Scandale.
Au lendemain de la publication des photos d’une ex-militaire israélienne posant face à des prisonniers palestiniens, huit nouvelles images ont été divulguées ce mardi par une ONG de défense des droits de l’homme.
Des corps meurtris et décédés de Palestiniens, entourés de soldats israéliens souriants, figurent sur ces clichés.
La norme, et non pas une exception. C’est ce qu’affirme l’association Briser Le Silence (Shovrim Shtika) à propos des deux photos polémiques, révélées lundi, de l’ex-officier Eden Abergil.
Publiés sur son compte Facebook, ces clichés la représentaient, l’air moqueur et s’affichant face à des prisonniers palestiniens aux yeux bandés et aux mains attachées.
Le scandale a aussitôt été dénoncé par l’Autorité palestinienne ainsi que par la presse arabe. Dans les esprits, un parallèle fut rapidement établi avec les séances photographiques humiliantes réalisées par l’armée américaine au sein de la prison irakienne d’Abou Ghraib.
Depuis dix ans, l’ONG Briser Le Silence, composée de vétérans israéliens, s’est donnée pour mission de lutter contre la corruption au sein de l’armée et de dénoncer les abus commis par ses soldats dans les territoires occupés.
Des témoignages et des documents sont recueillis auprès d’anciens militaires indignés ou traumatisés par leur expérience. C’est ainsi que de nombreuses photos, illustrant des sévices à l’encontre des Palestiniens, ont été collectées par l’association.
Mardi après-midi, en réaction aux propos lénifiants du porte-parole de l’armée israélienne -selon lequel Eden Abergil était un cas isolé-, Briser Le Silence a décidé de mettre en ligne, sur sa page Facebook, huit photos témoignant de la généralisation de cette pratique.
« Juste la partie émergée de l’iceberg », indique Yehuda Shaul, responsable de l’association. « Beaucoup de gens possèdent des milliers de photos mais très peu ont été publiées. On a fait d’Eden un bouc émissaire alors qu’on devrait plutôt s’attaquer à la banalisation de ce phénomène », ajoute-t-il. La cause de ces dérives ? « C’est le résultat de l’occupation et du contrôle quotidien de la population civile », précise Yehuda Shaul. Selon le co-fondateur de l’ONG, « le temps est venu de mettre fin au silence qui facilite la culture du déni ». En 2007, le groupe avait réalisé un documentaire, « To see if I’m smiling », qui dévoilait déjà ce loisir morbide, au sein de l’armée, consistant à poser en photo auprès de cadavres palestiniens.
Cette nouvelle affaire vient ternir davantage l’image, largement écornée, d’Israël : après le scandale du trafic d’organes, le fiasco de l’opération de Dubaï et l’attaque sanglante de la flotille humanitaire, Tel Aviv n’en finit pas d’incarner le nouveau paria de la communauté internationale.
Désormais, la propagation, à vitesse numérique, des huit photos mises en ligne, finira d’abattre le mythe selon lequel « Tsahal » - comme l’appellent avec affection ses partisans- serait, comme l’a qualifié encore récemment Bernard-Henri Lévy, « l’armée la plus morale au monde ». In fine, c’est le visage de la société israélienne que les bandeaux apposés sur les yeux des Palestiniens révèlent.