Depuis le début de cette année, nous sommes confronté à une difficulté croissante à analyser la masse d’information sur des évènements de toute nature – des révolutions arabes à la mort de Ben Laden en passant par Fukushima – qui nous parviennent sur un mode exponentiel, et pour lesquels le temps et l’intelligence ne peuvent que faire défaut. Aussi, comme l’écrivait Edgar Poe, « dans des investigations du genre de celle qui nous occupe, il ne faut pas tant se demander comment les choses se sont passées, qu’étudier en quoi elles se distinguent de tout ce qui est arrivé jusqu’à présent. »
Dès les premières heures qui ont suivi l’attentat d’Oslo, le portrait du suspect fait par les médias, alimentés essentiellement par des informations policières, n’était pas un instant vraisemblable. Anders Behring Breivik, « chrétien fondamentaliste d’extrême droite et islamophobe » aurait déposé une bombe devant le siège du gouvernement et commis un assassinat de masse sur l’ile d’Utøya afin de faire connaître son « manifeste » intitulé « 2083, une déclaration d’indépendance européenne » (1), sorte de plaidoyer contre le multiculturalisme teinté de mysticisme crypto-maçonnique (2). Le texte semble pourtant avoir été écrit à la hâte, puisqu’il s’agit en fait d’un plagiat de l’œuvre principale de Théodore Kaczynski, plus connu sous le nom d’Unabomber (3).
On notera que cet « islamophobe d’extrême droite » aura soigneusement évité que ses victimes soient d’origines étrangères ou de confession musulmane. On soulignera aussi que l’attentat a eu lieu un jour férié en Norvège, limitant ainsi les victimes collatérales et ciblant uniquement des partisans du Parti Travailliste.
De même il est intrigant d’apprendre que, comme lors des évènements du 11 septembre 2001, les forces de sécurité d’Oslo étaient, 48 heures avant l’explosion devant le siège du gouvernement, en train d’effectuer un « exercice d’attentat à la bombe ». On pourrait continuer à énumérer sans fin la liste des invraisemblances tellement elles sont nombreuses.
Le premier ministre Norvégien, Jens Stoltenberg, semblait lui aussi pour le moins sceptique, lorsqu’il a déclaré dimanche dernier : « J’ai un message à adresser à celui qui nous a attaqués et à ceux qui sont derrière cela : personne ne nous réduira au silence avec des bombes, personne ne nous réduira au silence avec des armes à feu. » (4)
« CELUI qui nous a attaqué et CEUX qui sont derrière cela »
On aura beau nous dire que nous voyons des « conspirations » partout (alors que d’autres ne les voient que lorsque ça les arrange), le terrorisme d’Etat est une réalité et, en l’occurrence, dans ces attentats d’Oslo, les similarités avec l’Histoire récente de l’Europe sont surprenantes.
Il est bien sûr encore trop tôt pour pouvoir démontrer qui se cache derrière ces évènements, mais la version officielle, telle qu’elle est présentée par les responsables gouvernementaux, par les médias, par les forces de polices et par le terroristes lui-même contre ses adversaires déclarés, les « marxistes », le « multiculturalisme » et « l’Islam », n’est pas un instant crédible. Son objectif n’est d’ailleurs pas de l’être, mais d’occuper la totalité du terrain de l’information.
Ainsi, les nouvelles conditions qui prédominent actuellement dans la société écrasée sous le talon de fer de l’ordre mondialiste, le terrorisme d’Etat se trouve placé dans une autre lumière, en quelque sorte tamisée. Comme il y a beaucoup plus de fous qu’autrefois – ce qui est infiniment plus commode – on peut compter sur les médias pour en parler « follement ».
Autrefois, on ne conspirait jamais que contre l’ordre établit. Aujourd’hui, conspirer en sa faveur est un nouveau métier en grand développement. Sous la domination de l’ordre mondialiste, on conspire pour le maintenir, et pour assurer que lui seul contrôle sa bonne marche. Cette conspiration fait partie de son fonctionnement même.
On a déjà commencé à mettre en place quelques moyens d’une guerre civile préventive, adaptés à différentes projection de l’avenir calculé. Ce sont des « organisation spécifiques », chargées d’intervenir sur quelque point selon les besoins de l’ordre mondialiste.
Le précédent de Gladio
Gladio, a été mis en place dès le lendemain de la Seconde Guerre Mondiale sous l’égide de la CIA et du MI6, comme structure clandestine de l’OTAN, dirigée directement par la CIA. Ces réseaux fonctionnaient que les gouvernements nationaux en aient connaissance.
