L’envoi d’avions de combat furtifs aussi sophistiqués que le F-22 Raptor dans une zone en crise est rare. La dernière fois qu’un tel déploiement a eu lieu remonte en juin 2009, après l’essai nucléaire réalisé par la Corée du Nord. A l’époque, 12 appareils de ce type appartenant au 94th Fitghter Squadron de Langley (Virginie) avaient alors rejoint la base de Kadena, au Japon.
Selon Aviation Week, dont les informations ont depuis été confirmées du bout des lèvres par le Pentagone, les Etats-Unis ont déployé un certain nombre de F-22 sur la base d’al-Dhafra, aux Emirats arabes unis.
« L’US Air Force a déployé des F-22 dans le sud-ouest asiatique. De tels déploiements servent à renforcer les relations militaire, à promouvoir la sécurité régionale, à améliorer l’intéoporabilité des forces, des équipements et des procédures » a ainsi déclaré, le 30 avril, le major (équivalement de commandant en France) Mary Danner-Jones, qui n’a donc pas précisé la destination de ces appareils, ni quand ils seront déployés.
Toutefois, le porte-parole du Pentagone, le capitaine de vaisseau Kirby, a estimé qu’il s’agit d’un « déploiement tout à fait normal », visant à ajuster les forces américaines présentes dans la région après le retrait d’Irak.
Actuellement, le 380th Expeditionary Wing de l’US Air Force côtoie les éléments de l’armée de l’Air françaises affectés à al-Dhafra. Cett unité américaine met en oeuvre des avions ravitailleurs KC-10 Extender, des E-3 Sentry pour la surveillance aérienne, des U2 Dragon Lady pour le renseignement et des drones RQ4 Global Hawk.
Avion de supériorité aérienne, le F-22 Raptor a connu quelques problèmes ces derniers temps, au point qu’il a été cloué au sol pendant plusieurs semaines. Des dysfonctionnements de son système OBOGS (On-Board Oxygen Generating System), qui donne au pilote les fonctions nécessaires à sa respiration dès lors qu’il évolue à une certaine altitude, ont été constatés après la perte d’un des appareils en Alaska, en novembre 2010.
Cela étant, les Etats-Unis entendent compenser leur retrait militaire d’Irak en augmentant les effectifs de soldats américains déjà déployés dans d’autres pays du golfe Persique, comme au Qatar, au Koweit et à Bahrein. Actuellement, deux groupes aéronavals, constitués autour de l’USS Enterprise et de l’USS Abraham Lincoln, naviguent dans la région. Par ailleurs, et afin d’anticiper un éventuel blocage du très stratégique détroit d’Ormuz par l’Iran, l’US Navy va y doubler ses capacités de lutte anti-mines.
Ce déploiement de F-22 intervient alors que la tension entre les Emirats arabes unis et l’Iran est récemment montée d’un cran en raison d’un différend territorial concernant l’île d’Abou Moussa. En outre, il pourrait également s’agir, pour Washington, de maintenir la pression sur Téhéran au sujet de son programme nucléaire controversé, lequel fera l’objet de nouvelles négociations le 23 mai prochain à Bagdad.