« Ce texte ne fait aucun sens méthodologique. C’est une insulte à l’intelligence. De Proust à Daech ? », a réagi l’ambassadeur de France aux États-Unis.
Les valeurs politiques et culturelles françaises jouent paradoxalement un rôle clé dans la radicalisation islamiste, affirment deux chercheurs américains qui ont étudié la mouvance extrémiste sunnite autour du monde, vivement contestés par l’ambassadeur de France aux États-Unis.
Les récents attentats de Bruxelles, précédés de ceux de Paris en janvier et novembre 2015, « illustrent une vérité troublante : le danger que posent les jihadistes est plus grand en France et en Belgique que dans le reste de l’Europe », écrivent William McCants et Christopher Meserole de la Brookings Institution, un prestigieux centre d’études américain.
De fait, « aussi bizarre que cela puisse paraître, quatre des cinq pays enregistrant les plus forts taux de radicalisation dans le monde sont francophones, dont les deux premiers en Europe », relèvent ces deux chercheurs dans un article intitulé « The French Connection », publié jeudi dans la revue Foreign Affairs.
« Ce texte ne fait aucun sens méthodologique. C’est une insulte à l’intelligence. De Proust à Daech (le groupe État islamique) ? », a réagi l’ambassadeur de France aux États-Unis Gérard Araud sur son compte Twitter personnel. « La Belgique est à 45% francophone. Sa culture politique est sensiblement différente de celle de la France », a-t-il souligné.
Les deux auteurs de l’étude disent avoir étudié le contexte d’origine des étrangers ayant basculé dans le jihadisme, pour aboutir à cette conclusion « surprenante » : le premier facteur n’est pas qu’ils viennent d’un pays riche ou non ou d’un pays éduqué ou non ; le premier facteur n’est pas non plus qu’ils soient eux-mêmes riches ou non, qu’ils aient un bon accès à l’internet ou pas. Le premier facteur est, selon eux, qu’ils proviennent d’un pays francophone ou qui a eu le français comme langue nationale. L’explication qu’ils avancent se résume en trois mots : la « culture politique française ».
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Face à ce cocktail mêlant culture politique française, urbanisation et chômage des jeunes, William McCants et Christopher Meserole concèdent en être réduits à une « conjecture » qu’ils développent ainsi : « Nous supposons que lorsqu’il existe de fortes proportions de jeunes sans emploi, certains d’entre eux sont voués à la délinquance. S’ils vivent dans des grandes villes, ils ont davantage d’occasions de rencontrer des gens ayant embrassé une doctrine radicale. Et quand ces villes sont dans des pays francophones ayant une conception virulente de la laïcité, alors l’extrémisme sunnite apparaît plus séduisant ».