Selon un document émis en 2000 par des parlementaires italiens, Gladio aurait participé en Italie à la « stratégie de la tension », avec l’aide de la loge maçonnique P2, affiliée à l’obédience du Grand Orient d’Italie, à « empêcher le Parti communiste (PCI) à accéder au pouvoir exécutif ». Perpétré par les Brigades rouges, l’assassinat du leader de la Démocratie chrétienne (DC), Aldo Moro, en mai 1978, a en effet mis fin à tout espoir d’un compromis historique entre la DC et le PCI.
En mars 2001, le général Gianadelio Maletti, ancien chef des services de renseignement italiens, a déclaré que la CIA avait favorisé le terrorisme en Italie. De même, le général Nino Lugarese, chef des services secrets militaire de 1981 à 1984, a témoigné de l’existence d’un « Super Gladio » de 800 hommes responsables de l’« intervention intérieure » contre des cibles politiques nationales.
En 2008, le documentaire Les Derniers jours d’Aldo Moro réalisé propose les témoignages de Steve Pieczenik, ancien membre du département d’État américain, et de Francesco Cossiga, ministre italien de l’Intérieur de l’époque, qui affirment que Gladio et la CIA ont été impliqués dans l’enlèvement d’Aldo Moro via la manipulation des Brigades Rouges. Pour compléter ce sujet, voir notre document vidéo L’Orchestre Noir.
Etat et Mafia
L’histoire du terrorisme est écrite par l’Etat, elle est donc éducative. Les populations ne peuvent certes pas savoir qui se cache derrière le terrorisme, mais elles peuvent toujours en savoir assez pour être persuadées que, par rapport à ce terrorisme, tout le reste devra leur sembler plutôt acceptable, en tout cas plus rationnel et plus démocratique.
On se trompe chaque fois que l’on veut expliquer quelque chose en opposant la Mafia à l’Etat : ils ne sont jamais en rivalité. La théorie vérifie avec efficacité ce que toutes les rumeurs de la vie pratique avaient trop facilement montré. La Mafia n’est pas étrangère dans ce monde ; elle y est parfaitement chez elle, elle règne en fait comme le parfait modèle de toutes les entreprises commerciales avancées.
La Mafia est apparue en Sicile au début du XIXe siècle, avec l’essor du capitalisme moderne. Pour imposer son pouvoir, elle a dû convaincre brutalement les populations d’accepter sa protection et son gouvernement occulte en échange de leur soumission, c’est-à-dire un système d’imposition directe et indirecte (sur toutes les transactions commerciales) lui permettant de financer son fonctionnement et son expansion.
Pour cela, elle a organisé et exécuté systématiquement des attentats terroristes contre les individus et les entreprises qui refusaient sa tutelle et sa justice. C’était donc la même officine qui organisait la protection contre les attentats et les attentats pour organiser sa protection. Le recours à une autre justice que la sienne était sévèrement réprimé, de même que toute révélation intempestive sur son fonctionnement et ses opérations.
Malgré ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas la Mafia qui a subvertit l’Etat moderne, mais ce sont les Etats qui ont concocté et utilisé les méthodes de la Mafia. Tout Etat moderne contraint de défendre son existence contre des populations qui mettent en doute sa légitimité est amené à utiliser à leur encontre les méthodes les plus éprouvées de la Mafia, et à leur imposer ce choix : terrorisme ou protection de l’Etat.
Clovis Casadue, pour FLASH n°72
Publié sur Mecanopolis avec l’aimable autorisation de Jean-Emile Néaumet, directeur de la rédaction.
Notes :
(1). « 2083, une déclaration d’indépendance européenne » est disponible sur le site Mecanopolis (article du 24 juillet 2011)
(2). Lire « Le suspect des attentats d’Oslo serait un Franc-Maçon norvégien de 32 ans », Mecanopolis, le 23 juillet 2011
(3). Theodore Kaczynski, alias Unabomber, mathématicien et militant écologiste, a fait l’objet de la chasse à l’homme la plus coûteuse de l’histoire du FBI après avoir, entre 1978 et 1995, envoyés des colis piégés artisanaux à diverses personnes construisant ou défendant la société technologique, faisant trois morts et 23 blessés avec 16 bombes envoyées. Auteur de plusieurs textes et ouvrages, il est également considéré comme un philosophe.
(4). 20minutes.fr, le 24 juillet 2011