Depuis les attentats de 2015, le nom de Georges Fenech est sorti de l’anonymat. Et pour cause : c’est ce député LR du Rhône qui a conduit (avec un député PS, pour faire bonne mesure) la commission parlementaire d’enquête sur les attaques de janvier et novembre 2015. Pour ceux qui ont lu le rapport de 346 pages rendu le 5 juillet 2016, qui n’apporte pas vraiment d’éclaircissements sur les véritables commanditaires du massacre, l’impression d’un contrôle supérieur de l’enquête et de ses extensions domine.
« Je suis venu en Israël pour apprendre... »
Fenech a servi de contrôleur, sinon d’étouffoir, les zones d’ombres étant toujours là. De plus, ses allers et retours en Israël dans le cadre de cette mission, l’apologie du modèle israélien en matière de lutte anti « terroriste », les liaisons dangereuses d’un député français avec un pouvoir qui ne respecte pas les lois internationales, sont autant de faits qui interpellent. Allait-il « apprendre » ou chercher ses ordres ?
Un an plus tard, le 1er février 2017, Georges Fenech revient au cœur de l’actu, à l’occasion de la tourmente médiatique qui déstabilise le candidat à la présidentielle François Fillon. On apprend, de manière surprenante, et lui-même ne s’en cache pas, que c’est Fenech en personne qui a lancé l’idée d’un plan B dans la droite, afin, selon lui, de sauver ce qui peut l’être. Traduction : Fillon doit partir. Se dessine alors le profil d’un homme, Georges Fenech, aux missions délicates.
« Je ne pense pas avoir allumé le feu, j’essaye d’éteindre l’incendie »
Si, et nous soulignons le si, le député républicain est en service commandé pour l’oligarchie française, c’est-à-dire le pouvoir profond, celui qui demande à Hollande de ne pas se représenter, qui jette Valls à la poubelle comme un malpropre – après tous les services rendus – et qui le remplace sans états d’âme par Macron, celui qui impose une politique européiste et américano-sioniste à notre pays, celui qui ouvre nos frontières à des migrants déguisés en réfugiés, celui qui décide des campagnes de presse en donnant gracieusement les bons dossiers à telle ou telle officine déguisée en journal d’information, celui qui lynche et qui protège, qui criminalise et qui absout, alors toute l’opération contre Fillon n’est pas juste un petit réglement de comptes à droite entre fillonistes et sarkozystes, que Mediapart entretient ce jeudi 2 février : « Les dons collectés par le site du candidat LR à la présidentielle sont en fait captés par le micro-parti de François Fillon. “C’est fou !”, lâche un parlementaire sarkozyste à Mediapart. »
Rappel : Le Canard enchaîné du 21 novembre 2012 raconte l’histoire du « dernier fric-frac de Sarko » : Juste avant de quitter l’Élysée après sa défaite face à François Hollande, Nicolas Sarkozy a siphonné entre le 1er janvier et le 15 mai « une cagnotte de 19 millions d’euros destinée à aider les collectivités locales »...
L’ex-président de la République ne cache pas sa joie de voir Fillon s’envaser à 80 jours du premier tour. Venant de Sarkozy, ça n’étonnera personne. Sarkozy, à part une jubilation personnelle, n’a rien à gagner dans l’affaire. Il ne reviendra pas, les Français l’ont rejeté violemment. Mais la participation de Fenech à cette opération est le signe d’un plan plus grand. Un « petit » parlementaire ne peut en théorie déstabiliser tout seul (avec 5 ou 6 signataires) un candidat à la présidentielle qui a réuni autant de voix autour de son projet. Il y a une autre force qui joue. Comme dans tout coup d’État, les félons sont obligés de se dévoiler à un moment donné. Et Fenech est sorti du bois ce 1er février au soir, devant Olivier Galzi, sur la chaîne i>Télé. Toute la stratégie de son camp, qui n’est pas le camp républicain, on l’aura compris, s’étale sous nos yeux. C’est lui qui dicte l’agenda !
On notera la perfidie avec laquelle Fenech transmet sa « plus grande estime » à François Fillon. Alors que Fenech tourne autour du pot – la démission brutale du candidat – Olivier Galzi pose la question du rapport de forces :
« Il vous a répondu François Fillon ce soir, il répond “ce n’est pas à un parlementaire de remettre en cause le vote de plus de 4 millions de personnes” »
Fillon brandit le bouclier de sa légitimité populaire, c’est-à-dire le vote du peuple de droite (il existe), contre l’ingénierie en cours le visant, une ingénierie produite par l’oligarchie en place. Sinon, un simple député, à lui tout seul, ne peut pas prendre une telle initiative. Mais Fenech, ancien magistrat, en charge des questions de justice (!) dans son parti, n’est pas un simple député. C’est un homme en service commandé qui a prouvé, lors de l’enquête parlementaire sur les attentats de 2015, qu’il savait obéir au pouvoir profond.
Après, le député de droite pense-t-il aux conséquences de l’abattage du candidat de droite à la présidentielle ? Étonnant double jeu, puisqu’il va placer mécaniquement Macron en orbite pour le second tour, s’il passe le premier. Fenech travaillant objectivement pour Macron, qui sera de fait le seul candidait de la droite libérale au premier tour si Fillon renonce, c’est une preuve de plus qu’il travaille pour l’oligarchie, puisque Macron en est le candidat parfait. C’est Fillon moins le catholicisme et l’indépendance en politique extérieure. Fillon, sorti des urnes de novembre 2016 avec un peu trop de voix et un programme un peu trop indépendant en matière de politique extérieure (à l’égard d’Israël notamment), a peut-être effrayé les grands manipulateurs.
« Moi je ne pense pas à mon intérêt personnel, je pense à l’intérêt du pays ! »
En tous les cas, avec cette trahison digne d’un drame shakespearien, on prédit un avenir politique complexe au petit député Fenech. Si le coup d’État oligarchique ne réussit pas, si Fillon accède au pouvoir suprême, les conjurés passeront un sale quart d’heure. Et quand Galzi évoque le camp « sarkozyste » auquel appartient Fenech, on peut prendre « sarkozyste » pour un euphémisme d’oligarchique ou de sioniste.