de la firme, alors que ce rapport n’était que de 16,5 en 1979.
« Les niveaux inappropriés des récompenses des cadres ont détruit la confiance du public et mené à une situation où l’on pense que tous les dirigeants sont trop payés », a affirmé Dominic Rossi de Fidelity Worldwide Investment, qui réclame un changement des règles de calcul.
« La simple vérité, c’est que les programmes de rémunération sont devenus trop complexes, et, dans certains cas, trop généreux et incohérents avec l’intérêt des investisseurs ».
Le gouvernement britannique souhaiterait changer la loi qui prévoit la consultation des actionnaires pour toute augmentation de salaire supérieure à 50%, et abaisser ce seuil.
Mais ce ne sera pas si simple : dans 40% des sociétés britanniques, la paye est décidée hors du Royaume Uni.
En outre, beaucoup de ces actionnaires sont des investisseurs de court terme qui ne détiennent qu’une fraction infime de la société, et qui ne s’intéressent pas vraiment aux détails de sa gestion.